- Jean Rigaud (écrivain)
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Jean Rigaud (écrivain) Jean Rigaud en mai 1978Activités écrivain et photographe Naissance 23 décembre 1924
Neuilly-sur-SeineDécès 19 novembre 2005 (à 80 ans)
GenèveJean Rigaud, né le 23 décembre 1924 à Neuilly-sur-Seine et mort le 19 novembre 2005 à Genève, est un écrivain et un photographe dont l'œuvre est en marge des tendances littéraires et artistiques majoritaires à son époque.
Sommaire
Vie
Jean Rigaud nait à Neuilly-sur-Seine le 23 décembre 1924. C'est le fils d’un ingénieur des ponts et chaussées. Il fait ses études primaires et secondaires au lycée Pasteur à Neuilly. Admis en hypokhâgne puis en khâgne au lycée Henri-IV à Paris il abandonne sa préparation avant le concours d’entrée à l’École normale supérieure en 1944 pour s’enrôler dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI). Il termine la guerre dans le 1er régiment de chasseurs parachutistes et fait quelque temps partie de la surveillance du territoire avant de retourner à la vie civile.
Il reprend alors en Sorbonne des études de Lettres classiques qu’il poursuit jusqu’à l’agrégation. Cela le conduit à enseigner pendant une vingtaine d’années dans divers lycées, ainsi qu’au lycée français du Caire.
Au cours des années 1960, il commence à se tourner vers l’écriture en entamant Orientation et produit une première mouture d’Itinéraire, qu’il remaniera après 1968 lorsqu'il se retirera de l’enseignement pour pouvoir s’adonner à l’écriture et à la photographie en noir et blanc.
La décennie soixante-dix verra la composition de ses autres titres, Wong, Fleuve, Les Chroniques de l’Ordre blanc, Le Serpent dans le basalte et un certain nombre d’Histoires brèves, mais jamais il ne cherchera à les publier.
Au cours de la même décennie, il se livre à des recherches personnelles sur les mythes ainsi que sur divers domaines de l’histoire des religions. Il se penchera brièvement sur un aspect de l’astrologie qui traite des coïncidences et concomitances entre les mouvements des planètes et ceux des hommes. Ses réflexions sont concrétisées d’une part dans des travaux sur l’Odyssée, et d’autre part dans l’élaboration d’une fiction, La Roue de Fortune.
La fin des années 1970 marque la fin de son activité d’écriture romanesque et, pendant une vingtaine d’années, les manuscrits sont relégués dans un coffre au grenier. Ce n’est qu’après le tournant du siècle qu'il se penchera à nouveau dessus pour en parfaire des détails.
Au début des années 1980, se fixant en Ardèche, il établit un arboretum auquel il consacre ses soins pendant les vingt cinq dernières années de sa vie. Il décède le 19 novembre 2005 à Genève. Quelques mois avant sa mort subite, il a effectué, au moyen de son ordinateur, les Métamorphoses, « étonnante série d’images en couleurs, où se retrouvent sous une forme nouvelle les thèmes qui hantaient son imaginaire trente ans auparavant »[1].
Œuvre
Publications
- Jean Rigaud (préf. Nadine Katz), Cavaliers seuls, La Table ronde, coll. « La Palatine », 21 juin 2007, 796 p. (ISBN 978-2-7103-2967-1).
Recueil de l'ensemble des œuvres de l'auteur, publiées à titre posthume, contenant sept récits (Itinéraire, Orientation, Fleuve, Les Chroniques de l’Ordre blanc, Le Serpent dans le basalte, La Roue de Fortune et Wong) ainsi que deux recueils d'histoires brèves (Brian, mon ami et le Temps qui passe). Les œuvres sont suivies d'une postface de Nadine Katz ou de Michel Leroux.
- Jean Rigaud (préf. Nadine Katz), L'Odyssée, parcours zodiacal, 20 p. [lire en ligne], étude publiée par le Centre international d’études homériques (CIEH) de l’université Grenoble-III.
- Métamorphoses, La Féline, octobre 2009, 208 p. (ISBN 978-2-9534-9460-0), recueil de cent « photo-graphismes » (photographies originales transformées sur ordinateur).
- Free Lance, poème en vingt photographies en noir et blanc et vingt versets, sous presse.
- Wong, édition illustrée de 36 photographies originales en noir et blanc, sous presse.
