Hans Haug

Hans Haug

Hans Haug, en 1890 à Niederbronn (Alsace-Lorraine) et mort en 1965 à Héming (Moselle), est un historien dart et un conservateur de musée.

Sommaire

Enfance et formation

Hans Haug naît en 1890 en Alsace durant la période du Reichsland, dans une famille bourgeoise et intellectuelle de longue tradition francophile. En 1907, à lâge de 17 ans, il quitte le lycée sans avoir passé ses derniers examens et devient assistant au musée des Arts décoratifs de Strasbourg, alors nommé Hohenlohemuseum. Autodidacte, cest dans ce cadre quil sinitie à lhistoire de lart et à la muséographie. Il débute également un cursus universitaire (Strasbourg, Paris, Munich), interrompu par la Première Guerre mondiale durant laquelle il sert dans larmée allemande.

En 1918, il regagne Strasbourg. La direction des musées strasbourgeois est vacante, du fait du départ de ladministration allemande. Hans Haug est alors nommé conservateur des deux musées dart strasbourgeois : le musée des Beaux-Arts et le Hohenlohemuseum[1].

Le conservateur de musées

1919-1939

Hans Haug sattache à regrouper les collections en des ensembles chronologiques distincts. Lancien Hohenlohemuseum, rebaptisé musée des Arts décoratifs, prend alors place au château des Rohan, regroupant dès lors les collections du XVIIIe siècle. Hans Haug, avec l'aide d'Alfred et Théodore Ungerer, met également en place en 1924 la salle d'horlogerie,[2] qui abrite les restes de la seconde horloge astronomique de Strasbourg. Hans Haug est également à lorigine de la création du musée Historique, destiné à retracer le passé militaire français de lAlsace. Puis, en 1931, il regroupe les très riches collections des périodes médiévales et Renaissance, qui, exposées au sein de la maison de lŒuvre Notre-Dame, constituent désormais le musée du même nom.

Ces musées sont installés dans des bâtiments historiques, la volonté de Hans Haug étant de toujours associer les œuvres au cadre qui les abrite et de créer ce quon nommera des « musées dambiance ».

Parallèlement, il mène une politique dacquisition très active, privilégiant les œuvres dart françaises mais sattachant aussi à compléter les sections dart régionales (céramique, orfèvrerie, sculptures).

Enfin, il structure les musées strasbourgeois en réseau : le Musée alsacien, fondation privée, devient municipal, de même que le Musée de la société pour la conservation des musées historiques dAlsace qui prend alors le nom de Musée archéologique[3].

1939-1945

En 1939, Hans Haug prend en charge lévacuation des collections municipales vers la Dordogne. Réclamées par les Allemands après larmistice, celles-ci sont réexpédiées vers lAlsace, toujours sous la direction dHans Haug. Durant lannée 1940, il veille au bon déroulement de ces opérations, sattachant avant tout à préserver les collections de tout dommage[4].

En février 1941, il est expulsé pour francophilie ; ladministration de Strasbourg replié (Périgueux)[5] lautorise à se mettre à la disposition des Musées nationaux. On lui confie alors la responsabilité du château de Cheverny, qui abrite une partie des collections du musée du Louvre.

Il est de retour à Strasbourg au lendemain de la libération de la ville, et dès 1945, il est réintégré dans ses fonctions davant-guerre. En 1946, déjà conservateur du Musée des beaux-arts, du Musée des arts décoratifs et du Musée de l'Œuvre Notre-Dame, il devient conservateur en chef de la totalité des musées municipaux, dont le réseau se constitue en une véritable entité administrative[3].

1945-1963

Tombe de Hans Haug et de sa femme au Cimetière Nord de Strasbourg

À partir de 1945, Hans Haug va se consacrer dabord à la reconstruction du château des Rohan, presque entièrement détruit par des bombardements alliés en août 1944. Ce chantier loccupe jusque dans les années 1960, et nest pas achevé lors de son départ à la retraite en 1963.

Au fur et à mesure de la reconstruction, le musée des Arts décoratifs et le musée des Beaux-Arts retrouvent dans le bâtiment la place quils occupaient avant-guerre. Parallèlement, le musée de lŒuvre Notre-Dame bénéficie dune refonte complète.

