Refuge de Grasla

Refuge de Grasla

La forêt de Grasla servit de refuge (Refuge de Grasla, ou de Grala, orthographié aussi Gralas sur les cartes) aux villageois vendéens pendant les guerres de Vendée en 1793-1794 : femmes, enfants et vieillards, deux mille vendéens environ, y fuirent leurs maisons incendiées et les colonnes infernales de Turreau, trouvant refuge dans les bois. On y avait bâti des huttes de rondins et de feuillages, semblables aux huttes circulaires et aux rues pavées de bois des Gaulois. Les vastes ramures des chênes les abritaient de la pluie et des orages[1].

Sommaire

Localisation

Article détaillé : Les Brouzils.

Le Refuge de Grasla est situé à côté des Brouzils dans la quartier de la forêt de Grasla dit du Demi-Jour et du Chêne Chevreux, dans un quartier de la forêt appelé " Les Pralières" ou les Loges[2] », près du bourg de La Copechagnière, village de bûcherons proche de la forêt (de cope, couper et chagne, chêne, d'où chanière plantation de chênes)[3]. Il s'y trouva ensuite des prés, connus sous le nom de prés de la « chaussée de l'étang ».


Au cœur du massif forestier de Grasla, se trouve le Refuge où les populations de communes situées au nord et à l'est se sont cachées pour fuir la violence de la répression contre les insurgés vendéens. Un sentier de la lisière, de six kilomètres, permet de joindre la « Pierre Blanche » (pierre mégalithique, Bloc de Quartz) au Chêne Chevreux [4] : cet arbre millénaire, encore vivant, situé au carrefour de trois chemins, aurait été point de ralliement lors de la guerre de Vendée. Son nom viendrait du mot chevreuil. Ses branches qui s'élèvent au dessus du tronc séculaire étaient dépouillées de leurs rameaux, et les branches inférieures jeunes et verdoyantes. Quelques légendes l'entouraient de mystère.

Le « sentier du Refuge » est long de 3,5 kilomètres. De la « Pierre Blanche », l'allée "du gros bois" puis un sous bois agréable vous mènent au Refuge de Grasla. Ce site visitable rappelle les évènements qui ont marqué l'histoire du bocage et celle de ses habitants pendant la guerre de Vendée. Depuis 1987, des bénévoles ont construit des loges de perches et de brandes, une forge, chapelle, charbonnière... afin d'évoquer la vie de Grasla telle que les documents permettent de la connaître. 2000 personnes - moins de 200 noms sont connus -, se seraient ainsi réfugiées de janvier à juillet 1794 afin d'échapper aux colonnes créées par le général Turreau.

La promenade se termine par l'allée du "demi-jour" allant du Chêne Chevreux à la Pierre Blanche. Elle est appelée ainsi en raison de la faible lumière traversant ses chênes denses. Cette futaie a été coupée en bois de construction pour la ville de Napoléon (La Roche-sur-Yon) en 1810.

Le retour se fait par la croix de Charette érigée par le Souvenir vendéen en 1973, les étangs puis le Chêne Chevreux et enfin, l'allée du "demi-jour" menant à la Pierre Blanche[4].

Le Refuge de Grasla

Sa population

Chacun y avait transporté son ménage et ses provisions. Cabanes et huttes formaient une véritable ville champêtre: « Des branches appuyées sur les troncs des arbres , et supportées par de forts piquets , formaient la charpente de chaque habitation ; d'autres branches entrelacées et tapissées de mottes de gazon servaient de murs ; ces cabanes alignées sur plusieurs rangs, présentaient l'aspect de rues pavées d'une herbe courte et épaisse, Au-dessus, les grandes branches des chênes touffus s'élevaient en dôme et protégeaient la ville contre les ardeurs de l'été et les vents orageux ...  » [5]. On y vivait sous ces cabanes [6]. Les différents métiers y étaient exercés, par exemple par des forgerons, des armuriers et des charpentiers. Ceux-ci pouvaient travailler en sans inquiétude grâce aux guetteurs placés dans les arbres qui donnaient l’alerte dès que des soldats s’approchaient de la forêt. On y trouvait des boutiques et des marchands, des métiers, comme le maréchal-ferrant ou le forgeron. Un légende tenace affirme que le trésor de Charette serait caché aux environs[7]

Église et registres clandestins

On y trouvait une église, et comme en de nombreux endroits de France, des prêtres réfractaires réfugiés là, y célébraient la messe et donnaient les sacrements, tels les curés Payraudeaux et Jagueneau [8] ou le vicaire Goillandeau[9], qui tenait le registre paroissial clandestin[10] et donnait l'extrême onction aux soldats de Charette mourants ou marie la pupille du général au chirurgien Bluet. Il indique sur ce registre consultable aux Archives de la Vendée, les victimes républicains et les décès, les mariages, des baptêmes, 162 personnes en tout, cinq naissances, vingt baptêmes, dix-huit décès, ou bien cent victimes, six enfants[11].

Un hôpital sylvestre

Un hôpital de fortune, avec des ambulances et des matelas, des couvertures, organisé par le chirurgien Desormeaux accueillait les blessés qui revenaient de la guerre se faire soigner ou mourir[12].

