Maison de Beaumanoir

Maison de Beaumanoir

Cette famille bretonne (voir famille de Beaumanoir) a pris possession de la baronnie de Lavardin au milieu du XVe siècle et des châtellenies de Tucé (actuelle commune de Lavardin (Sarthe)) Villiers et Bouër et de la baronnie de Milesse (La Milesse) en 1529.

Sommaire

L'ascension des Beaumanoir

Dans la première moitié du XVe siècle, Jean de Beaumanoir, fils de Guillaume, seigneur de Landemont, cadet de l'ancienne maison de Lavardin-sur-Loir ayant épousé Marie Riboul, fille de Foulques, seigneur d'Assé-le-Riboul et baron de Lavardin, se fixa au château actuellement appelé Vieux-Lavardin (à Mézières-sous-Lavardin), dont sa femme hérita après la mort de son père et de ses deux frères. Ce ne fut qu'après le mariage de François de Beaumanoir, seigneur de Lavardin, arrière-petit-fils de Jean de Beaumanoir, avec Jeanne de Tucé, fille de Baudouin de Tucé, baron de La Milesse, en 1525, que la terre de Tucé passa dans la maison de Beaumanoir de Lavardin, et que ce dernier nom fut accolé à celui de Tucé. Par lettres patentes de décembre 1561, la châtellenie d’Assé fut réunie à la baronnie de Lavardin (le Vieux-Lavardin), en faveur de Jean de Beaumanoir, maréchal de France, et celle-ci érigée en marquisat en 1601. Sous le règne de Louis XIV, ce titre fut transféré sur la terre et manoir de Tucé, qui furent appelés dès lors Lavardin-Tucé, puis Lavardin seulement.

Les barons puis marquis de Lavardin

Jean Ier de Beaumanoir

Seigneur de Landemont, de Boisbelle, issu d'une famille noble de Bretagne (à ne pas confondre mais pourtant de la même famille qu'un autre Jean de Beaumanoir, compagnon de du Guesclin qui rendit célèbre cette famille pour avoir été le provocateur et l'un des champions du combat de trente Bretons contre trente Anglais). Jean Ier de Beaumanoir épousa Marie, fille de Foulques Riboul seigneur d'Assé-le-Riboul, de Fay et de Lavardin et de Jeanne de Montejean. Foulques Riboul eut deux fils, Jean et Dreux, et une fille, Marie. Foulques mourut en 1412. Son fils Jean lui succéda. Faute d'héritier, il fut suivi par son frère Dreux. A la mort de ce dernier, ses créanciers firent saisir les seigneuries de Fay, Assé-le-Riboul et Lavardin, acquises par Jean Gaudin, seigneur de Martigné. Jean de Beaumanoir protesta et intenta en 1436 un procès à l'encontre de Jean Gaudin et au nom de sa femme Marie Riboul. Ce procès durait encore en 1484. Toujours est-il que son fils Guy de Beaumanoir fut reconnu baron de Lavardin et seigneur d'Assé-le-Riboul en 1467[1].

Jean de Beaumanoir fut chambellan de Charles VII, puis gouverneur de Melun et enfin, chargé en 1426 de la garde du château de Sablé par Arthur comte de Richemont, connétable de France. Jean, qui a laissé un testament daté de 1459, paraît être le premier de cette famille à s'être fixé dans le Maine où lui et ses descendants acquirent une solide réputation. En effet, avec un grand nombre de gentilshommes manceaux (Étienne de Vignolles, Baudouin de Tucé, de Malicorne, de Saint-Aignan, de Montfaucon, de Bueil, Thouars) il surprit la ville du Mans occupée par les Anglais commandés par Suffolk en 1427.


Guy de Beaumanoir

Baron de Lavardin, fils de Jean Ier de Beaumanoir, il épousa Marie d'Estouteville. Il mourut en 1485.


Jean II de Beaumanoir

Baron de Lavardin, fils de Guy de Beaumanoir, il épousa Hélène de Villebranche. Il mourut en 1509.


