- Grammaire contextuelle
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Une grammaire contextuelle (en anglais context-sensitive grammar) est une grammaire formelle dans laquelle les substitutions d'un symbole non terminal sont soumises à la présence d'un contexte gauche et d'un contexte droit. Elles sont plus générales que les grammaires algébriques. Les langages formels engendrés par les grammaires contextuelles sont les langages contextuels. Ils sont reconnus par les automates linéairement bornés.
Les grammaires contextuelles ont été décrites par Noam Chomsky[1]. Ce sont les grammaires de type 1 dans la hiérarchie de Chomsky. Elles peuvent servir à décrire la syntaxe de langages naturels où il apparaît qu'un mot est approprié dans un certain contexte, mais ne l'est pas par ailleurs.
Sommaire
Définition formelle
Un grammaire formelle G = (V,A,P,S), (où V est l'ensemble des variables ou symboles non terminaux et A est l' alphabet terminal ou l'ensemble des symboles terminaux) est contextuelle si toutes les règles de P sont de la forme
où u, v et x sont des mots quelconques, avec x non vide, et X est une variable. Ainsi, le remplacement de X par x se fait en présence du « contexte » (u,v).
Variante
Parfois, on permet la règle
où ε désigne le mot vide, sous réserve que S n'apparaisse pas dans un membre droit de règle. Cette convention technique permet de considérer les langages contextuels comme un sur-ensemble des langages algébriques, sans être devoir préciser que l'inclusion est limitée aux langages ne contenant pas le mot vide.
Grammaire croissante
Une grammaire est croissante ou monotone si, pour toute règle , la longueur de α est inférieure ou égale à la longueur de β. On sait transformer une grammaire croissante en une grammaire contextuelle (voir ci-dessous). Par conséquent, Les langages engendrés par les grammaires croissantes sont exactement les langages contextuels ne contenant pas le mot vide.
Une grammaire est en forme normale de Kuroda si les règles sont de l'une des formes suivantes:
où X,Y,Z,T sont des variables et a est une lettre terminale. Les grammaires en forme normale de Kuroda sont croissantes. Réciproquement, on sait transformer une grammaire croissante en une grammaire en forme normale de Kuroda. Par conséquent, ces grammaires engendrent exactement les langages contextuels ne contenant pas le mot vide. Elles sont nommées ainsi d'après Sige-Yuki Kuroda (en).
Exemples
- La grammaire suivante engendre le langage non algébrique :
Les deux premières règles servent à engendrer les mots an(BC)n. Les trois règles suivantes permettent de remplacer CB par BC. La dérivation pour aaabbbccc est la suivante:
Le même langage peut être engendré par la grammaire croissante suivante:- La grammaire croissante suivante engendre le langages non algébrique des carrés :
La dérivation de abaaba est la suivante:Grammaires croissantes et grammaires contextuelles
Voici comment on peut transformer une grammaire croissante en une grammaire contextuelle[2]. Quitte à introduire de nouvelles règles de la forme , où a est une lettre, on peut supposer toutes les règles de la forme
où et tous les symboles sont des variables. On remplace une telle règle par l'ensemble suivant:
Par exemple, la règle suivante:
est transformée en
Problèmes de décision
Le problème de savoir si un mot x appartient au langage engendré par une grammaire contextuelle donnée est décidable, mais il est complet dans la classe PSPACE, au sens de la complexité algorithmique. Le problème de décider si le langage engendré par une grammaire contextuelle est vide est indécidable.
Applications
On a constaté que les langues naturelles peuvent être décrites, en général, par des grammaries contextuelles. Toute fois, la classe des langages contextuels est bien plus large que celle des langues naturelles. De plus, comme le problème de décision est complet pour PSPACE, cette description n'est pas utilisable en pratique. C'est pourquoi la linguistique s'est orientée vers l'élaboration de modèles de grammaires plus spécifiques, comme les grammaires faiblement contextuelles (en), les grammaire d'arbres adjoints, les grammaires catégorielles combinatoire (en), ou d'autres systèmes. Le langages engendrés par ces grammaires se rangent strictement entre les langages algébriques et les langages contextuels.
Notes
- Noam Chomsky, « Three models for the description of language », dans IRE Transactions on Information Theory, no 2, 1956, p. 113–124 [texte intégral]
- Carton (2008), page 158-159
Références
- Olivier Carton, Langages formels, calculabilité et complexité, Vuibert, 2008 (ISBN 978-2-7117-2077-4)
- Michael Sipser, Introduction to the Theory of Computation, PWS Publishing Company, 1996 (ISBN 0-534-95250-X)
- Pierre Wolper, Introduction à la calculabilité, Paris, Dunod, 2006, 3e éd. (ISBN 2-10-049981-5)
Voir aussi
Traduction
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Context-sensitive grammar » (voir la liste des auteurs)
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