- Bernard Ferrand
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Bernard Ferrand (né le 20 janvier 1900, à Vassy-lès-Avallon (Yonne), mort le 2 septembre 1944 au camp de concentration de Struthof (Alsace)) est un prêtre qui a participé à la Résistance. Après des années d’études au séminaire de Sens, il est ordonné prêtre le 29 juin 1923 et nommé à l’école Saint Jacques de Joigny le 7 septembre de la même année.
Sommaire
Les Florimontains
En 1925, il crée la colonie de vacances des Florimontains à Tamié (Savoie), où il utilise des méthodes inspirées du scoutisme et de l’idéal monastique. Dom Alexis Presse, abbé de Tamié, est au début sceptique quant à la pérennité de l'œuvre, mais le succès est tel que l’abbé Ferrand doit, à son grand regret, refuser de nombreux colons. Il faut dire que le vieux moulin, loué aux moines, est dans un état désastreux …mais il est aménagé au fil des ans. L’abbé Ferrand est nommé vicaire de la cathédrale d'Auxerre le 22 septembre 1927. Mais la malchance s’acharne sur lui. Une maladie des yeux le rend presque aveugle. Il est alors nommé aumônier de l’école Jeanne d’Arc d’Avallon le 27 juillet 1929. Il va trouver là beaucoup d’aide. Les Florimontains vont planter des croix sur les montagnes voisines: l’Arclosan, les pointes de Sambuy etc. Les années passent, le vieux moulin Saint-Bernard est pour les grands, une seconde maison (Ste-Humbeline) sort de terre pour les petits et une autre pour les parents (Ste-Aleth).
Résistant
La guerre éclate.
L’abbé Ferrand, inapte à cause de sa vue, se refuse à rester inactif et à rester à l’arrière alors que la plupart des grands des Florimontains sont mobilisés… Il s’engage dans la Résistance sous le nom de Pintade ; il n’hésite pas à s’entendre avec les instituteurs laïcs de la SFIO pour lutter contre l’occupant.
Autour de l’abbé Ferrand, un groupe s’est formé dès 1942, avec quelques membres de la jeune garde d’Avallon (société sportive), groupe rattaché un peu plus tard au réseau Alliance. Responsable de ce groupe de la résistance du département de l'Yonne, il est en liaison avec Londres par le poste-émetteur d’Autun et communique aux Anglais des renseignements militaires. Avec son adjoint François Robb et sa femme, avec Paul Létang, il recueille des pilotes anglais ou américains, et des juifs dont certains sont hébergés à la Pierre qui Vire. Il organise leur évacuation par de nombreux subterfuges, notamment en gare d’Avallon avec Auguste Chandelier, chef de train qui les cachait dans la soute à charbon ou dans les réservoirs d’eau . C'était dangereux car les Allemands les remplissaient parfois pour voir s'il y avait quelqu'un dedans. Le Père Ferrand se déguisait avec sa tenue de cheminot pour passer la ligne de démarcation.
Le groupe d’Avallon fait partie de la région Est du réseau, dont la direction est assurée par Paul Mengel, ingénieur à Autun. La section d’Autun, désignée sous l’appellation de «Forteresse» a à sa tête le duc de Sully-Magenta, alias Sloughy. C’est par Autun que le groupe de l’abbé Ferrand transmet ses informations, car il ne possède pas de poste émetteur. Il arrête de justesse le projet anglais de bombardement du barrage du Cressent, qui aurait constitué un désastre pour la vallée et ses habitants.
L’opération « Gibet ».
Le 16 septembre 1943, les Allemands lancent l’opération « Gibet », et réussissent à arrêter le commandant Faye, chef du réseau Alliance, et d’autres responsables, en gare d’Aulnay-sous-Bois. À partir de là sont organisées des arrestations en province, à partir du 19 septembre ; dans la région Centre d’abord (Volvic, Vichy, etc.), puis dans le secteur d’Autun à partir du 21. C’est ainsi que seront opérées 26 arrestations, à Autun et pour l’ensemble du groupement Forteresse.
Le 22 septembre 1943 à Avallon, l’abbé Ferrand est pris près du cimetière, alors qu’il étudiait l’installation d’un poste émetteur; François Robb, photographe, et le curé Froment, âgé de 71 ans, seront relâchés. L’abbé Ferrand a été interné à Fresnes, puis transféré au camp de Schirmeck en Alsace. Le 1er septembre 1944, avec d’autres membres du réseau Alliance, il est évacué vers le camp du Struthof. Bien que torturé affreusement au cours de longs interrogatoires, il garde le silence. Le 2 septembre, ils sont tous exécutés. Une plaque à l’intérieur du four crématoire rappelle leur sacrifice.
Une place porte son nom dans sa commune natale, une rue à Avallon et de nombreuses plaques dans le département rappellent son engagement au service de la France. Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, il fait partie des 195 écrivains combattants morts pour la France dont le nom est gravé au Panthéon de Paris.
Son sacrifice a été reconnu de tous. Marie-Madeleine Fourcade, chef du réseau Alliance, a écrit : « Bernard Ferrand a largement contribué à soutenir le moral des détenus de la baraque 10 en disant clandestinement la messe (…) Par son exemple et par son sacrifice, il compte parmi les meilleurs artisans de la Victoire ». Le général anglais Montgomery dit de lui : « Bernard Ferrand a donné sa vie pour que l’Europe reste libre ». Le député de Saône-et-Loire Patrice Bongrain, son ami de combat, père de Allain Bougrain-Dubourg, dit de lui également : « Il est des causes si nobles qu’elles requièrent leurs martyrs. L’abbé Ferrand fut de ceux-là : Dieu et la France l’avaient choisi. Puissions-nous ne jamais l’oublier ».
Le renouveau
En 1946 ses amis fidèles décident de continuer son œuvre. Des centaines de milliers d’enfants ont été accueillis à la colonie. Aujourd’hui l’association des Florimontains est toujours vivante. Après 84 ans d’existence, elle est restée fidèle à l’esprit de l’abbé Ferrand. Les Florimontains accueillent des enfants de toute la France. C'est la découverte de la montagne : ballades, courses d’orientation, escalade, camps, randonnées… les activités culturelles et visites d'écomusées, du lac d'Annecy, grottes, châteaux etc…. Ce sont aussi des ateliers, baignades, grands jeux et veillées…
Notes et références
Association les Florimontains place de l’abbé Deschamps 89000 Auxerre émail : les. florimontains@la poste.net site : http://florimontains.free.fr/
Sources
- M.Hervé Chevrier-le journal de la collégiale de Chatel-Censoir de juin 2009 no 518
- bulletin de l’Arory YONNE MÉMOIRE no 11 novembre 2003
- Camille Sautet, Images du père Ferrand, Ed. des Florimontains
- M. Madeleine Fourcade, L’arche de Noé Réseau Alliance 1940-45, Plon, 2e édition, 1998
- Jeanne Gillot-Voisin, La Saône-et-Loire sous Hitler, F.O.L., Mâcon, 1996.
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