Jilali Gharbaoui

Jilali Gharbaoui

Jilali Gharbaoui (Jorf El Melha, 1930 - Paris, 8 avril 1971) est un peintre marocain non figuratif. Il est considéré comme « le premier peintre marocain à avoir choisi ce mode d'expression picturale »[1].

Sommaire

Biographie

Après la mort de son père puis de sa mère alors qu'il a une dizaine d'années, Jilali Gharbaoui est accueilli dans un orphelinat. Après des études secondaires à Fès, il devient marchand de journaux le jour et suit le soir, durant plusieurs années, les cours de l'Académie des arts de la ville. Grâce à Ahmed Sefrioui, alors Directeur des Beaux-arts de Rabat, il obtient en 1952 une bourse pour l'École des Beaux-arts de Paris, fréquentant ensuite l'académie Julian. Intéressé par l'impressionnisme, la peinture hollandaise ancienne et l'expressionnisme allemand, il commence à se tourner vers l'abstraction. De cette époque datent ses premières crises connues.

Paysage d'Itto surplombant la ville d'Azrou

De retour au Maroc en 1955, il s'installe à Rabat. Après une première tentative de suicide, il fréquente régulièrement l'hôpital Moulay Youssef et l'hôpital psychiatrique de Salé. À la suite d'une deuxième tentative de suicide, le peintre Farid Belkahya lui cède sa candidature à l'Accademia delle Belli Arti de Rome; il y demeure près d'une année, visite la Sicile puis rentre, gravement malade, au Maroc. En 1957 Jilali Gharbaoui effectue un premier séjour au monastère bénédictin de Tioumliline, situé dans le Moyen Atlas à 5 kilomètres d'Azrou, qui sera fermé en 1968[2]. Une exposition itinérante présente ses œuvres aux États Unis. Au San Francisco Museum of Modern Art où il expose parmi d'autres artistes marocains, il reçoit le Premier Prix.

Revenu à Paris en 1959, Jilali Gharbaoui est introduit par Pierre Restany avec qui il s'est lié d'amitié ainsi qu'avec Henri Michaux, dans le groupe des informels au Salon Comparaisons et est sélectionné pour une exposition itinérante au Japon, au Mexique et en Allemagne. « Ses gestes colorés sont autant de lumière qui font vibrer la matière au sein de la couleur. Cette gestualité impulsive traduit bien l'hyper-émotivité du personnage, le côté vibratile de ses pulsions physiques et mentales », notera Restany en 1990.

À Rabat en 1960 et à Tioumliline en 1962, Jilali Gharbaoui traverse l'échec de deux liaisons sentimentales. À partir de 1963 il est admis pendant plusieurs semaines à l'hôpital Moulay Youssef où il reçoit des soins par électrochocs. En 1966 et 1967 il effectue des voyages à Paris et à Amsterdam. À partir de 1968 il séjourne à l'hôtel de la Tour Hassan de Rabat où il exécute pour un collectionneur de très nombreuses gouaches. En 1971 Jilali Gharbaoui loge à Paris chez le critique d'art Pierre Gaudibert. Victime de sa consommation d'alcool et de drogue il meurt sur un banc public au Champ-de-Mars et sera enterré à Fès.

Ahmed Cherkaoui (1934-1967) et Farid Belkahia (1934) sont deux autres peintres non figuratifs marocains contemporains de Jilali Gharbaoui.

Jugement

« De retour au Maroc, il a senti le besoin de sortir de nos traditions géométriques, en donnant un mouvement à la toile, un sens rythmique, et, le plus important, de la lumière. La quête de cette lumière était pour lui capitale. (...) Nulle allusion formelle, nulle anecdote, ne viennent gêner cette quête. La couleur, la matière et un trait gestuel sans repentir suffisent pour évoquer tour à tour les jardins du Chellah et les sources fougueuses de l'Atlas »

Mohamed Sijelmassi[3].

Principales expositions personnelles

  • 1957 : Galerie Venise Cadre, Casablanca
  • 1958 : Centre italo-arabe, Rome
  • 1959 : Mission Culturelle Française, Rabat et Casablanca
  • 1962 : Galerie La Découverte, Rabat
  • 1965 : Galerie Nationale Bab Rouah, Rabat
  • 1966-67 : Amsterdam et Montréal
  • 1980 : « Rétrospective », galerie l'Oeil noir, Rabat

Notes et références

  1. Mohamed Sijelmassi, La peinture marocaine, Paris, éditions Jean-Pierre Taillandier, 1972, p. 87.
  2. Le film Des hommes et des dieux y sera tourné en 2009-2010.
  3. La peinture marocaine, Paris, éditions Jean-Pierre Taillandier, 1972, p. 87-88.

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Mohamed Sijelmassi, La peinture marocaine, Paris, éditions Jean-Pierre Taillandier, 1972 [Jilali Gharbaoui : p. 86- 97] Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Khalil M'Rabet, Peinture et Identité : l'Expérience Marocaine, Paris, L'Harmattan, 1987
  • Antonia-Yasmina Filali Fulgurances Gharbaoui, Fondation ONA ,1993
  • Azzouz Tnifass, Jilali Gharbaoui, Voyage au bout du rêve, 1930-1971, Marsam, collection «Regards Obliques», 2007 (ISBN 9954-21-062-8)
  • Abstraction marocaine, Jilali Gharbaoui, dans La gazette de l'Hôtel Drouot; 28.01.2011 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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