- Menahem Mendel de Kotzk
-
Menahem Mendel Morgensztern de Kotzk, dit le Rabbi de Kotsk ou Kotzker Rebbe, est un maître hassidique polonais du XIXe siècle (Goraz, 1787 - Kotsk, 1859).
Attiré par le hassidisme de Yaacov Yitshak Horowitz, il devient le binôme et disciple de Yaacov Yitshak Rabinowitz, le « Juif saint de Przysucha » et, à la mort de ce dernier, celui de Simhah Bounem de Pshiskhe. Fondateur de la dynastie hassidique de Kotzk, il est célèbre pour ses citations et ses enseignements hassidiques, originaux et controversés.
Sommaire
Éléments biographiques
Jeunes années
Menahem Mendel naît en 1787 à Goraz, prés de Lublin. Son père, Yehouda Leiboush Halperin, un rabbin fortement opposé au hassidisme, est aussi son premier maître. Il étudie ensuite à la yeshiva de Zamosc, où il impressionne ses professeurs et les étudiants par ses connaissances talmudiques. C’est à cette époque qu’il entend pour la première fois les enseignements hassidiques, dispensés dans la synagogue du Voyant de Lublin. Il s’installe alors à Przysucha, où il devient le disciple de Yaacov Yitshak Rabinowitz, Hayeoudi Hakadosh miPshishke (le Juif saint de Przysuscha). À la mort de ce dernier en 1813, il devient le disciple de Simha Bounem de Pshiskhe.
Rebbe
À la mort de Rabbi Simha Bounem, en 1827, une grande partie de ses disciples choisit de désigner Menahem Mendel comme successeur, tandis que certains, préoccupés par son radicalisme, lui préfèrent Avraham Moshe, le fils de Simha Bounem.
Menahem Mendel établit dans un premier temps sa cour à Tomaszow mais, harcelé par ses adversaires, il s’installe à Kotsk en 1829[1].Il officie en tant que rebbe durant 12 ans, sans jamais être à l'aise dans ce rôle, ne supportant ni les démunis qui viennent à lui pour des bénédictions matérielles ni les riches qui s’attendent à recevoir des honneurs pour leurs dons. Il déclare qu’il préférerait avoir 50 disciples, formant un petit groupe d’élite qui suivrait ses enseignements.
Retrait de la vie publique et dernières années
Dans le courant de 1839, un conflit éclate avec l’un de ses disciples les plus proches, Mordekhai Yossef Leiner d’Izbica, et atteint son paroxysme au cours de la fête de Simhat Torah de la même année[2]. Les détails de l’altercation ne sont pas connus mais le Rabbi de Kotzk se retire après cet incident pour les 20 dernières années de sa vie[2]. Il continue de recevoir régulièrement ses disciples les plus proches mais refuse d’officier comme rebbe. Les hassidim continuent cependant d’affluer vers Kotsk, espérant en vain, entendre ses enseignements[2].
Menahem Mendel meurt le 22 chevat 5619 (22 janvier 1859) à Kotzk où il est inhumé. Son disciple et successeur, Yitzhak Meir Alter, futur fondateur de la dynastie hassidique de Gour récite les oraisons funèbres.
Œuvre
Menahem Mendel de Kotzk n’a laissé aucun écrit. Selon une tradition hassidique, il les aurait brûlés la veille de Pessah avec le hametz. De brefs aphorismes, des dictons et des histoires sont rassemblés et publiés plus d’un demi-siècle après sa mort, bien que leur paternité, voire leur authenticité, soient remises en cause.
Fidèle aux traditions de Pshiskhe, Menahem Mendel dispense un enseignement austère et sans compromis. Il adopte volontairement un point de vue radical opposé aux demi-mesures, affirmant par exemple qu’il vaut mieux être complètement mauvais que partiellement bon[3] et qu’il vaut mieux ne pas étudier que tirer orgueil de son étude[4]. Les aspects extrémistes de sa doctrine ne seront pas repris par ses étudiants.
La quête de l’emet
Le but de la quête spirituelle du Rabbi de Kotsk est d’atteindre l’emet (hébreu : אמת « vérité ») compris comme un état de vrai et d’authentique, sans mensonge, complaisance ou dissimulation considérés comme contraires à la vie religieuse. Cette quête de l’emet ne doit pas s’embarrasser du respect des conventions sociales ni même de la piété si celle-ci conduit à rencontrer un obstacle lors de la quête[5]. Menahem Mendel soutient ainsi que la prière par habitude est inutile et que le vrai culte est la recherche incessante de la vérité[3].
La vérité se cherche dans la Torah et le Talmud, Menahem Mendel citant le Gaon de Vilna (accessoirement le plus grand opposant au hassidisme) comme exemple à suivre en la matière.
La quête de l'"emet" est sans fin. A contrario, une approche approximative de la vérité ne peut satisfaire[3]. Il convient donc de se livrer à une introspection continuelle, de rechercher les bonnes action commises et d’éliminer les mauvaises[4].Aphorismes
- Où Dieu se trouve-t-il ? Là où on le laisse entrer[6]
- Commentant la sentence « Une personne qui vieillit est comme un singe[7] », le Rabbi de Kotzk explique : « De même que le singe imite l’homme, une personne qui vieillit s’imite elle-même et fait ce qu’elle faisait avant. En d’autres termes, la plupart d’entre nous, arrivés à un certain point de notre vie, nous nous contentons, consciemment ou non, de ce que nous sommes. Nous cessons alors d'aspirer à de plus hauts sommets spirituels et nous vivons le reste de nos jours dans l’imitation de nous-mêmes ! »[8]
Notes et références
- (he)Kotzk, Dmout haheziont hamouflaim bahsidout , Jérusalem 1935 p. 63-65
- (he)Kotzk, Dmout haheziont hamouflaim bahsidout , Jérusalem 1935 p, 87-91
- Heschel 1973, p. 32-33
- Orian et Alfasi 2007, p. 192
- Orian et Alfasi 2007, p. 193
- Raz 1995, p. 10
- Ecclésiaste Rabba 1:3
- Becoming You » sur Aish.com, 20 septembre 2003. Consulté le 8 février 2011 David Sacks, «
Annexes
Bibliographie
- Joseph Fox, Rabbi Menachem Mendel of Kotzk: A Biographical Study of the Chasidic Master, New York, Bash Publications Inc, 1988 [lire en ligne]
- Abraham Joshua Heschel, A Passion for Truth, New York, Farrar, Straus and Giroux, 1973 (ISBN 978-0374229924)
- (he) Meir Orian et Yitzhak Alfasi, Sne Boer beKotsk : netiv hayyav shel Rabbi Mendel, Jérusalem, Reuven Mas, 2007 (ISBN 978-965-09-0202-3) [présentation en ligne]
- Simcha Raz, The sayings of Menachem Mendel of Kotsk, Northvale, New Jersey, Jason Aronson Inc., 1995 (ISBN 1568212976)
Catégorie :- Rebbe hassidique
Wikimedia Foundation. 2010.