- Lieu de vie et d'accueil
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Un lieu de vie et d'accueil (L.V.A.) est une petite structure sociale ou médico-sociale assurant un accueil et un accompagnement personnalisé en petit effectif, d'enfants, d'adolescents et d'adultes, en situation familiale, sociale ou psychologique problématique. Les premiers L.V.A. sont apparus à la fin des années 1960, on en comptait 446 en 2007[1].Sommaire
Origine des lieux de vie et d'accueil
La nécessité de créer des lieux de vie et d'accueil est apparue en France à la fin des années 1960 à la suite de la mise en évidence des conséquences du morcellement, de la spécialisation et de la hiérarchisation de la prise en charge qui avaient cours dans le secteur social, médico-social ou psychiatrique[2]. Ils se sont inscrits dans la mouvance anti-institutionnelle, anti-psychiatrique et désaliéniste.
Deux personnes vont devenir, à leurs corps défendant, emblématiques de ce que sera le mouvement des lieux de vie et d'accueil. Il s'agira pour chacune de poser une alternative:
- Fernand Deligny, dès 1967, crée à Monoblet dans les Cévennes, un lieu de vie en opposition aux lieux d'enfermement. Cette expérience l'amènera à collaborer avec plusieurs chercheurs de la psychiatrie dont Françoise Dolto.
- En 1969, Maud Mannoni créera à son tour l'École Expérimentale de Bonneuil-sur Marne, un lieu de vie en alternative au lieu de soins.
Les expériences de Monoblet, et de Bonneuil-sur Marne ont ainsi fait naître chez des personnes d’origines multiples - souvent issues du secteur social, médico-social, sanitaire, de l’éducation mais également d'autres secteurs professionnels - le souhait de créer eux-mêmes de nouvelles structures dites « alternatives » ou « non traditionnelles ». Issus en grande partie de la mouvance de l'après 68, des néo-ruraux créeront des "lieux de vie" dans un esprit de tendance libertaire, voire marginale, alors que des travailleurs sociaux, "créeront des lieux d'accueil" en complémentarité avec l'institution. Fondé essentiellement sur un partage de la vie quotidienne, en petit effectif et dans la permanence du Vivre avec, ce mode d'accueil a engendré des espaces singuliers de relations d'organisations à la mesure des choix, désirs, compétences et engagements de leurs fondateurs.
Ces lieux se rapprocheront au fil du temps pour devenir des lieux de vie et d'accueil qui prendront une dimension nationale moins marginale, toujours en recherche d'un autre mode de relation avec les personnes accueillies, mais sur la base d'un projet éducatif et/ou thérapeutique plus clairement défini.
Associations regroupant les lieux de vie et d'accueil
Les lieux de vie et d'accueil vont se regrouper en association à partir des années 1980[2].
- L'AS.EPSI ou Association pour l'Étude et la Promotion des Structures Intermédiaires voit le jour en 1978.
- Le C.R.A. ou Collectif du réseau alternatif (à la psychiatrie) en 1982.
- F.A.S.T.E. [3]. Foyer d'Accueil et de Soutien Temporaire du Sud Aveyron en 1984.
- En 1984 également, le G.E.R.P.L.A., ou Groupe d'Échange et de Recherche pour et sur la Pratique en Lieux d'Accueil. Regroupement majoritaire, avant la création de la fédération (voir plus bas), un de ses actes fondateurs est d’avoir fédéré une partie importante des L.V.A. autour d’une Charte commune.
Ces associations vont lutter chacune de leur côté, puis au sein d'un collectif pour permettre une reconnaissance des L.V.A. et du statut professionnel des personnes qui y travaillent.
La Circulaire dite « Georgina Dufoix » n° 83.3 du 27/01/83, premier document officiel national relatif aux L.V.A., reconnut la spécificité et l’intérêt de leurs accompagnements, mais ne proposait alors que des statuts par défaut, issus d’autres pratiques (assistant maternel, établissement, tiers digne de confiance)[4]. En l’absence de cadre et de statut explicites, ce furent alors les politiques départementales qui permirent, ou empêchèrent, la reconnaissance administrative et le fonctionnement des L.V.A.