François de Beaumanoir

Baron de Lavardin, fils de Jean II de Beaumanoir, épousa le 9 juillet 1525 Jeanne de Tucé, dame de La Guierche, fille de Baudouin de Tucé, baron de la Milesse et veuve de Claude d'Aumont. Par ce mariage, la seigneurie de Tucé est passé dans la maison des seigneurs de Lavardin du nom de Beaumanoir. Ces derniers y fixeront leur principale habitation et lui donnèrent ainsi qu'à la paroisse le nom de Lavardin qui remplaça donc celui de Tucé et le joignirent à leur nom de Beaumanoir. Il mourut en 1544.


Charles de Beaumanoir

Baron de Lavardin et fils de François, il appuya de tout son pouvoir le parti de la Réforme, notamment lorsque les religionnaires s'emparèrent de l'autorité dans la ville du Mans le 1er avril 1562. Il fut l'une des victimes de la Saint-Barthélemy en 1572. On raconte à son sujet qu'un des égorgeurs nommé Pierre Loup, procureur du parlement, entre les mains duquel il tomba et qui cherchait apparemment à le sauver, répondit à ceux qui le pressaient de le tuer : « Je n'y suis pas disposé en ce moment, il faut attendre que je me mette en colère ». Il lui prolongea ainsi la vie de quelques heures. Mais de nouveaux hommes envoyés par Charles IX lui-même l'arrachèrent des mains de ce procureur. Ils le traînèrent vers le Louvre, il fut assassiné en chemin et jeté dans la Seine.


Jean III de Beaumanoir

Marquis de Lavardin, connu sous le nom de maréchal de Lavardin, il naquit en 1558 du premier mariage de Charles avec Marguerite de Chource, fille de Félix, seigneur de Malicorne et de Marguerite de Baïf. Élevé près du roi de Navarre, il porta les armes dès l'âge de dix-huit ans et se trouva en 1569 au siège de Poitiers dans les rangs des protestants dont il abjura la croyance après la mort de son père, sans toutefois, abandonner leurs drapeaux, puisqu'en 1580 étant colonel de l'infanterie française, il emporta avec eux Villefranche en Périgord et Cahors. Cependant, étant devenu suspect à ce parti, il se retira auprès des seigneurs de Malicorne, son oncle maternel.

En 1586, pendant l'absence du duc de Joyeux, Henri III lui confia le commandement de l'armée. L'année suivante, il combattit à la bataille de Coutras. En 1574, il avait aussi assisté au siège de Domfront en Passais à la suite duquel, l'infortuné Montgomery qui avait eu le malheur de tuer Henri II dans un tournoi, fut fait prisonnier et conduit à Paris où il eut la tête tranchée un mois après. Jean III de Beaumanoir accompagna Henri, roi de Navarre, lorsque celui-ci s'évada de la cour au mois de février 1573 et s'en fut rejoindre les princes de sa famille à Alençon. Il suivit le même prince au Mans. Il fut chargé de la défense de Saint-Denis en 1591 en même temps que l'un de ses compatriotes, le comte de Belin qui commandait dans Paris pour le parti opposé. Enfin, il se trouvait dans la voiture de Henri IV lorsque celui-ci fut assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610.

Pour le récompenser de ses services, Henri IV lui avait donné le gouvernement du Maine, des comtés de Laval et du Perche, le collier de ses ordres et le grade de maréchal de France. Il érigea en sa faveur la terre de Lavardin en marquisat et lui confia le commandement de son armée en Bourgogne en 1602. Comme gouverneur du Maine, le maréchal de Lavardin joua un grand rôle dans cette province. Sa fortune ne fut pas moins brillante sous Louis XIII au sacre duquel il remplit les fonctions de Grand maître et par qui il fut envoyé en Angleterre en 1612 comme Ambassadeur extraordinaire. Ce fut au retour de cette mission qu'il mourut à Paris au mois de novembre 1614. Son corps fut ramené au Mans et déposé par l'évêque Charles de Beaumanoir, son fils, dans un caveau sépulcral placé devant l'autel Saint-Jean de la Cathédrale. En 1715, le maréchal de Tessé, héritier de cette famille, fit graver sur une grande table de marbre incrusté dans le mur l'épitaphe généalogique de ceux des seigneurs qui y ont été inhumés.