Malgré le coût de la reconstruction du château des Rohan, Hans Haug parvient à reprendre sa politique dacquisition davant-guerre[6]. Il sappuie pour ce faire sur un vaste réseau de collectionneurs et de mécènes, parmi lesquels Cécile de Rothschild, qui va surtout permettre lacquisition du tableau de Nicolas de Largillière, La Belle Strasbourgeoise. En 1963, il part à la retraite. Le 1er décembre 1965, il meurt dans un accident de voiture[1].

Lhistorien dart

Dès les années 1910, Hans Haug publie des ouvrages savants sur la céramique et lorfèvrerie, deux domaines dans lesquels il deviendra un spécialiste réputé.

Esprit curieux et ouvert, il refuse très tôt de se cantonner à un sujet précis et sintéresse autant à larchitecture, quà la sculpture ou à la peinture. Durant toute sa période dactivité, il va ainsi signer la quasi totalité des guides et catalogues des musées strasbourgeois et des expositions organisées par la ville, tous domaines confondus.

Les sujets très différents quil aborde se regroupent néanmoins sous le dénominateur commun de lart en Alsace, qui est également le titre de son ouvrage le plus célèbre, publié chez Arthaud (Grenoble) en 1962.

Ses attaches régionales et les sentiments profonds qui lunissent à son terroir natal amènent parfois Hans Haug sur le terrain de la subjectivité. Certains de ses travaux consacrés à la peinture alsacienne de la Renaissance en portent la trace : aussi ont-ils été contestés dès leur parution[7]. Toutefois, Hans Haug historien dart est aussi à lorigine de découvertes majeures : ainsi, ses travaux sur le peintre Sébastien Stoskopff, qui ont permis de reconstituer le corpus de lartiste[8].

L'artiste

Hans Haug s'est également fait connaître comme dessinateur sous le nom de Balthasar. En plus des multiples dessins qu'il réalisait pour ses loisirs, il a aussi dessiné des étiquettes de vin, des affiches d'exposition, des plaquettes publicitaires pour les musées de Strasbourg. Ses dessins les plus intéressants concernent ses projets muséographiques[9].

Bibliographie

Choix douvrages de Hans Haug

Histoire de lart de lAlsace

Sur les musées de Strasbourg

  • Le Musée des Beaux-Arts de Strasbourg (Peintures), Braun, Paris, 1926.
  • « Le Musée de l'Œuvre Notre-Dame à Strasbourg », La Vie en Alsace, IX, p. 121-152, Strasbourg, 1931, ISSN 0183-6498. Tiré à part : La Vie en Alsace éd., 1931.
  • Les Grands Appartements des Cardinaux de Rohan. Notice et guide du visiteur, A. et F. Kahn, Strasbourg, 1936.
  • Musée des Beaux-Arts de la Ville de Strasbourg. Catalogue des peintures anciennes, Musées municipaux, Strasbourg, 1938.
  • Le Musée de l'Œuvre Notre-Dame à Strasbourg. Notice et guide du visiteur, Braun et Cie, Paris 1939.
  • « Les musées de Strasbourg 1900-1950 », Saisons d'Alsace, n° 3, p. 311-339, Strasbourg, 1950, ISSN 0048-9018. Tiré à part : Saisons dAlsace éd., 1950.
  • Les Musées de Strasbourg. Notice et guide à travers les bâtiments et les collections, Musées municipaux, Strasbourg, 1954.
  • La peinture française au Musée des Beaux-Arts de Strasbourg, Musées municipaux, Strasbourg, 1955.
  • Le Château des Rohan et ses musées. Notice et guide du visiteur, Musées municipaux, Strasbourg, 1961.

