- Bektashi
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Bektachi
Le bektachisme est la principale confrérie de l'Islam Alevi. Elle fut créée par Hünkar Bektaş Veli mais connut une réforme organisée par Balim Sultan (1467-1516), considéré comme le « second saint »[1].
La confrérie des bektachis a eu une influence non négligeable sur la vie spirituelle des Turcs, et notamment de ceux qui ont pris part au mouvement « Jeunes-Turcs ». Bien que la confrérie soit d'origine turque, influencée par le chamanisme, elle est très présente dans les Balkans, surtout en Albanie. Dans "Histoire de l'Empire Ottoman"[2], François Georgeon explique que le Comité Union et Progrès émane à la fois des Bektachi et des loges maçonniques de Salonique.
D'après Irène Mélikoff, les Bektachis constituent un courant libéral, ont l'esprit de tolérance, sont non-conformistes et anticléricaux. Ils n'ont pas de mosquées, les femmes ne sont pas voilées. Ils sont un rempart contre l'intégrisme et l'ultranationalisme. Ils s'expriment par des poèmes chantés, comme ceux d'Achik Ibreti(1919-1976). Aujourd'hui, une propagande islamophobe, particulièrement développée aux États-Unis et dans certains milieux anglophones israéliens, cherche à instrumentaliser l'activité de mercenaires originaires des Balkans avec les troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale (étaient-ils Bektachis ?) pour stigmatiser l'islam soufi des Bektachis, plutôt que d'y voir la conséquence d'une alliance historique avec l'Allemagne et l'Autriche – notamment face à l'Angleterre et à la France – suite à la première guerre mondiale[3].
Mais cette théorie du « complot islamiste mondial et antijuif », assez récente, est incohérente au regard du rôle de refuge que joua la Turquie – berceau culturel de l'islam alevi – pour des milliers de Juifs ayant fui l'Europe durant la seconde guerre mondiale. Les parents de l'historien juif Alexandre Adler furent d'ailleurs sauvés par l'ouverture de la Turquie aux réfugiés des persécutions nazies[4].
Par ailleurs, l'islam alevi, particulièrement ésotérique, est par essence et de facto incompatible avec les mouvements politico-religieux de l'islam orthodoxe qui le considèrent généralement comme hérétique[1]. De ce fait, ils sont persécutés.
Littérature
- (tr) Muhammed Seyfeddin Ibn Zulfikari Derviş Ali, Bektaşi İkrar Ayini, Éd. Kalan, traduit du turc ottoman par Mahir Ünsal Eriş, Ankara, 2007, (ISBN 9758424785).
- Irène Mélikoff, Sur les traces du soufisme turc, recherches sur l'Islam populaire en Anatolie, éd. Isis, Istanbul,1992
Références
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