Expositions
- Mars 2009 : château d'Aubenas
- Juin 2009 : médiathèque de Montpezat-sous-Bauzon
- Novembre 2009 : galerie Sylvia Rhud à Paris
- Avril 2010 : centre culturel français à Innsbruck
- Juin 2010 : centre culturel français à Pékin
- Septembre 2010 : centre culturel français à Edimbourg
- Octobre 2010 : centre culturel français à Brême
- Février 2011 : centre Culture français à Kiel
Regards sur l'œuvre
Substance de l’œuvre de fiction :
« Très influencé par le cinéma, l'auteur excelle dans les scènes de mouvement rapide et dans les ellipses. L'effet produit est celui d'un labyrinthe aux détours habilement tracés: par delà les tribulations existentielles et relationnelles des personnages centraux, qui forment la trame des récits, il nous introduit dans un univers à triple fond. Une lecture du premier degré ouvre un large éventail de situations plus ou moins familières, de la poursuite automobile au naufrage d'un vaisseau spatial, de la noyade dans un fleuve en crue à une rixe sur un ferry pris dans la tempête, d'une parodie de cérémonie cultuelle dans une communauté sous influence aux méthodes inédites d'un chercheur d'or, ou de l'aventure sur des mers lointaines à l'exploration de temps anciens. Mais à travers le réalisme et l'humour inhérents au reportage, et sous la puissance visuelle et poétique de l'évocation des lieux, perce une réflexion sur des questions fondamentales pour l'homme d'aujourd'hui, comme,entre autres, l'exercice du pouvoir ou l'aptitude de l'homme à conquérir sa liberté... À quoi s'ajoute, au-delà de nos préoccupations contemporaines, un regard sur la relation de l'homme avec le cosmos, propre à nous faire réfléchir à notre tour sur la validité de nos jugements et de nos choix personnels[Note 1]... »
« Pour Platon, le poète était un inconscient, un simple transmetteur traversé par des ondes divines. Pour ma part, je regarde mes textes avec un curieux sentiment d’étrangeté. Il m’arrive même de me casser la tête pour tenter d’en saisir la portée. J'ai eu l'impression d'explorer un pan du monde, au delà de la psychosociologie, de rechercher une liaison existentielle entre l'homme et la matière, entre l'homme et les éléments, où des états de conscience très différents, des expériences apparemment déconnectées, des symboles divers étaient présentés simultanément dans ce tourbillon cosmique où nous sommes immergés. Il y a un abîme entre mon attitude en tant que critique et en tant qu’explorateur. Quand j’écris de la fiction, je ne dirige plus, je suis pris par des images qui me sont imposées. Mon travail est celui de l’artisan qui se borne à fignoler la réalisation à partir du dessin de l’ornemaniste, à essayer de comprendre le sens de ce dessin et à ne pas trop le trahir par l’exécution... »
— Jean Rigaud, Cavaliers seuls [Note 2]
Substance de l’œuvre graphique :- Au départ, Jean Rigaud photographiait en noir et blanc l’eau et les ruines, les arbres et les rochers[2]. C’est seulement à la fin d’un très long parcours en noir et blanc que, au cours des quinze derniers mois de son existence, il adapta le « Réel » imprimé sur la pellicule pour en faire, utilisant l’ordinateur, des représentations de sa propre vision du monde, de sa recherche de la relation entre l’homme et le cosmos [3]. C’était là, en effet,une autre façon de voir le monde, puisque le logiciel lui permettait aussi bien de « coloriser » ses photos que de les transformer en rêves [4]. Ce qui était à l’origine de simples photos se trouva ainsi « métamorphosé » en œuvres d’art que l’on peut qualifier de « tableaux », tellement elles sont le reflet du monde onirique que l’œuvre de fiction laissait déjà transparaître [5]. Ces compositions curieuses sont regroupées dans un album aussi luxueux qu’original. L’ouvrage comporte une centaine de planches, accompagnées de textes brefs extraits de Cavaliers seuls,[. …] transpositions de rêves ou visions cosmiques, personnages fantomatiques éloignés et proches à la fois du réel, paysages inquiétants ou reposants [6].
« Je suis conscient que mes recherches me font rejoindre un univers de pensée archaïque où la nature était encore vitalisée. Je m’efforce de dégager des images latentes qui établissent un pont entre la perception immédiate et les strates cachées du mystère du monde (« vaste programme » aurait dit le général) et cela demande beaucoup de temps. Photoshop me semble être un instrument aussi puissant qu’un pinceau de peintre, un ciseau de sculpteur ou un burin de graveur. Encore faut-il avoir quelque chose à en faire. Pour commencer il faut sentir, déterminer, quel paysage ou fragment de paysage recèle des potentialités fantastiques, et tâcher ensuite de trouver les couleurs et/ou les outils techniques propres à les réaliser. Ou bien déceler dans telle aspérité l’incitation à accentuer l’allusion anthropomorphe ou thériomorphe qui permettra d’inscrire le cliché dans la série Masques ou Bestiaire – avec un succès parfois douteux, car les spectateurs ne voient pas nécessairement ce que j’ai vu moi-même. Et c’est tant mieux, car l’univocité trop flagrante est un piège »
— Jean Rigaud, Métamorphoses[Note 3]
Notes
Références
- Le Dauphiné libéré du 14 novembre 2009 Paul Roussel, Le Monde étrange de Jean Rigaud dans
- Gérard Prat, "Voyage au-delà des images", Le Dauphiné libéré, 07A, 7 mars 2009
- "Exposition Jean Rigaud", La Tribune, A07, 5 mars 2009
- Paul Roussel, Les Métamorphoses de Jean Rigaud, Le Dauphiné libéré, 07A, 5 mars 2009
- *Paul Roussel, « Le monde étrange de Jean Rigaud », Le Dauphiné libéré, 07A, 14 novembre 2009
- *"Métamorphoses de Jean Rigaud, une découverte", La Tribune, A07, 19 Novembre 2009
Annexes
Liens externes
- Conte philosophique de Jean Rigaud - Cavaliers Seuls
- Jean RIGAUD - Galerie internet
- « Das Wesen der Dinge erkennen », par Liane Janz, Weser-Kurier, 23 septembre 2010.
- Sur Itinéraire, Fleuve, Wong et La Roue de Fortune par Michel Leroux, Cavaliers seuls, Paris, La Table ronde, 2007.
Catégories :- Écrivain francophone
- Photographe français
- Naissance en 1924
- Décès en 2005
- Résistant français
- Jean Rigaud (préf. Nadine Katz), Cavaliers seuls, La Table ronde, coll. « La Palatine », 21 juin 2007, 796 p. (ISBN 978-2-7103-2967-1).
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