- Jurisprudence Elizabeth Key
-
La jurisprudence Elizabeth Key est l'un des nombreux épisodes judiciaires concernant le statut des esclaves en Virginie au XVIIe siècle, qui verra progressivement leurs prétentions à pouvoir un jour devenir libres, ou à permettre à leurs enfants de le devenir, se réduire à zéro. Cette jurisprudence, combattue ensuite par des lois, montre qu'en 1655, une certaine ouverture demeurait encore[1].
En 1655 la justice finit par donner raison raison à cette fille d'esclave par sa mère, née dans le comté de Warwick, en Virginie en 1630, dont le père était Thomas Key, un homme blanc, membre du conseil des bourgeois de Virginie, qui reçut une amende pour avoir eu un enfant avec une esclave[1].
L'affaire commença en 1636, alors qu'elle n'avait que six ans et que son père était retourné en Angleterre ou il décéda, après avoir confié l'enfant au grand-père, Humphrey Higginson, dans le cadre d'un contrat qui prévoyait qu'elle serait libre à partir de l'âge de 15 ans, en 1645, liberté qui lui sera ensuite contestée[2].
Humphrey Higginson vendit Elizabeth au Colonel John Mottram, qu'elle devait servir pendant neuf ans avant de devenir libre. Mottram l'enmena dans le conté de Northumberland, où il installa une plantation, Coan Hall[2]. En 1650, Mottram acheta un groupe d'engagés blancs venant d'Angleterre, dont un jeune avocat nommé William Grinstead, qui tomba amoureux d'Elizabeth[2]. A la mort de Mottram en 1655, Elizabeth poursuivit en justice sa plantation. Elle réclamait un statut de femme libre et finit par l'obtenir après plusieurs épisodes. D'abord jugée au niveau comté, l'affaire fut ensuite transmise à l'assemblée de Virginie, qui la renvoya devant le tribunal du comté.
Elizabeth Key fut finalement déclarée "libre car la fille d'un père libre est libre", et épousa l'avocat qui l'avait défendue[1], avec qui elle eut deux enfants, John et William.
En 1662, à la restauration de la monarchie catholique britannique, la colonie de Virginia, désormais dirigée par le riche planteur William Berkeley, réagit à cette jurisprudence en faisant voter une loi stipulant très clairement que le statut d'esclave ou de personne libre était lié seulement au statut de sa mère, quel que soit celui du père, afin de décourager les maîtres d'avoir des enfants avec leurs esclaves noires[1].
William Berkeley durcit encore les lois sur l'esclavage en 1667, avec une loi qui précise que même le baptême ne permet pas d'affranchir un esclave[1].
À partir de 1691, après la glorieuse Révolution britannique, son successeur Philip Ludwell fait voter une loi adoucissant un peu ce statut, stipulant simplement que tout esclave affranchi est obligé de quitter la colonie avant six mois[1].
Au même moment, aux Antilles Françaises, l'esprit de la Jurisprudence Elizabeth Key est battue en brèche par l'instauration du Code noir, qui s'inspire lui des lois votées en 1662 par l'assemblée coloniale du gouverneur et planteur William Berkeley.
Bibliographie
Notes et références
- (lire en ligne) Southern Slavery and the Law, 1619-1860, par Thomas D. Morris,
- http://womenhistory.blogspot.com/2008/01/elizabeth-key.html
Catégories :- Histoire coloniale des États-Unis
- Droit de l'esclavage aux États-Unis
- Histoire de la Virginie
Wikimedia Foundation. 2010.