- La connaissance de la vie
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La connaissance de la vie est une œuvre du philosophe et médecin Georges Canguilhem publiée en 1952, puis augmentée et rééditée en 1965.
L'ouvrage est une étude de la constitution de la biologie comme science. Il se divise en trois parties, d'abord l'étude de la méthode en biologie, puis l'histoire de la théorie cellulaire, enfin les rapports entre la philosophie et la biologie.
La thèse principale de l'ouvrage est que le vivant est irréductible aux lois physico-chimiques, et qu'il ne peut pas se comprendre comme une machine artificielle.
Sommaire
La méthode biologique
Canguilhem s'interroge sur l'expérimentation en biologie animale, et explique qu'il y a quatre obstacles épistémologiques à la méthode biologique, c'est-à-dire quatre difficultés majeures qui résistent à l'établissement d'un savoir proprement biologique[1]. Il s'inspire tout particulièrement de Claude Bernard et de Bergson dans ce chapitre.
Le premier obstacle est celui de la « spécificité », et il se divise en trois : difficulté de généraliser d'une variété à une autre variété au sein d'une même espèce ; difficulté de généraliser d'une espèce à une autre ; enfin, difficulté de généraliser de l'animal à l'homme. Ce qui vaut pour une espèce animale donnée ne vaut pas forcément pour une autre ; par exemple le même organe pourra avoir une fonction différente chez deux espèces.
Le deuxième obstacle est celui de l'« individualisation » : il est impossible d'avoir deux êtres vivants strictement identiques, ce qui entraîne une difficulté notable pour les comparer et en tirer des conclusions générales.
Le troisième obstacle est celui de la « totalité » : une fonction biologique se comprend toujours au sein de l'organisme tout entier. Isoler une partie de l'organisme ne nous permet pas de connaître sa fonction exacte.
Le quatrième obstacle est celui de l'« irréversibilité » : les êtres vivants évoluent, ils se modifient, donc ce qui est valable pour eux à un instant T1 ne sera pas forcément valable à un instant T2 après un intervalle donné de temps.
L'histoire de la théorie cellulaire
Canguilhem insiste sur la nécessité de retracer l'histoire d'un concept scientifique (ici la cellule) pour mieux le comprendre[2]. Il met en garde contre la tentation de comprendre les phénomènes au moyen de l'analogie : par exemple, l'analogie entre le travail des cellules biologiques et la disposition des cellules dans les ruches d'abeilles est trompeuse. Cette analogie consiste à transposer dans le champ de la biologie une image sociale et affective de coopération, ce qui est une faute de raisonnement[3].
Canguilhem défend l'idée que la théorie cellulaire aurait été « pressentie » par l'atomisme de Buffon et « anticipée » par la philosophie naturelle de Lorenz Oken[4]. Les deux auteurs, le biologiste et le philosophe, ont en commun de supposer l'unité de la nature vivante, unité qui découle d'un principe unique, qui sera nommé après eux « cellule ». L'unité de la nature est cependant une thèse métaphysique pour Canguilhem, elle ne découle pas directement des faits[5]. Cela montre que nos a priori métaphysiques conditionnent notre façon d'appréhender les faits, et peuvent déboucher sur des découvertes scientifiques ou au contraire stériliser la recherche.
Notes et références
- Georges Canguilhem, La connaissance de la vie, Vrin, « Bibliothèque des textes philosophiques », 1992, pp. 32-38.
- Ibid., pp. 58-59.
- Ibid., pp. 60-61.
- Ibid., p. 73.
- Ibid., p. 67.
Édition
- Georges Canguilhem, La connaissance de la vie, Vrin, 1965.
Voir aussi
Catégories :- Œuvre philosophique
- Philosophie de la connaissance
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