- Situations III
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Situations III Auteur Jean-Paul Sartre Genre Essai Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Gallimard Collection Blanche Date de parution 1949 Nombre de pages 230 ISBN 2-07-076880-5 Situations III, sous-titré Lendemains de guerre, est un recueil d'articles de Jean-Paul Sartre publié en 1949.
Sommaire
Les articles
I
Dans cette partie sont réunis des articles écrits entre septembre 1944 et octobre 1945 qui sont tous en rapport avec la guerre.
La République du silence
Ce célèbre texte, publié dans Les Lettres françaises en septembre 1944, s'ouvre par cette non moins célèbre phrase de Sartre : "Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande[1]."
Cette phrase en apparence contradictoire renvoie à la théorie de la liberté sartrienne qu'il venait de longuement développer dans L'être et le néant publié en 1943. Certes, durant l'occupation plusieurs libertés avaient disparu, mais non la liberté au sens philosophique.
Pour Sartre la liberté est liée à l'engagement. Par son horreur, l'occupation obligeait toute personne à s'engager, à se positionner, il y avait là une urgence : "La cruauté même de l'ennemi nous poussait jusqu'aux extrémités de notre condition en nous contraignant à nous poser ces questions qu'on élude dans la paix[2]."
La liberté est aussi liée chez Sartre à la responsabilité, et durant la guerre, davantage qu'en temps de paix, chaque acte, chaque choix est déterminant et peut avoir des conséquences sur les autres. C'est aussi dans cette responsabilité que se découvrait la liberté : "Cette responsabilité totale dans la solitude totale, n'est-ce pas le dévoilement même de notre liberté[2]?"
Ce texte fait aussi l'apologie de la Résistance pour son égalitarisme : "Il n'est pas d'armée au monde où l'on trouve pareille égalité de risque pour le soldat et le généralissime. Et c'est pourquoi la Résistance fut une démocratie véritable : pour le soldat comme pour le chef, même danger, même responsabilité, même absolue liberté dans la discipline[3]." Cette vision de la Résistance annonce le groupe en fusion que Sartre théorisera dans la Critique de la raison dialectique.
Enfin, dans cette véritable république où tous sont égaux et libres car menacés, la liberté est nécessairement réciproque : "[...] en se choisissant lui-même dans sa liberté, [il] choisissait la liberté de tous[3]."
Paris sous l'Occupation
Qu'est-ce qu'un collaborateur ?
Le sujet de cet article publié dans La République Française, un journal édité à New York, en août 1945 tient dans son titre.
La collaboration est d'abord abordée comme un phénomène social qui concerne une partie de la population au même titre que la criminalité ou le suicide.
Sartre avance que les collaborateurs n'étaient pas issus de la classe ouvrière ou de la paysannerie mais de la bourgeoisie. Cela signifie que les collaborateurs étaient issus de la bourgeoisie mais non que la bourgeoisie en tant que classe était favorable à la collaboration, il écrit : " Aucune classe ne porte donc, en tant que telle, la responsabilité de la collaboration[4]. " Un premier élément important dans l'explication de la collaboration tient à la désintégration sociale : " En réalité, la collaboration est un fait de désintégration, elle a été dans tous les cas une décision individuelle, non une position de classe. Elle représente à l'origine une fixation par des formes collectives étrangères d'éléments mal assimilés par la communauté indigène[5]. " D'un point de vue social, le collaborateur est donc issu de la bourgeoisie où il était mal intégré, mal assimilé, il subissait la désintégration et cela explique en partie sa collaboration avec l'ennemi. Mais tous les individus issus de la bourgeoisie et mal assimilés ne furent pas collaborateurs, à l'explication sociale Sartre ajoute donc une explication psychologique.
Sartre refuse de confondre le collaborateur et le fasciste ou le nazi. Sa psychologie, sa manière de penser sont différentes. L'intérêt et l'ambition sont certes des facteurs à prendre en compte mais ils n'expliquent pas tout.
