- Hippomane mancinella
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Hippomane mancinella Branche avec fruit de Hippomane mancinella Classification classique Règne Plantae Sous-règne Tracheobionta Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Sous-classe Rosidae Ordre Euphorbiales Famille Euphorbiaceae Genre Hippomane Nom binominal Hippomane mancinella
L., 1753Classification phylogénétique Clade Angiospermes Clade Dicotylédones vraies Clade Rosidées Clade Fabidées Ordre Malpighiales Famille Euphorbiaceae D'autres documents multimédia
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Hippomane mancinella, le mancenillier[1], est un petit arbre très toxique de la famille des Euphorbiaceae, des régions équatoriales d'Amérique dans les sols secs et sableux.
Étymologie :
Le terme de "mancenillier" dérive de l'espagnol manzanilla ("Petite pomme") en raison de la forme de son fruit.
Sommaire
Description
Ce petit arbre[2] de 5 à 10 m de haut (jusqu'à 25 m en situation abritée), possède le port d'un poirier et une écorce grise assez lisse. Blessé, il produit une sève blanchâtre extrêmement vénéneuse.
Ses feuilles sont luisantes, ovales à elliptiques, de 3 à 20 cm de long. Leur base est arrondie, tronquée à subcordée. Le pétiole de 5-12 cm porte une grosse glande rouge à l'apex.
C'est un arbre monoïque, portant sur un épis (de 4-15 cm) à la fois des fleurs mâles vers l'apex en groupe de 3-5 et des fleurs femelles globuleuses dans les aisselles des bractées inférieures.
La floraison a lieu en février-mars puis en août-novembre.
Le fruit est une drupe de 3 cm de diamètre ressemblant à une petite pomme verte. Ce fruit très toxique exhale pourtant une odeur agréable de citron et pomme reinette.
Écologie
Le mancenillier pousse sur le littoral sableux. On le trouve donc généralement à proximité des plages. Il est présent dans toutes régions sèches et chaudes d'Amérique tropicale: Mexique, Floride, Amérique centrale, Antilles et Nord de l'Amérique du sud. Dans les DOM-TOM on le retrouve en Martinique où il est commun, mais reste par contre plus rare en Guadeloupe.
Composition chimique
Toutes les parties de l'arbre contiennent divers alcaloïdes comme la physostigmine et une sapogénine[3].
Les substances irritantes du latex sont des diterpènes de structure tigliane et daphnane[4],[5] qui deviennent irritantes après estérification. Les structures daphnanes diterpèniques sont l'hippomane A et B. Ce sont les mêmes genres de facteurs irritants que l'on retrouve dans Thymelaea hirsuta ou dans l'huratoxine, extraite de Hura crepitans. De plus, ce sont des substances potentiellement cancérigènes.
Toxicité
Le latex de cette euphorbiacée est très toxique, il déclenche par simple contact avec la peau ou les muqueuses, une réaction inflammatoire intense. Toutes les parties sont empoisonnées mais la quantité de latex peut varier suivant les saisons. Même le bois est toxique et les bucherons qui abattent l'arbre et les menuisiers qui le travaillent doivent prendre de grandes précautions.
Le simple contact cutané avec les feuilles, le fruit ou la sève peut provoquer des dermatites bulleuses sévères, parfois purpuriques[6].
En général, les gens qui mordent dans la "pomme" la recrachent aussitôt en raison de son goût très âcre. Mais s'ils avalent la bouchée, les conséquences peuvent être très graves.
Mordre le fruit entraîne des brûlures intenses, un gonflement des lèvres, la tuméfaction de la langue qui se couvre de cloques. Toute la muqueuse de la cavité buccale se détache ensuite par large plaques. Les œdèmes pharyngés peuvent nécessiter une trachéotomie. L'intoxication s'accompagne d'une chute de la tension artérielle et d'un choc. Les conséquences peuvent être fatales.
En cas de pluie, il convient de ne pas s'abriter sous l'arbre, car l'eau ruisselant des feuilles se charge d'éléments toxiques[7]. C'est pourquoi il est conseillé de ne pas faire la sieste sous l'arbre[8].
Enfin si le pollen emporté par le vent se colle sur la peau, il peut aussi causer de douloureuses dermatites.
Des cas de conjonctivites ont été signalées[7] pour des personnes s'étant assises sous l'arbre.
Utilisations
Il constitue un excellent coupe-vent naturel, ses racines stabilisent le sable et permettent de prévenir l'érosion.
Il a été prétendu[9] que les Caraïbes utilisaient le latex du mancenillier comme poison de flèche mais Vigors Earle[7] rejète catégoriquement cette allégation.
Culture
Dans l'Africaine, opéra de Giacomo Meyerbeer, Sélika se suicide en respirant les effluves toxiques d'un mancenillier.
Dans Madame Bovary, roman de Gustave Flaubert, Rodolphe écrit à Emma : "Moi non plus, je n'y avais pas réfléchi d'abord, et je me reposais à l'ombre de ce bonheur idéal, comme à celle du mancenillier, sans prévoir les conséquences."
Hugo, dans Les Contemplations, Livre 1, "Pleurs dans la nuit" évoque également l'arbre vénéneux et sa légende, qui veut que celui qui s'endort sous son ombre s'expose à un empoisonnement. "Le Doute, fils bâtard de l'aïeule Sagesse, Crie : - A quoi bon ? - devant l'éternelle largesse, Nous fait tout oublier, S'offre à nous, morne abri, dans nos marches sans nombre, Nous dit : - Es-tu las ? Viens ! - Et l'homme dort à l'ombre De ce mancenillier."
Ces apparitions du nom de l'arbre en littérature sont dues à une rumeur dont Littré se fait l'écho dans son dictionnaire : "Le fruit et le suc du mancenillier sont des poisons très subtils ; on prétend que l'ombre même de l'arbre est nuisible ; ce qui paraît une erreur. " Emile Littré, article "Mancenillier"
Références
- aussi médecinier aux Saintes, ou "arbre de mort", arbol de la muerte au Venezuela
- Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana editions, Cirad, 2002 (ISBN 2-87614-489-1 (Cirad, Tome 1). - 2-87614-492-1 (Cirad, Tome 2).)
- Sastre C., Breuil A., Plantes, milieux et paysages des Antilles françaises. Ecologie, biologie, identification, protection et usages., Biotope, Mèze, 2007
- Lewis S. Nelson, Richard Shih, Michael Balick, Handbook of Poisonous And Injurious Plants, Springer-Verlag, 2007
- (en) W. Adolf, E. Hecker, « On the irritant and carcinogenic principles of Hippomane mancinella », dans Tetrahedron Letters, vol. 19, 1975, p. 1587-1590
- Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, 2009, 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
- (en) K. Vigors Earle, « Toxic effects of Hippomane mancenella », dans Transactions of the royal society of tropical medicine and hygiene, vol. XXXII, no 3, 1938
- On voit cependant des Martiniquais faire du camping sauvage sous les mancenilliers moyennant quelques précautions
- Posada-Arango A., « Le poison des sauvages du Choco », dans Pabellon medico, vol. 16, 1871
Liens externes
- Référence Catalogue of Life : Hippomane mancinella (en)
- Référence Tela Botanica (Antilles) : Hippomane mancinella L. (fr)
- Référence ITIS : Hippomane mancinella L. (fr) ( (en))
- Référence NCBI : Hippomane mancinella (en)
- Référence GRIN : espèce Hippomane mancinella L. (en)
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