- Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc
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Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc est une pièce de théâtre de Charles Péguy (1873-1914). Une première version date du 16 janvier 1910, une seconde, posthume, et augmentée de deux actes inédits, a été publiée en 1956[1], [2]. Cette œuvre théâtrale et poétique fait suite au retour au catholicisme de Péguy, qui eut lieu entre 1907 et 1908[3].
Sommaire
Personnages
- Jeannette
- Hauviette, son amie
- Madame Gervaise
Trame
La pièce reprend, en la développant, une œuvre plus ancienne de Péguy, Jeanne d'Arc[4], écrite en 1897. Les trois protagonistes sont toujours présentes et le thème central de leurs échanges est à nouveau la question du mal et de la souffrance dans le monde. «Mais les raisonneuses de 1897 sont devenues des contemplatives, debout, avec Marie, au pied de la croix »[1]. Cette dimension contemplative et mystique fait du Mystère de la charité de Jeanne d'Arc un texte fascinant mais également difficile à interpréter. Ainsi, pour Pie Duployé, auteur d'une analyse de l'œuvre de Péguy :
« Le Mystère ne révèle ni l'histoire de Jeanne, ni la pensée, fut-elle religieuse, de Péguy, mais sa prière. C'est selon le mot de Bernanos, Jeanne écoutée par Péguy ; la prière de Jeanne telle que Péguy peut l'entendre sortir de son propre cœur, quand il cherche à représenter cette sainte, et à écouter sa prière[1]. »
Style
Empreint de lyrisme et de simplicité, le style poétique de Péguy a d'emblée convaincu plusieurs des écrivains et hommes de lettre contemporains. André Gide, Alain-Fournier, Jacques Rivière ont salué la force et l'authenticité de la langue. Le texte a d'ailleurs été écrit en vue d'être déclamé et écouté, plus que d'être lu. Jacques Copeau, homme de théâtre, a souligné sa beauté après avoir lu l'œuvre entièrement à voix haute[1].
Sources
Péguy s'est expliqué lui-même sur les sources qui l'avaient inspiré. Il donne, dans l'ordre, premièrement, le catéchisme, et dans le catéchisme les sacrements ; deuxièmement la messe, les vêpres, les offices, la liturgie ; troisièmement les évangiles[1]. L'auteur a donc pris donc le point de vue du peuple, qui comme Jeanne, découvre la foi par le catéchisme, les sacrements et la liturgie. De même, Péguy, après sa conversion, était plus attiré par la liturgie et la prière que par un discours théologique[1].
Éditions
L'œuvre publiée en 1910 ne représente que les deux tiers du manuscrit original de Charles Péguy, écrit à l'automne 1909. En 1924, Pierre Péguy fit connaître une partie de la suite inédite. Le texte intégral fut finalement publiée en 1956 par Albert Béguin[2]. Certains auteurs, comme Daniel Halévy, considèrent que la publication de 1910 avait été amputée par Péguy pour ne pas donner de clés d'interprétations trop explicites sur sa pièce. D'autres, comme Bernard Guyon[5], estiment que ces restrictions étaient dues au souci de ne pas éditer une œuvre trop longue, le texte de 1910 étant déjà particulièrement important (250 pages) pour une pièce de théâtre[1].
Dans l'Œuvre de Charles Péguy
Suite à la pièce Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc, Péguy a publié deux autres mystères en 1911 et 1912 : Le porche du mystère de la deuxième vertu (1911) et Le mystère des saints innocents (1912).
Extrait de l'œuvre
« Il y a un trésor des prières. Jésus, cette fois, d’un seul coup, cette première fois Jésus l’emplit ; l’emplit tout ; pour éternellement. Et il attend toujours que nous le remplissions, voilà ce que n’ont pas compris les docteurs de la terre.
Il y a un trésor des mérites. Il est plein, il est tout plein des mérites de Jésus-Christ. Il est infiniment plein, plein pour éternellement. Il y en a presque de trop ; pour ainsi dire ; pour notre indignité. Il en regorge. Il déborde ; il redéborde ; il en déborde. Il est infini et pourtant nous pouvons y ajouter, voilà ce que n’ont pas compris les docteurs de la terre. Il est plein et il attend que nous l’emplissions. Il est infini et il attend que nous y ajoutions.
Il espère que nous y ajoutions.
Voilà ce que nous devons faire ici-bas. Heureuses quand le bon Dieu, dans sa miséricorde infinie, veut bien accepter nos œuvres, nos prières et nos souffrances pour en sauver une âme. Une âme, une seule âme est d’un prix infini. »[6]
Références et notes
- Aperçus sur Google books Pie Duployé, La religion de Péguy, Paris, Klincksieck, 1965, 698 pages
- Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, avec deux actes inédits, édition critique présentée par Albert Béguin, Éditions Le Club du meilleur livre, Paris, 1956
- J. Lotte, Bulletin des professeurs catholiques de l'Université, 23 mai 1911. Citation : Péguy confie en septembre 1908 à son ami Joseph Lotte : « Je ne t'ai pas tout dit... J'ai retrouvé la foi... Je suis catholique... »
- Charles Péguy, Jeanne d'Arc, Paris, Librairie de la Revue socialiste, 1897
- Bernard Guyon, Péguy, Ed. Hatier, 1960, 287 pages
- Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc sur Wikisource
Bibliographie
- Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, avec deux actes inédits, édition critique présentée par Albert Béguin, Éditions Le Club du meilleur livre, Paris, 1956.
- Pie Duployé, La religion de Péguy, Paris, Klincksieck, 1965, 698 pages Aperçus sur Google books
- Hans Urs von Balthasar, La gloire et la croix. Aspects esthétiques de la Révélation (Herrlichkeit. Eine theologische Aesthetik. Fächer der Stile, Bd. II). Vol II, Tome 2 : De Jean de la Croix à Péguy. Paris, Aubier, 1972. Réédité chez Desclée De Brouwer en 1986.
- Jean-Paul Lucet, La passion d'une vie, ou l'histoire du spectacle, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc- avec le texte de l'adaptation théâtrale - éditions E.G.C. - Multiprint Monaco- octobre 2004
Voir aussi
Articles connexes
- Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc sur Wikisource
- Œuvres inspirées par Jeanne d'Arc
- Mystère (théâtre)
Liens externes
Catégories :- Pièce de théâtre française
- Pièce de théâtre du XXe siècle
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