Il y a chez le collaborateur une vague croyance au progrès qui se confond avec la marche de l'histoire : " On ne sait où l'on va, mais puisqu'on change, c'est qu'on s'améliore. Le dernier phénomène historique est le meilleur simplement parce qu'il est le dernier [...][6] " Le collaborateur pense qu'il est inutile de s'opposer au fait accompli, qu'il doit bien faire avec. Cela relève pour Sartre de la mauvaise foi pour plusieurs raisons. D'une part, le collaborateur, en essayant de se le cacher, choisit lui-même de donner plus d'importance à certains faits, il oublie la puissance militaire de l'URSS et de l'Angleterre par exemple, pour justifier son choix. Cela n'est pas sans rappeler ce que Sartre appellera plus tard une totalisation.
D'autre part, en jugeant l'événement présent par le futur cela permet au collaborateur de se déresponsabiliser : " Cette façon de juger l'événement à la lumière de l'avenir a été, je crois, pour tous les Français une tentation de la défaite : elle représentait une forme subtile d'évasion[7]. " Enfin, cette mauvaise foi permet au collaborateur de ne pas "faire le métier d'homme[6] ", de s'abstenir de juger selon des principes, d'entreprendre, de persévérer, etc.Le collaborateur, cherche aussi à remplacer les rapports juridiques d'universalité et de réciprocité par une sorte de lien féodal de suzerain à vassal, il cherche la relation de personne à personne et cela parce qu'il était mal intégré dans le système précédant. Ainsi, si eux, les Allemands, ont la force, lui, le collaborateur possède la ruse. Le collaborateur reconnait sa soumission et sa faiblesse mais il use d'autres armes, Sartre parle d'un "climat de féminité" et d'un "curieux mélange de masochisme et d'homosexualité [8]"
Enfin, dernier point essentiel de la psychologie du collaborateur, la haine : "Le collaborateur semble rêver d'un ordre féodal et rigoureux : nous l'avons dit, c'est le grand rêve d'assimilation d'un élément désintégré de la communauté[9]." Le collaborateur hait cette société où il n'a pas pu jouer son rôle. Chez Drieu La Rochelle, il y avait déjà une haine de soi qui le mena à une haine de l'homme et de sa société.
Dans la suite de son œuvre, Sartre continuera à dresser ainsi des portraits plus ou moins longs de certains types, celui de l'antisémite dans ses Réflexions sur la question juive, du colonisateur dans sa préface à Les Damnés de la Terre, etc. Sa méthode s'étoffera mais elle est déjà présente dans ce bref texte, d'abord le phénomène social puis comment l'homme s'insère et est inséré dans le social. Voir Questions de méthode
La Fin de la guerre
II
- Individualisme et conformisme aux États-Unis
- Villes d'Amérique
- New York, ville coloniale
- U.S.A. présentation
III
Matérialisme et révolution est un article publié en juin 1946 dans Les Temps modernes. Dans une première partie, Sartre s'attaque à certains problèmes du marxisme et du parti communiste. Dans la deuxième partie il dresse un parallèle entre la position du révolutionnaire et les positions de son existentialisme.
- Le Mythe révolutionnaire
- La Philosophie de la révolution
IV
Ce texte est l'introduction de l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, de Léopold Sedar Senghor, publié aux PUF en 1948.
- Orphée noir
V
Cette partie réunit deux articles sur l'art, le premier sur Alberto Giacometti, le deuxième sur Alexander Calder.
La Recherche de l'absolu
Les Mobiles de Calder
Liens externes
Notes et références
- Jean-Paul Sartre, Situations III, Gallimard, Paris, 2003, [1946], p. 11. Sauf indication, les notes font référence à cet édition.
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 12
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 13
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 39
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 37
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 42
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 43
- Jean-Paul Sartre, Situations III, pp. 45 - 46
- Jean-Paul Sartre, Situations III, p. 46
Catégorie :- Œuvre de Jean-Paul Sartre
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