- Macuahuitl
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Un macuahuitl[1] (mot nahuatl dérivé de « maitl », signifiant « main », et « cuahuitl », signifiant « bâton »[2], et qui est à l'origine de son synonyme espagnol « macana ») est une arme blanche de mêlée à la fois tranchante et contondante utilisée en Mésoamérique, à l'époque postclassique. Il s'agit d'une sorte d'épée composée d'un bâton plat d'environ 70 cm de long[3] dont une extrémité est affinée pour servir de manche, et dont les tranchants sont incrustés de lames d'obsidienne[4] très coupantes mais fragiles.
Les guerriers d'élite de l'armée aztèque en étaient équipés.
Sommaire
Historiographie
L'histoire de l'étude du macuahuitl remonte aux témoignages des chroniqueurs de la conquête de l'Empire aztèque. Cependant, il s'agit dans ces sources de simples mentions parfois réduites à l'évocation d'une arme semblable à une épée, et nous disposons en fait de relativement peu de documents fiables sur les caractéristiques de cette arme et son histoire. Peu de mésoaméricanistes ont publié des études spécifiques sur le macuahuitl ; on peut citer en particulier Michael D. Coe, Marco Cervera Obregón, John Pohl et Francisco González Rul[6].
Sources
Les sources les plus anciennes sont les sculptures mésoaméricaines retrouvées lors des fouilles archéologiques. La plus ancienne recensée à ce jour, selon Marco Cervera Obregón, est un bas-relief de la stèle 5 de Uaxactún représentant un personnage armé d'un gourdin hérissé de six pointes[7].
Les descriptions des chroniqueurs (conquistadors et moines espagnols) sont la principale source d'informations[8] sur les caractéristiques et l'usage de cette arme. Par exemple, le Conquistador anonyme décrit l'arme ainsi : « Ils ont des épées qui sont faites ainsi : ils font une épée de bois semblable à nos épées à deux mains, à cela près que la poignée n'est pas aussi longue et est large de trois doigts et sur leur tranchant ils pratiquent des rainures dans lesquelles ils insèrent une lame de pierre dure qui coupe comme un rasoir de Tolosa »[9].
La morphologie exacte du macuahuitl, que l'archéologie expérimentale cherche à reconstituer, est peu documentée[8]. En effet, les seules sources sont des représentations iconographiques peintes sur des codex mésoaméricains, dont la fiabilité est très limitée car elles ne sont pas réalistes mais stylisées selon les codes de l'époque et de la tradition à laquelle appartient son auteur[8], ainsi qu'une illustration réaliste de chacun des deux derniers spécimens documentés, dont un, qui était en excellent état de conservation, a été détruit lors de l'incendie de la Real Armería à Madrid en 1884[5], tandis que l'autre, qui était beaucoup moins bien conservé, semble avoir disparu des réserves du MNA après 1991.
Spécimens
Selon Ross Hassig, il n'existerait plus aucun exemplaire connu de macuahuitl depuis la destruction de celui de la Real Armería[5].
Toutefois, Marco Cervera Obregón, archéologue de l'ENAH spécialiste de la guerre et des armes en Mésoamérique[10], évoque l'existence d'un macuahuitl votif en bois entreposé dans les réserves du musée national d'anthropologie de Mexico qui aurait servi de modèle pour l'élaboration d'une reproduction de macuahuitl[11] ; un dessin de ce macuahuitl a même été réalisé par Antonia Morales Monjarás dans une thèse d'archéologie publiée en 1991[12].
Marco Cervera Obregón évoque également la découverte d'un macuahuilzoctli de 50 cm de long, à l'angle des rues Tacuba et Allende, lors de la construction des lignes 1 et 2 du métro de Mexico[13] et qui est également censé être entreposé dans les réserves du MNA, mais qui n'a pas pu être localisé par Marco Cervera Obregón[14].
L'hypothèse de l'existence d'un macuahuitl conservé dans les réserves du MNA est également corroborée par la liste des objets qui devaient être placés sous protection lors de l'exposition Moctezuma : Aztec Ruler qui s'est tenue au British Museum du 24 septembre 2009 au 24 janvier 2010, et parmi lesquels est recensé un macuahuitl de 80 cm de long sur 12 cm de large, en bois et en obsidienne, qui aurait été excavé entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle lors de la construction d'infrastructures urbaines à Mexico[15].
