Méthode Ier de Constantinople

Méthode Ier de Constantinople

Méthode Ier de Constantinople (en grec Μεθόδιος, en latin Methodius) fut patriarche de Constantinople du 4 mars 843 à sa mort le 14 juin 847. Son avènement correspondit au rétablissement du culte des images après la deuxième période iconoclaste : le triomphe de l'orthodoxie.

Biographie

Il était né à Syracuse, dans une riche famille, vers 780. Jeune homme, il vint à Constantinople pour chercher un emploi à la cour, mais fut sensible à la prédication d'un moine et entra dans un monastère du mont Olympe de Bithynie. Il y devint bientôt higoumène.

En 815, l'empereur Léon V l'Arménien déposa le patriarche Nicéphore Ier de Constantinople et rétablit officiellement l'iconoclasme. Méthode partit pour Rome, peut-être envoyé par Nicéphore, et y resta jusqu'au meurtre de Léon V en 820. Ensuite, espérant apparemment un changement de politique religieuse de la part de Michel II, le nouvel empereur, il revint à Constantinople porteur d'une lettre du pape Pascal Ier réclamant le rétablissement du patriarche Nicéphore et l'abandon de l'iconoclasme. Il n'eut pas plus tôt délivré son message à l'empereur qu'il fut saisi par les gardes, reçut 70 coups de fouet, puis fut conduit sur l'île d'Antigoni où on l'enferma dans un cachot souterrain qui était une ancienne tombe. Il y resta sept ans[1].

En 828, peu de temps avant sa mort, Michel II promulgua une amnistie générale, et Méthode put sortir de son cachot. Mais son incarcération ne l'avait pas brisé. Le successeur de Michel II, Théophile, était, sous l'influence de son précepteur Jean le Grammairien, un iconoclaste bien plus déterminé que son père. Méthode l'affronta aussi en face et fut de nouveau flagellé et emprisonné, cette fois dans une cellule située dans les sous-sols du palais. Mais la nuit suivante, il fut délivré par des partisans des images qui le cachèrent chez eux et soignèrent ses plaies.

Il fut finalement retrouvé, et ses bienfaiteurs payèrent leur intervention de la confiscation de leurs biens. Mais Théophile, impressionné par l'inflexibilité de Méthode, renonça à le persécuter et eut des discussions avec lui sur la question du culte des images. Il semble même que le moine iconophile, retenu au palais, devint une figure de la cour de l'empereur iconoclaste.

Après la mort prématurée de Théophile, en janvier 842, sa veuve Théodora et le ministre Théoctiste s'employèrent à écarter Jean le Grammairien, qui était devenu patriarche de Constantinople vers 837, et à rétablir le culte des images. Une assemblée de dignitaires civils et religieux triés sur le volet se tint au domicile de Théoctiste le dimanche 4 mars 843, en l'absence du patriarche Jean ; elle réaffirma la validité du deuxième concile de Nicée de 787, déposa le patriarche (qui aurait été arrêté et enfermé dans un monastère), et nomma Méthode à sa place. Le dimanche suivant, 11 mars, le nouveau patriarche, flanqué de l'impératrice Théodora, de son jeune fils Michel III, âgé de trois ans, et du ministre Théoctiste, dirigea une procession solennelle depuis l'église Sainte-Marie des Blachernes jusqu'à la basilique Sainte-Sophie, symbolisant le retour des icônes dans l'église impériale : ce fut le triomphe de l'orthodoxie.

Quelque temps après, Méthode fit apporter les reliques du patriarche Nicéphore à Constantinople, les fit exposer plusieurs jours dans la basilique Sainte-Sophie, puis les fit inhumer dans l'église des Saints-Apôtres. La politique religieuse qu'il mena fut jugée de manière contradictoire : bien traité par Théophile, nommé patriarche par Théodora et Théoctiste sur la promesse, notamment, d'exonérer la mémoire de l'empereur défunt, il pouvait apparaître comme le tenant d'une ligne modérée ; cependant la purge qu'il mena dans le clergé ne fut pas spécialement indulgente, et il destitua presque tous les évêques de l'empire et les remplaça, même ceux qui avaient abjuré l'iconoclasme, sur le motif qu'ils avaient méprisé les décrets d'un concile œcuménique[2]. Mais cette sévérité relative ne trouva pas grâce aux yeux des moines aux positions extrémistes du monastère de Stoudios, qui trouvèrent à redire à nombre de ses choix pour les nominations. Méthode ne put éviter d'apparaître comme un modéré face aux moines intransigeants, mais il fut soutenu par l'ermite Joannice du mont Olympe de Bithynie, qui se déplaça à Constantinople pour le cautionner. Quand il mourut, en juin 847, il fut remplacé par un candidat soutenu par les Stoudites, Ignace Rhangabé.

Méthode était un homme instruit, réputé pour sa science théologique, et qui écrivit beaucoup. Il reste de lui des lettres, des sermons et des textes hagiographiques et liturgiques. Dans cette dernière catégorie, il est probablement l'auteur du canon de l'Église orthodoxe célébrant la restauration du culte des images. On dit qu'il avait aussi, comme plusieurs de ses contemporains, des prétentions à la divination : il aurait prédit la mort de Léon V, celle de Michel II et même celle de Théophile[3].

Éditions de textes

  • Patrologia Graeca de Migne, vol. 99 (canon pour la restauration des images) et 100.
  • Méthode le Patriarche, Vie d'Euthyme de Sardes, éd. J. Gouillard, TM 10 (1987), p. 1-101.
  • Méthode le Patriarche, Vie de saint Théophane le Confesseur, éd. V. Latyšev, Mémoires de l'Académie des Sciences de Russie, 8e série, 13, 4, Petrograd (1918), p. 1-40.

Notes et références

  1. Cette rigueur n'était sûrement pas due au simple fait de ses opinions iconophiles, car Michel II se montra bien moins sévère pour d'autres adorateurs des images.
  2. Il fut en butte à une accusation, attribuée par la tradition à un complot des iconoclastes, et qui fit l'objet d'un procès : une femme (mère de Métrophane, futur évêque de Smyrne) l'accusa d'avoir abusé d'elle, mais se rétracta ensuite, et fut convaincue d'avoir été payée pour le calomnier.
  3. Son nom monastique « Méthode » viendrait de celui de Méthode d'Olympe, un auteur chrétien du IIIe siècle à qui on attribuait faussement un texte eschatologique syrien du VIIe siècle, appelé aujourd'hui l'Apocalypse du pseudo-Méthode, qui, traduit en de nombreuses langues, marqua beaucoup le Moyen Âge.


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