François Jourgniac de Saint-Méard

François Jourgniac de Saint-Méard

François Jourgniac de Saint-Méard, en 1745 à Bordeaux et mort le 3 février 1827 à Paris, est un militaire et publiciste français.

Dune vieille famille originaire du Limousin, Saint-Méard servit dans le régiment du roi-Infanterie, de 1766 jusquà la dissolution de ce corps en 1790, au début de la Révolution, ayant gravi tous les échelons pour atteindre le grade de capitaine commandant dune compagnie de chasseurs. Se trouvant à Nancy au moment de linsurrection militaire qui éclata en 1790, il fut choisi comme commandant par les régiments mutinés, qui le nommèrent leur général et le forcèrent à marcher à leur tête sur Lunéville, mais il trouva le moyen de les abandonner en route, et les insurgés, se croyant trahis, le condamnèrent à mort trois jours plus tard.

Saint-Méard vint alors à Paris , dévoué à la monarchie, il est surtout connu pour avoir fourni beaucoup de calembours et de paragraphes au Journal de la cour et de la ville petite feuille satirique royaliste connue sous le nom du Petit Gautier, qui jouissait dune certaine vogue et son tour desprit et ses sarcasmes en faisaient un redoutable adversaire. Il fut arrêté et emprisonné à lAbbaye, après la prise de pouvoir de la Commune insurrectionnelle de Paris, à la suite de linsurrection du 10 aout 1792, moins pour ce grief que pour une querelle quil eut quelque temps avant le 10 aout, chez le libraire Desenne, avec le magistrat Manuel. Cette querelle avait fait tant de bruit que Saint-Méard avait cru nécessaire de faire imprimer en forme de dialogue, son apologie, afin de ne pas être déchiré tout de suite par les volontaires de Manuel, nommé procureur syndic de la Commune de Paris le 13 aout. Dès lors lapologie ne fut plus suffisante et Manuel, qui était venu retirer Beaumarchais de lAbbaye le 30, y laissa Saint-Méard qui fut le témoin oculaire des massacres de Septembre auxquels il eut la chance déchapper grâce à sa connaissance du provençal[1] : Saint-Méard sadressa en cette langue au soldat qui le traduisait au guichet. « Pourquoi es-tu ici ? lui répondit le soldat. Si tu nes pas un traitre, le président, qui nest pas un sot, saura te rendre justice. Ne tremble pas, et réponds bien. » Saint-Méard fut présenté à Maillard, qui lui fit grâce et le protégea par la suite. Saint-Méard a raconté cette terrible expérience dans une brochure intitulée Mon agonie de trente-huit heures, ou Récit de ce qui mest arrivé, de ce que jai vu et entendu pendant ma détention dans la prison de labbaye Saint-Germain depuis le 22 août jusquau 4 septembre (Paris, Desenne, 1792, in-8°, 61 p.) qui connut plus de cent éditions.

Après la Terreur, Saint-Méard continua de fréquenter les salons littéraires de Paris, on lui décerna le titre humoristique de « président et directeur général en chef de la Société universelle des gobe-mouches ». Saint-Méard, qui était passé à travers le Directoire et lEmpire, sans laisser de trace, alla sengager, au mois de mars 1815, parvenu à un âge avancé il sétait entièrement retiré de la politique, comme volontaire royaliste chez le lieutenant-général comte de Vioménil. Sept ans plus tard, pendant la Restauration quÆil avait accueillie avec transport, il demanda le grade de colonel et la permission de prendre sa retraite à demi-solde qui lui furent refusés par ladministration car il navait pas émigré. Devant cet échec, il se mit à publier diverses brochures piquantes qui lui valurent enfin une pension sur la liste civile. Il avait, du reste, sauvé quelques débris de sa fortune, et il passa le reste de vie au café Valois distribuant des brevets de gobe-moches à ses amis. Selon Grimod de La Reynière, « il gobait autre chose que des mouches et présentait en sa personne lexemple dun des plus vastes appétits de Paris. »

Il a écrit sous les pseudonymes de « Un Prisonnier détenu à l'abbaye Saint-Germain », « J***** » et « J.......C St. M...D ». Il était chevalier de lordre royal et militaire de Saint-Louis.

Notes

  1. La coopération ardente et presque exclusive des Marseillais aux massacres de septembre est attestée par le fait que les individus avec lesquels les prisonniers furent en contact parlaient tous le provençal.

Sources


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article François Jourgniac de Saint-Méard de Wikipédia en français (auteurs)

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