Peinture

  • Grünewald (Mathis Nithart), collection Les Maîtres, Braun, Paris, 1935.
  • « La Belle Strasbourgeoise », Archives alsaciennes dhistoire de lart, XV, p. 151-157, Strasbourg, 1936.
  • « Sébastien Stoskopff, peintre de natures mortes (1597-1657) », Archives alsaciennes dhistoire de lart, XVI, p. 23-72, Strasbourg, 1948.
  • Gustave Doré. Catalogue des œuvres originales et de lœuvre gravé conservés au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, Musées municipaux, Strasbourg, 1954. Existe en allemand : Dernières Nouvelles dAlsace éd., 1954.
  • Natures mortes : Catalogue de la collection du musée des Beaux-Arts de Strasbourg, Musées municipaux, Strasbourg, 1954. Nouvelle édition revue et corrigée : 1962.
  • Catalogue de lexposition d'œuvre de Benjamin Zix à l'occasion du cent-cinquantième anniversaire de sa mort (en coll. avec Paul Martin), Château des Rohan, Strasbourg, décembre 1961-février 1962, Musées municipaux, Strasbourg, 1961.
  • « Nicolas de Largillierre. La Belle Strasbourgeoise », Saisons d'Alsace, n° 8, p. 457-466, Strasbourg, 1963, ISSN 0048-9018.

Arts du feu

  • Les Faïences et Porcelaines de Strasbourg, Compagnie alsacienne des arts photomécaniques, A. et F. Kahn, Strasbourg, 1922.
  • La Faïencerie de Strasbourg, Compagnie des arts photomécaniques, Strasbourg, 1950. Réédition : 1952.
  • Strassburger Fayence, Darmstadt, F. Schneekluth, 1957.

Notes et références

  1. a et b Anne-Doris Meyer et Bernadette Schnitzler (dir.), Hans Haug, homme de musées. Une passion à lœuvre, Musées de Strasbourg éd., Strasbourg, 2009, (ISBN 978-2-351-25071-6)
  2. Hans Haug avait l'intention de publier un catalogue des collections d'horlogerie du musée, mais ce projet ne s'est jamais concrétisé, probablement suite au décès prématuré de Théodore Ungerer en 1935.
  3. a et b Bernadette Schnitzler, Histoire des musées de Strasbourg. Des collections entre France et Allemagne, Musées de Strasbourg éd., Strasbourg, 2009, ISBN 9782351250419
  4. Élodie Thouvenin, « Kurt Martin et les musées alsaciens pendant lOccupation (1940-1944) », Cahiers alsaciens darchéologie, dart et dhistoire, XLV, 2002, p. 165-177, ISSN: 0575-0385; Bernadette Schnitzler, « Les Musées de Strasbourg de 1939 à 1945 », Revue dAlsace, no 121, 1995, p. 157-174, ISSN 0181 6 0448 ; Tessa Friederike Rosebrock, « Die Straßburger Museen in der Zeit von 1940-1944. Rückführung, Ankauf und Bergung von Kunstwerken unter Kurt Martin und der Generaldirektion der oberrheinischen Museen », Jahrbuch der Staatlichen Kunstsammlungen in Baden-Württemberg, t. 43, 2006, p. 99-122, (ISBN 978-3-422-06677-9)
  5. Service de communication de la Ville de Strasbourg, Cinquante ans, l'évacuation : Strasbourg-Périgueux, Ville de Strasbourg éd., Strasbourg 1989
  6. Dominique Jacquot, De Giotto à Corot, cinq siècles de peinture au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, Musées de Strasbourg éd., Strasbourg 2006,ISBN 2901833780; Étienne Martin, Deux siècles dorfèvrerie à Strasbourg, XVIIIe-XIXe siècles dans les collections du musée des Arts décoratifs, Musées de Strasbourg éd., Strasbourg, 2004, ISBN 978-2901833802
  7. Philippe Lorentz, « La géographie artistique de lOberrhein à léchelle dun foyer : attraction et rayonnement de Strasbourg à lépoque du Gothique « international », dans Peter Kurman et Thoma Zotz (dir.), Historische Landschaft-Kunstlandschaft ? Der Oberrhein im späten Mittelalter, p. 401-418, ISBN 978-3-7995-6868-5, Thorbecke, Ostfildern, 2008
  8. Cécile DUPEUX et Michèle-Caroline HECK (dir.), Sébastien Stoskopff (1597-1657), un maître de la nature morte, catalogue dexposition, Strasbourg, Musée de lŒuvre Notre-Dame (15 mars-15 juin 1997) et Aix-la-Chapelle, Musée Suermondt-Ludwig (juillet-octobre 1997), Paris, Réunion des Musées Nationaux, 1997, ISBN 2-7118-3545-6
  9. Paul Ahnne, Balthasar (Hans Haug), Dernières Nouvelles dAlsace éd., Strasbourg, 1950

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