En 1994, la tenue des premières Assises nationales des Lieux de Vie et d'Accueil entraîna la mise en place d’un travail de concertation auprès de Pierre Gauthier, Directeur de l'Action Sociale. Ces réunions aboutirent à l’établissement d’un document de synthèse relatif aux questions d'identification, d'agrément et de statut des Lieux de Vie et d'Accueil, préfigurant la place des L.V.A. dans le champ social.
Par la Loi du 2 janvier 2002, réorganisant l’action sociale et médico-sociale, le législateur reconnaît enfin les L.V.A. Le décret d’application 2004-1444 précise dorénavant les « conditions techniques minimales d’organisation et de fonctionnement des L.V.A. », et reconnaît la diversité des personnes pouvant être accueillies[5].
À la suite du Collectif des Associations regroupant des LVA - interlocuteur temporaire auprès des pouvoirs public - a été créée la F.N.L.V. ou Fédération Nationale des Associations regroupant des Lieux de Vie et d'Accueil, en 2003. Ses membres fondateurs sont issus du G.E.R.P.L.A., ainsi que des autres associations de L.V.A.
La constitution de la Fédération avait pour principal objectif de constituer une force unifiée dans les négociations sur le statut des L.V.A. avec l'État et les collectivités territoriales.
Pour les membres du G.E.R.P.L.A. qui ont choisi la création de cette nouvelle entité, il s'agissait également de permettre un retour du G.E.R.P.L.A. vers ses fondamentaux qui sont l'échange et la recherche sur la pratique en Lieu d'Accueil et de Vie, les discussions sur le statut et la loi ayant capté la plus grande partie des énergies durant cette période.
En 2005, le G.E.R.P.L.A. et d'autres regroupements décident de quitter la F.N.L.V. Outre le fait que l'adhésion du G.E.R.P.L.A. (et des autres membres associés) à la F.N.L.V. ne lui conférait qu'un rôle consultatif (environ 1 voix sur 200 étant donné les statuts de la fédération), une opposition est apparue dans le cadre des négociations sur la tarification s'appliquant aux L.V.A.
Cette question de la tarification semblant être aujourd'hui arrivée à son terme, des contacts s'élaborent à nouveau entre les associations, formellement ou de manière informelle, au niveau local, régional, ou national, sur d'autres thématiques.
Spécificités des lieux de vie et d'accueil
- Un accompagnement dans la quotidienneté, dans le « Vivre avec », le partage réfléchi de la vie quotidienne comme premier support éducatif.
- Un accueil centré sur des relations de proximité, fondées sur une acceptation de la personne dans sa singularité et dans sa globalité.
- Un accueil dans une habitation personnalisée, souvent le domicile même des Permanents fondateurs, qui est adaptée suivant les spécificités des personnes accueillies.
- Un accueil en petit effectif, en général de trois à sept personnes accueillies ; des accueillants clairement identifiés, en général de deux à cinq Permanents.
- Un accueil déterminé par un projet personnalisé - issu d’une réflexion commune entre les Permanents du L.V.A. et ses Partenaires - visant l’apaisement, le rétablissement de liens sociaux, un cheminement de la personne accueillie pour la construction d’un projet de vie singulier.
- Un accueil dont la durée s’adapte suivant les besoins de la personne (séjour long, relais, alternance, séquentiel, rupture, « vacances »).
- Des professionnels utilisant des techniques de supervision, permettant une distanciation de ce qui se vit et se travaille au quotidien auprès des personnes accueillies.
- Un accueil dans une structure à taille humaine, autonome dans son projet social et dans sa gestion administrative et financière.
- Reconnus par les professionnels des secteurs sociaux, médico-sociaux et judiciaires pour l’intérêt de leurs accompagnements, les L.V.A. ne peuvent répondre qu’à une part limitée des demandes qui leur sont adressées.