Henri Ier de Beaumanoir

Marquis de Lavardin, comte de Nègrepelisse, de Beaufort en Vallée, seigneur de Malicorne, Maignée, la Milesse, Lavardin-Tucé, il est le fils aîné du maréchal et succéda à son père aux gouvernements du Maine, de Laval et du Perche. Il mourut en mai 1633.


Henri II de Beaumanoir

Chevalier, marquis de Lavardin, fils de Henri Ier et petit-fils du maréchal, il fut conseiller du Roi, maréchal de camp. Il reçut un coup de mousquet au siège de Gravelines dans la nuit du 28 au 29 juin 1644. Il mourut cinq jours après, à l'âge de vingt-six ans. Son corps reposa pendant vingt-sept ans dans la chapelle du château de Malicorne, puis il fut porté à la cathédrale du Mans dans le tombeau de famille. Marguerite de Rostaing, sa seconde épouse, fit don au chapitre de deux fermes pour la fondation d'un service annuel et d'une messe quotidienne à perpétuité.


Henri Charles III de Beaumanoir

Marquis de Lavardin, fils unique de Henri II de Beaumanoir et de sa seconde épouse fille de Charles, marquis de Rostaing, seigneur de Sainte-Sabine. Le marquis de Lavardin fut envoyé en ambassade à Rome en 1687 à la place du duc d'Estrées, de la mort duquel le pape Innocent XI voulut profiter pour abolir les franchises (exemption d'impôts…) dont jouissaient dans la capitale du monde chrétien, les ambassadeurs. Louis XIV qui avait à se plaindre du pape voulut maintenir ses droits et chargea le marquis de Lavardin de les soutenir. Cette affaire dura bien longtemps et fut conclue sous le pape Alexandre VIII en 1690, où les protagonistes furent quasiment mis dos à dos. Les marquis de Lavardin mourut à Paris le 29 août 1701 et inhumé dans le caveau de famille dans la cathédrale Saint-Julien.

Le marquisat de Lavardin et le titre de ce marquisat passèrent dans la maison de Froullay par suite du mariage de René II de Froullay, comte de Tessé et baron d'Ambrières et de Vernie avec Magdeleine, fille d'Henri Ier de Beaumanoir et de Marguerite de la Baume Suze.

Autres figures marquantes

Charles de Beaumanoir

Soixante-dixième évêque du Mans, troisième fils du maréchal de Lavardin et de Catherine de Carmain, comtesse de Nègrepelisse, il naquit au château de Lavardin-Tucé en 1586. Il embrassa l'état ecclésiastique auquel il fut destiné très jeune. Pourvu dès l'âge de huit ans de l'abbaye de Beaulieu, il fut nommé à quinze ans à l'évêché du Mans dont il ne prit possession qu'au mois de novembre 1610. Ces faveurs furent la récompense des services que son père avait rendus à Henri IV dont il avait constamment suivi le parti.

À son arrivée au Mans, Charles supprime l'entrée pompeuse que l'on avait faite jusqu'alors à ses prédécesseurs. Sous son épiscopat, vingt-quatre maisons religieuses furent établies dans le diocèse (y compris les Oratoriens qu'il appela au collège séminaire du Mans : actuel Lycée Montesquieu). Député aux états généraux de 1614 et à l'assemblée générale du clergé en 1625, il eut une vie très riche, secondant par exemple, le cardinal de Lyon, frère du cardinal de Richelieu. Il mourut de la gravelle dans le château d'Yvré le 17 novembre 1637, âgé de cinquante-deux ans. Les historiens s'accordent à louer le mérite et l'esprit conciliant de l'évêque Charles de Beaumanoir.

Références

  1. Revue historique et archéologique du Maine, 1929



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Maison de Beaumanoir de Wikipédia en français (auteurs)

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