- Histoire de la colonne infâme
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Histoire de la colonne infâme (en italien, Storia della Colonna Infame) est un essai historique écrit par l'auteur italien Alessandro Manzoni.
Du point de vue chronologique, cet essai appartient au même contexte dans lequel est né le chef-d'œuvre de l'auteur, le roman historique ''Les Fiancés'' (en italien, I Promessi Sposi) : au début, il avait été imaginé comme une longue digression contenue dans le 4è tome de la première édition du roman (dite Ventisettana car elle fut publiée en 1827), connue avec le titre Fermo e Lucia, immédiatement après une autre digression sur les événements tragiques de la peste de Milan de 1630, mais le même auteur, dont on connaît la perpétuelle insatisfaction par rapport à ses œuvres, qu'ils revoyait plusieurs fois, était convaincu que cette espèce de "parenthèse" détournerait les lecteurs du roman de son but réel. Cette conviction l'amène à "exclure" temporairement la question de la Colonne Infâme, avec l'intention d'en faire un appendice historique à ajouter à la deuxième édition (la si-dite Quarantana) ; l'essai étant effectivement trop long pour être inséré dans l'œuvre, Manzoni lui donna enfin le titre sous lequel il est encore connu, et le publia en 1840, la même année de laquelle date l'édition finale du roman.
Historique
L'histoire, complètement vraie, nous présente la ville de Milan accablée en 1630 par une terrible épidémie de peste (la même dont on narre dans Les Fiancés), autant que les plusieurs formes d'hystérie par lesquelles la population effrayée réagit à la catastrophe. Cette "complication" est à la base du surréel procès intenté contre deux citoyens, notamment le commissaire à la santé Guglielmo Piazza et le barbier Gian Giacomo Mora, accusés à tort par une vieille femme, Caterina Rosa, d'être deux "infecteurs" (en italien, untori), c'est-à-dire ces individus soupçonnés de propager l'épidémie dans la ville au moyen d'un mystérieux "liquide jaunâtre".
Le procès, qui eut lieu à l'été 1630, se termina par la condamnation à mort de deux innocents et par la destruction de la maison-boutique de Mora : sur les décombres de cette-ci l'on érigea, en tant qu'avertissement à tous les citoyens, la "colonne infâme" qui donne son nom à l'histoire.
Il fallut attendre 1778, quand Pietro Vierri publia ses Observations sur la torture, avant que la Colonne Infâme fut démolie ; entretemps, elle était déjà devenue un témoignage de honte pas plus contre les deux défendeurs, mais contre les juges coupables d'une injustice terrible. La stèle qui faisait partie de l'affreux monument, et qui porte une fière description de la sentence et des peines infligées, est aujourd'hui conservée à l'intérieur du Château des Sforza, à Milan.
Dans cet essai, Manzoni s'occupe de la relation qui existe entre la responsabilité individuelle et les croyances et convictions populaires de l'époque. Au long d'une analyse historique, juridique et psychologique, l'auteur met en évidence l'erreur des juges et l'abus de pouvoir dont ils se rendirent coupables au détriment du sens commun et de toute forme de pitié humaine, sous l'influence d'une conviction sans fondement et de la peur causé par l'épidémie de peste.
Il est remarquable que les untori furent une prérogative de cette époque : on ne possède aucun témoignage de leur existence pendant les épidémies antérieures à celle de 1630.
Catégorie :- Essai de langue italienne
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