Pour les services de l’Aide sociale à l’enfance, de l’Éducation spécialisée, de la psychiatrie, de la pédopsychiatrie et de la justice, l’accompagnement assuré par les L.V.A. enrichit judicieusement l’éventail des choix en matière de placement de personnes en difficultés[6].
Les L.V.A occupent une position à la lisière des établissements médico-sociaux et des accueils familiaux. Ils proposent des solutions adaptées à des personnes pour lesquelles un accompagnement professionnel et fortement personnalisé est préconisé. Les LVA sont particulièrement sollicités pour des enfants, adolescents ou adultes pour lesquels les caractéristiques institutionnelles des établissements sociaux et médico-sociaux ne sont pas indiquées.
GERPLA
Le G.E.R.P.L.A. est issu d’un regroupement informel de Permanents de Lieux de Vie et d’Accueil qui, dès 1984, se réunirent, désireux de sortir de leur isolement, d’échanger sur leurs pratiques, de développer et de faire connaître une parole spécifique aux Lieux d’Accueil.
En 1987 une Assemblée Constituante formalise le groupement en association et en précise alors l’objet : “ L’échange et la recherche sur et pour les pratiques en Lieux d’Accueil, la représentation sociale de cette pratique, et la recherche de cadres adaptés à ces structures pour les insérer dans des cadres légaux. ”
Une organisation associative collective
L’association est nationale depuis l’origine, elle s’est constituée en six régions en 1992 afin de faciliter et d’enrichir les rencontres des adhérents, les travaux en groupes et les partenariats avec les professionnels des secteurs sociaux, médico-sociaux, de la santé et de la justice. Dans une volonté démocratique et de respect de la pluralité, l’association est dirigée par un collectif de personnes réunies dans un Comité de Coordination national, désigné par les adhérents de chaque régions. Chaque Région est dotée d’un représentant au Comité de coordination, d’un secrétaire et d’un trésorier. Sont également désigné un secrétaire et un trésorier national.
L’association GERPLA, un espace d’échange et de recherche
L’association GERPLA propose un espace d’échange et de recherche pour et sur les Lieux d’Accueil et leurs pratiques spécifiques, innovantes et expérimentales. Ses Journées Nationales permettent aux Permanents de Lieu de Vie et d’Accueil adhérant d’échanger, de se former et de travailler collectivement
Le G.E.R.P.L.A. a joué un rôle important pour la reconnaissance des Lieux de Vie et d’Accueil, notamment via la création en 1994 du Collectif des Lieux d’Accueil et des Lieux de Vie, interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. En 2006, il a participé à une table ronde organisée par les ministères de la Famille et de la Justice, dans le cadre de la réforme de la loi sur la Protection de l’Enfance et a rencontré les représentants du G.I.L.V.A. (Groupe Interdépartemental des L.V.A.), regroupant les représentants d’environ soixante-dix Conseils Généraux. Il s’investit aujourd’hui pour promouvoir le renforcement de la professionnalisation des Permanents de L.V.A.: dans ce but, il a été reconnu comme organisme de formation spécialisé.
Notes et références
- "La renaissance des lieux de vie", Lien Social n°897, 18 septembre 2008
- "Rétroviseur, Les lieux de vie et d'accueil", ASH Magazines, Janvier/février 2005.
- FASTE SUD AVEYRON - Lieux de vie et d'accueil
- "Les lieux de vie : de l'utopie à la reconnaissance institutionnelle", Lien Social, n°756, 9 juin 2005
- "Les lieux, la loi, l'avenir : de l'utopie à la démocratie", EMPAN n°58 Jean-Marc Antoine, Juin 2005
- "Dossier Les lieux de vie et d'accueil:quelles spécificités?",TSA Hebdo,12 septembre 2008
Martine FOURRE, "Les lieux d'accueil, Espace social et éthique psychanalytique", Z'Éditions, Paris, 1992. Nouveau dictionnaire critique d'action sociale, sous la direction de J-Y. Barreyre et B. Bouquet, Bayard, Paris, 2006.
Annexes
Article connexe
Liens externes
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