- Messe n° 5 de Schubert
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La messe no 5 de Schubert, D.678 est une œuvre de musique sacrée composée par Franz Schubert entre novembre 1819 et septembre 1822.
Il n'a alors que 25 ans, mais déjà de nombreuses compositions à son actif et sa maîtrise de l'orchestration est évidente. En cette année 1822, il compose également sa Symphonie no 8 « Inachevée », deux Tantum ergo (en ut et en ré), deux œuvres pour piano (une ouverture et une fantaisie) ainsi qu'une vingtaine de lieder.
Il tente en vain de la faire exécuter à la chapelle impériale : la partition est refusée par Joseph Leopold Eybler, maître de chapelle, qui estime que, bien que bonne, elle n'était pas dans le style qu'affectionne l'Empereur [1]. Il est plus vraisemblable que le maître de chapelle la trouva trop difficile.
Cette messe est une des plus lyriques que Schubert ait écrites, sans pour autant que le caractère religieux soit délaissé.
L'effectif comprend cordes, d'une flûte, deux hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones et timbales, quatre solistes (SATB) et un chœur mixte. Sa durée approximative d'exécution est de 50 min.
Sommaire
Structure de l’œuvre
La messe est découpée en six mouvements.
Kyrie
Andante con moto (155 mesures).
Ce Kyrie à 2 temps (C barré) est beaucoup plus long que ceux des quatre précédentes messes. Les solistes alternent avec le chœur. L'orchestration est légère, la flûte, les trompettes, les trombones et les timbales étant mis au repos. Après huit mesures d'introduction orchestrale, les sopranos et les altos entament le thème et les ténors et les basses répondent. Un contrepoint s'installe sur le texte « Kyrie eleison ». Les solistes entrent alors, soprano en tête, sur le « Christe eleison » avec un second thème. Le chœur revient avec le premier thème et le texte du Kyrie, suivant une structure identique à sa première intervention. C'est alors aux solistes de reprendre le second thème, toujours avec « Christe eleison », mais cette fois en commençant par l'alto. Cette alternance de textes et de thèmes se poursuit jusqu'à la fin du mouvement, toujours dans une grande douceur.
Gloria
Allegro maestoso e vivace (531 mesures).
Le contraste avec le Kyrie est saisissant, tant par la tonalité de mi majeur (enchaînée de la bémol majeur) que par la puissance soudaine, quand le chœur entame avec l'orchestre un Gloria homophonique à 3/4 . Les cordes jouent des arpèges ou des gammes, écriture propice à une nuance double forte soutenue. Les solistes font une apparition sur le texte « Adoramus te ».
À la mesure 113, l'andantino à 3/4 en la majeur introduit par l'orchestre seul, pianissimo, annonce une intervention des solistes sur le texte du « Gratias » où le chœur ne fait que deux brèves interventions.
L’enchaînement en la mineur, suivi de nombreuses modulations, avec le chœur sur « Domine Deus, Rex coelestis » contraste par la nuance forte.
Les solistes reviennent avec le « Gratias », à nouveau en la majeur pour conclure la première partie du Gloria.
Mesure 221, en ut dièse mineur, l'alto solo chante le « Domine Deus Agnus Dei » et le chœur répond « Miserere ». Cette structure se reproduit avec la basse solo, puis avec le ténor solo. Après quelques mesures d'orchestre, le chœur entame le « Quoniam », dans lequel les sopranos atteignent les notes les plus aiguës de l’œuvre (si4) sur « Tu solus Dominus ». Cette partie se termine dans le grave, préparant ainsi un contraste pour la partie suivante.
Mesure 333, les basses énoncent le sujet d'une fugue en mi majeur, sur le « Cum sancto », comme l'ont fait avant, de nombreux compositeurs, dont Mozart dans la grande Messe en ut mineur. La fugue est de facture classique, avec une strette à la mesure 477 et une pédale à la mesure 504, annonçant la fin de ce mouvement brillant et lumineux.
Credo
Allegro maestoso e vivace (433 mesures).
Après la fin brillante et complexe de la fugue du Gloria, le Credo contraste par son écriture d'une grande simplicité. Un premier accord des cuivres et un second des bois, suffisent à introduire le chœur homophonique a capella pour le premier verset de cette prière. Après ces deux mêmes accords d'orchestre, la structure se reproduit pour le second verset. Les femmes du chœur répondent ensuite aux hommes.
A la mesure 131, le tempo passe au grave et la mesure à 3/2, rappelant la SainteTrinité. L'écriture passe à huit voix dans une atmosphère recueillie et contrastée dans les nuances. Le « Crucifixus », à partir de la mesure 135 est énoncé avec 4 notes « en croix », comme Bach l'avait fait dans ses passions.
Mesure 183, retour à la structure du début du Credo sur le « Et resurexit ». Ce schéma musical revient à la mesure 319 pour le « Confiteor », puis 335 pour « In remisionem ». Ce mouvement s'achève sur une jubilation intense avec un hymne majestueux sur « Et vitam venturi ».
Sanctus
Andante (58 mesures).
Une étonnante introduction orchestrale de trois mesures à 12/8 en fa majeur prépare chaque « Sanctus » qui s'enchaîne en une suite de modulations savamment conduites éclairant le mouvement d'une lumière changeante. Le « Hosanna » passe à 6/8 avec un orchestre qui crée une atmosphère pastorale, qui n'est pas sans rappeler la Flûte enchantée.
Benedictus
Andante con moto (140 mesures).
Ce mouvement permet de retrouver le calme perdu depuis plusieurs mouvements. Il est déclamé avec une alternance de solos et de tutti, avec un accompagnement souple et discret. Ce mouvement s'achève par un retour du « Hosanna ».
Agnus Dei
Adagio (159 mesures).
Ce dernier mouvement s'ouvre par une introduction en fa mineur des cordes. Le thème ainsi énoncé est repris par les solistes alors que le chœur scande « Miserere ».
Références
- F.R. Tranchefort, Guide de la musique sacrée et chorale profane : De 1750 à nos jours, Fayard, mai 1993, 1176 p. (ISBN 2 213 02254 2), p. 948-949
Lien externe
- Messe no 5 : partitions libres dans l’International Music Score Library Project.
Catégories :- Œuvre de Franz Schubert
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- Musique classique vocale en latin
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