Typologie
Selon Marco Cervera Obregón, il existait deux versions de cette arme : le macuahuitl, d'environ 70 à 80 cm de long et pourvu de six à huit lames de chaque côté, et le macuahuilzoctli, plus petit, d'environ 50 cm de long et doté de seulement quatre lames[6].
Efficacité
Cette arme aurait été, selon le témoignage de certains conquistadors, capable de couper en deux un homme d'un seul coup[16] et de tuer net un cheval[17] voire de le décapiter d'un seul coup[18].
Annexes
Notes et références
- John Bierhorst, A Nahuatl-English dictionary and concordance to the Cantares mexicanos, Stanford University Press, 1985 (ISBN 0804711836), p.186). Orthographes alternatives : maccuahuitl, maquahuitl, macquahuitl, macquauitl (
- Michael D. Coe, « Preconques America », 1996, in Swords and hilt weapons (cité par Cervera Obregón 2006, p. 128).
- Cervera Obregón 2006, p. 127.
- Jacqueline de Durant-Forest, Les Aztèques, Les Belles Lettres, 2008, p. 84
- Hassig 1995, p.85.
- Cervera Obregón 2006, p. 128.
- Cervera Obregón 2006, p. 130.
- Arqueología militar. Blog de Marco Cervera Obregón,
- page 27. Traduction française trad. Jean Rose), Éd. J. Millon, 1986,
- Cervera Obregón 2007, p. 65
- Cervera Obregón 2007, p. 64
- Cervera Obregón 2006, p. 137-138). Técnicas de manufactura en madera en época préhispánica, thèse écrite par Antonia Morales Monjarás pour sa licence d'archéologie à l'ENAH (
- Cervera Obregón 2007, p. 61
- Arqueología militar, il précise que l'arme retrouvée lors de la construction du métro est « hypothétiquement perdue ». Sur son blog
- (en) British Museum, List of objects proposed for protection under Part 6 of the Tribunals, Courts and Enforcement Act 2007 (protection of cultural objects on loan), p.12.
- Francisco Hernández de Córdoba : « dividen a veces a un hombre en dos partes de un solo tajo » (Historia natural de Nueva España, UNAM, 1959, p.407, cité par Cervera Obregón 2006, p. 127). Selon le conquistador et docteur
- Conquistador anonyme (trad. Jean Rose), Éd. J. Millon, 1986, page 29 :« J'ai vu, un jour, au cours d'une bataille, un indien frapper un cheval que montait un cavalier contre qui il combattait, d'un coup dans le poitrail qui l'ouvrit jusqu'aux entrailles et il tomba mort aussitôt ; et le même jour, j'ai vu un autre indien frapper un autre cheval et l'étendre mort à ses pieds ». Le
- « [...] dieron una cuchillada a la yegua que le cortaron el pescuezo redondo y colgado del pellejo allí quedó muerta » (Bernal Díaz del Castillo, Historia verdadera de la conquista de Nueva España, XXVII).
Articles connexes
Bibliographie
- (en) Ross Hassig, Aztec Warfare: Imperial Expansion and Political Control, Norman, University of Oklahoma Press, 1988 (réimpr. 1995) (ISBN 0188-8218) (OCLC 17106411) [lire en ligne].
- (es) Marco Cervera Obregón, « El macuáhuitl: Un arma del Posclásico Tardío en Mesoamérica », dans Arqueología mexicana, vol. XIV, no 84, mars-avril 2007, p. 60-65 [texte intégral (page consultée le 17 mars 2010)].
- (en) Marco Cervera Obregón, « The macuahuitl: an innovative weapon of the Late Post-Classic in Mesoamerica », dans Arms & Armour, vol. 3, no 2, 2006, p. 127-148 [texte intégral].
- (es) Rul Francisco González, « El Macuahuitl y el Tlatzinteputzopilli, dos armas indígenas », dans Anales del INAH, vol. II, époque VIII, 1971.
- (en) John Pohl et Charles M. Robinson, Aztecs and conquistadores: the Spanish invasion and the collapse of the Aztec empire, Osprey Publishing, 2005 (ISBN 1841769347) [lire en ligne], p. 67-69.
- (en) John Pohl, Aztec, Mixtec and Zapotec armies, Osprey Publishing, 1991, 48 p. (ISBN 1855321599) [lire en ligne].
- (en) John Pohl, Aztec warrior, AD 1325-1521, Osprey Publishing, 2001, 64 p. (ISBN 1841761486) [lire en ligne].
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