- Guillaneu
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La Guillaneu, l'aguilaneu, L’aguillanu, la Dilannu ou le « gui l’an neuf » est un personnage folklorique autrefois évoqué durant la période de l'Avent, jusqu'au nouvel an. C'est une cavalière mystique que l'on retrouve dans des chansons du folklore français au XIXe siècle, particulièrement en Vendée et dans le Poitou. Ces chansons ont été consignées par Arnold van Gennep. Pierre Dubois présente la Guillaneu comme un être fée et sorcière, montant son cheval fou sans queue ni tête[1].
Sommaire
Étymologie
Cf. hogmanay.
Chansons de quête de la Guillaneu
La Guillaneu serait une cavalière qui visitait l’ouest et le centre de la France durant la période du nouvel an, liée aux cadeaux qui s'échangeaient à cette époque. En Vendée et dans l'île d'Oléron, elle personnifiait la traditionnelle quête de Noël : les enfants passaient de maison en maison à la veille du jour de l'an ou de l'épiphanie afin de récolter un peu d'argent, tout en chantant l'une des versions de la chanson. Selon cette chanson, la Guillaneu serait abritée par les adultes dans leur maison, et c'est elle qui donnerait les cadeaux aux enfants[2].
Dans plusieurs cantons de la Bretagne, les pauvres gens, à l'époque de la Noël, se réunissaient toutes les nuits par troupes pour quêter de village en village, chantant une vieille chanson dialoguée. Leur troupe était précédée par un vieux cheval orné de rubans et de lauriers, chargé des produits de leur quête. Ils les apportent, lorsque la tournée est achevée, chez l'un d'entre eux, et se les partagent. Ils portaient des tambourins, jouaient du fifre, ils marchaient longuement en chantant une chanson que le chef de la troupe leur apprenait. Leur cri était : « Ha ! Dieu te gard' ! Or çà, compain, donne-nous aguilaneuf ! »[3]
Au XVIe siècle, la tradition était beaucoup moins pacifiste puisqu'au jour convenu de la quête, les pauvres s'équipaient de bâtons, de fourches, de piques et d'épées, et l'homme en tête de la troupe portait une arbalète afin de menacer l'habitant[3].
La même coutume existait autrefois dans un grand nombre de provinces de France et les chants varient selon les contrées. La tradition de la Guillaneu est vraisemblablement à l'origine de la chanson La Guignolée introduite à Montréal.
Chanson en vieux français Traduction moderne - La voué beille la guilloneu
- La hoou peur la fenête
- Sur in petit chevau grisan
- Qui n’a ni quû, ni pés ni tête
- Les quatre pés ferrés tot nus.
- (Je) la vois bien la Guillaneu
- Là haut par la fenêtre
- Sur un petit cheval gris
- Qui n’a ni queue, ni pieds ni tête
- Les quatre pieds ferrés tout neufs.
Chanson en vieux français - L’aguillanu elle est là-haut
- Sur la fenêtre
- Ol est un petit chevau blanc
- Sans queue ni tête
- I vous souhaitons la bonne année
- Donnez-nous va l’aguilaneu
Version du Poitou, de la Saintonge et de l'Angoumois
Extraite de l'ouvrage Chants populaires de la Bretagne.
Chanson en vieux français[3]. - Messieurs et mesdames de cette maison,
- Ouvrez-nous la porte, nous vous saluerons.
- Notre guillaneu nous vous le demandons.
- Guiettez dans la nappe, guiettez tout au loug,
- Donnez-nous la miche et gardez l'grison.
- Notre guillaneu nous vous le demandons.
Version du Limousin
Chanson en vieux français[3] - Arribas ! Som arribas ! (Arrivés ! Nous sommes arrivés !)
- Le guillaneu nous faut donner, gentil seigneur
- Le guillaneu donnez le nous, à nous compagnons
Une fois satisfaits, les quêteurs du limousin font des vœux pour leur bienfaiteur, sans oublier de remercier son bouvier, son porcher, et tous ses serviteurs.
Origine et fonction
En se basant sur le fait que la Guillaneu est visible depuis l'extérieur par les enfants, Arnold van Gennep a supposé que la monture sans queue ni tête serait tout simplement la table qui contient les cadeaux et les étrennes du nouvel an, s'étonnant tout de même que la chanson place la cavalière sur une table[4]. Selon une étude beaucoup plus récente, ce cheval mystique que chevauche la Guillaneu pourrait être issu de Sleipnir[5].
Notes et références
- Pierre Dubois (ill. Roland et Claudine Sabatier), La Grande Encyclopédie des fées [détail des éditions] p. 29
- Mergnac et al. 2003, p. 54
- Ricard 1868, p. 79
- van Gennep 1987, p. 3026
- Benoît 2001, p. 235
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Louis Ricard, L'Écho de la France, vol. 6, L. Ricard., 1868
- Arnold van Gennep, Manuel de folklore français contemporain: Cycle des douze jours, t. 7, Picard, 1987
- Arnold van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, t. 8, Picard, 1988, p. 3473-3482
- Jérémie Benoît, Le paganisme indo-européen: pérennité et métamorphose : Collection Antaios, L'Âge d'Homme, 2001, 266 p. (ISBN 9782825115640) [lire en ligne (page consultée le 24-09-2009)], p. 235
- Marie-Odile Mergnac, Anne-Claire Déjean, Max Déjean et Jacques Lambert, Les Noëls d'autrefois, Éditions Archives & Culture, 2003, 112 p. (ISBN 9782911665738)
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