Théophile Mandar

Théophile Mandar
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Michel-Philippe Mandar, connu sous le nom de Théophile Mandar, né le 19 septembre 1759 à Marines et mort à Paris le 2 mai 1823 est un homme politique et publiciste français.

Neveu du père Mandar, Mandar embrassa avec chaleur la cause de la Révolution. Il fut parmi les premiers à entrer à la Bastille le 14 juillet 1789. Malgré son exaltation et les discours énergiques qu’il prononçait avec une force extraordinaire, il fit entendre plus d’une fois la voix de la raison et de l’humanité pour s’opposer aux crimes qui déshonoraient la cause de la liberté. Au risque de perdre sa popularité, il réclama, dans le Moniteur du 22 juillet 1791, contre le serment des tyrannicides prêté au Champ de Mars, déclarant que cette démarche lui faisait horreur, et qu’il se désolidarisait de ceux qui en avaient donné l’exemple.

Lors des massacres de septembre, vice-président de la section du Temple, il se rendit, le 3 septembre, vers six heures du soir, chez le ministre de la justice Danton, où s’étaient déjà réunis tous les ministres sauf Roland, Lacroix président de l’Assemblée législative, les secrétaires de cette assemblée, Pétion, maire de Paris, Robespierre, Camille Desmoulins, Fabre d'Églantine, Manuel, plusieurs membres de la Commune et les présidents des quarante-huit sections. Cette réunion avait été provoquée par les progrès que faisait l’armée prussienne, qui, après s’être emparée de Verdun, pénétrait dans la Champagne. Comme on ne s’occupait que des moyens d’arrêter les progrès de l’armée prussienne, Mandar interrompit la délibération pour élever la voix contre les massacres qui ensanglantaient la capitale : « Toutes les mesures de salut extérieur sont prises ? Occupons nous donc à l’heure même de l’intérieur. » il proposa d’assembler sur-le-champ toute la force armée, et demanda que tous les citoyens présents se forment en autant de groupes qu’il y avait de prisons où l’on massacrait et qu’il s’y rendent en se chargeant, soit par l’ascendant de leur discours, soit par les moyens de l’autorité réunie à la force, de faire cesser des massacres, « qui souilleraient pour jamais le nom français. » Cette proposition parut être écoutée avec intérêt, mais Danton, le regardant froidement, lui dit : « Assieds-toi, cela était nécessaire. » Plein de son idée, Mandar, sans perdre courage, tira Robespierre et Pétion à part, et eut avec eux la conversation suivante : « Te souviens-tu, dit-il au premier, que le 17 aout, tu demandas à la barre du corps législatif, au nom de la commune, et sous peine d’insurrection, que l’on organisât un tribunal pour juger les accusés dans l’affaire du 10 ? — Oui. — Tu n’as pas oublié que Thuriot écarta la proposition, par la raison qu’elle était accompagnée d’une menace ? — Je me le rappelle, dit Robespierre ; tu vins à la barre ; Thuriot fut interrompu : tu improvisas une harangue véhémente, et obtins l’établissement du tribunal dont j’avais sollicité la création. — Ainsi, reprit Mandar, tu peux juger de mes moyens oratoires ? — Oui, mais au fait. — Eh bien, si Pétion et toi êtes de mon avis, Lacroix et les secrétaires de cette assemblée sont de l’autre côté, nous allons les prévenir : si demain, vous consentez à m’accompagner à la barre de l’assemblée, je prends sur moi d’imiter les Romains dans ces temps de crise ; et, pour arrêter sur-le-champ, je demanderai qu’il soit créé un dictateur : je motiverai ma demande : ma voix retentira comme le tonnerre : oui, pour faire cesser ces massacres, j’aurai l’audace de le proposer ; il ne le sera que vingt-quatre heures, il ne sera puissant que contre le crime. La dictature arrêtera le sang… les massacres cesseront… ils cesseront à l’instant même… — Garde-toi de cela, Brissot serait dictateur ! — Oh Robespierre, répliqua Mandar, ce n’est pas le dictateur que tu crains, c’est Brissot que tu hais ! »

Mandar fut revêtu, en 1793, du titre de commissaire national du conseil exécutif de la République française, et la Convention lui accorda une gratification de 1 500 francs. Il fut ensuite traducteur d’ouvrages politiques anglais et lui-même auteur d'ouvrages de réflexion politique. Le gouvernement impérial lui accorda également diverses sommes pour le préserver de l’indigence, mais il n’en fut pas moins toujours dans un état voisin de l’indigence jusqu’à sa mort. En 1814, le tsar Alexandre Ier fut curieux de le voir et, comme il était d’une très petite stature, ce monarque lui ayant exprimé sa surprise : « Sire, lui répondit fièrement le vieux républicain, il n’y a rien de si petit que l’étincelle. » On assure que Bonaparte, qui avait lu des passages de son poème le Chant du crime, désira en voir l’auteur et fut pareillement frappé de l’exigüité de sa taille, il lui en témoigna qu’il ne reconnaissait pas « l’homme du manuscrit ».

Publications

  • Insurrections, ouvrage philosophique et historique, 1793, in-8° ;
  • Le Génie des siècles, poème en prose, 2e édit., 1795, in-8°, à la suite de laquelle on trouve un discours contre les journées de septembre ;
  • Adresse au roi de la Grande-Bretagne sur l’urgence, les avantages et la nécessité de la paix, 2e édit., 1799, in-8 ;

Il a laissé en manuscrit deux ouvrages, l’un la Gloire et son frère, l’autre le Phare des rois, poème en 11 chants, où l’on trouve le Chant du crime qui en fit prohiber l’impression en 1809.

Traductions

  • Voyage de W. Coxe en Suisse, 1790, 3 vol. in-8° ;
  • Voyage au pays des Hottentots, par W. Paterson, 1791, in-8° ;
  • De la souveraineté du peuple et de l’excellence d’un état libre, par Needham, avec des notes, 1791, 2 vol. in-8° ;
  • Voyages en retour de l’Inde, par Th. Howel, 1796, in-4° ;

Il a contribué à la traduction de la Description de l’Indostan, par James Rennel, et y a joint des notes.

Sources

  • Jacques Vieilh de Boisjolin, Alphonse Rabbe et Charles-Augustin Sainte-Beuve, Biographie universelle et portative des Contemporains : ou Dictionnaire historique des hommes célèbres de toutes les nations, morts ou vivants, qui, depuis la révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs écrits, leurs actions, vol. 2, t. 1, Paris, Au bureau de la biographie, 1826, 824 p. [lire en ligne (page consultée le 27 décembre 2010)], p. 434 .
  • François-Xavier Feller, Biographie universelle, ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, vol. 5, Paris, J. Leroux, Jouby, 1849 [lire en ligne (page consultée le 27 décembre 2010)], p. 450 .

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Théophile Mandar de Wikipédia en français (auteurs)

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