Combats environnants

La forêt de Grâla, aux épaisses futaies, servit aussi de refuge aux soldats de Charette. « La forêt de Grala, les bois de Légé et les buissons du Grand-Luc furent principalement le théâtre de ses plus admirables évolutions. Elles déconcertèrent toujours les généraux républicains »[13]. Les soldats républicains firent souvent des incursions dans cette forêt mais sans le trouver. Le 10-16 juillet 1794 : le général Ferrand lance cependant une expédition avec 3600 hommes vers le refuge de la forêt de Grasla mais le trouve désert, abandonné. Il écrivit son histoire.

Association du Refuge de Grasla

Le refuge de Grala devint un lieu de mémoire puis un centre touristique et attractif.

  • Le 17 juin 1973, a été édifiée une croix commémorative rappelant les séjours de Charette et de ses fidèles dans le refuge.
  • Des études historiques furent entreprises par l'Association du Refuge de Grasla qui assure l'animation du site.
  • Un Salon du livre vendéen s'y déroule chaque année depuis 2006 et un concours de « Contes et Légendes » de Vendée organisé en 2010.
  • Un spectacle, « Pierre, capitaine de paroisse », évoque cette vie dans les bois grâce au témoignage du général Ferrand, qui a découvert le site, vide, et en a dressé la description en 1794[14]

Références

  1. Georges Bordonove cité par JL Le Quellec, Le chouan dans le chêne et l'arbre sur la tombe [1]
  2. « Le mot loge, qui tire son origine du haut allemand lauba, laubja [...] désignait originellement une cabane de feuillage établie dans une forêt; c'est de ce mot que viennent logis et loger... On a donné le nom de loges aux abris-refuges établis dans la forêt de Grasla par les Vendéens insurgés en 1793. A noter que la forme pluriel "les Loges" désignait primitivement un groupe de cabanes, de "loges" ». Source : Archives-Vendée, Dictionnaire [2]
  3. [3]- Notes Historiques sur la paroisse de Chavagnes La Copechanière
  4. Le sentier en images
  5. Isidore Massé, dans Histoire des guerres de la Vendée: comprenant l'histoire de la Révolution ...
  6. Médecine et médecins pendant la guerre de Vendée: 1793-1796 Gaston Blandin Éditions du Choletais, 1990 - page 132
  7. le trésor de Charette Avec cartes
  8. Ils furent massacrés ensuite au Poiré. Cf. Vie de M. Monnereau, curé des Brouzils et Le clergé vendéen, victime de la Révolution française: notices biographiques (1904) - Armand Baraud, page 331
  9. Notices sur les confesseurs de la foi dans le diocèse de Nantes, Volume 1‎ - Page 645 P. M. Briand - 1908 : M. Goillandeau (Pierre-Etienne), né à Vieillevigne, ordonné le 27 février 1779, vicaire, mort à Vieillevigne le 17 août 1822, à l'âge de 69 ans.
  10. Quelques-uns de ces registres clandestins sont conservés Mairie des Brouzils ou numérisés : Archives de la Vendée etLE REGISTRE GOILLANDEAU De 1794 à 1797
  11. La Vendée aux lèvres closes : Pierre Monnereau, le saint oublié, 1787-1856, Marguerite Vrignaud -Centre vendéen de recherches historiques, 1998, page 57 et 121
  12. La bataille de Savenay dans la Révolution, l'hôpital sylvestre et Annales de Bretagne et des pays de l'ouest, Anjou, Maine, Touraine, Volume 97 , Les Hôpitaux Forestiers, page 396. et Médecine et médecins pendant la guerre de Vendée: 1793-1796,Gaston Blandin, Éditions du Choletais, 1990 - 157 pages
  13. /Deniau
  14. Le refuge de Grasla : la mémoire dans le cœur

Localisation

Lien externe

Liens connexes

Bibliographie

  • Bibliographie générale, Association Refuge de Grasla
  • La forêt de Grasla - Maurice de Gouttepagnon.-Éditeur impr. Lafolye, 1897
  • La Vendée: Poëme en douze chants Par B. Moreau
  • Le registre paroissial de Grasla : martyrologe de la paroisse des Brouzils (1793-1794).- Amblard de Guerry de Beauregard. - Fontenay-le-Comte : Impr. Lussaud frères., 1944. -24 cm.. In : Revue du Bas-Poitou (tiré à part). - (Juillet 1944)
  • La reconstruction du refuge de Grasla : pages d'histoire [publié par l'] Association du refuge de Grasla. - Les Brouzils : Association du refuge de Grasla, [1991] 1991. - 23 p.
  • Refuge de Grasla : histoire d'un lieu, d'une population / Georges de Guerry, Luc-André Biarnais. - Les Brouzils : Association Le Refuge de Grasla, 2002.
  • Dabreteau Armand Le général Ferrand découvre le "Refuge de Grasla", 12 Juillet 1794, 2005
  • L'abbé Grégoire, Chateaubriand, Pierre Larousse, compagnies franches, combat du chêne, refuge de Grasla : journée historique de Legé, 30 juin 2007 / dir. abbé Alain Chantreau, Jean-Marc Gaillard *
  • Le refuge de Grasla : 1794. - N°34 (juill. 2000) - . - Les Brouzils : Association du refuge de Grasla
  • En mémoire des réfugiés de la Terreur dans la forêt vendéenne, L'association du Refuge de Grasla en Vendée, Marie-Odile Butel, 26 févr. 2010 (sur le net)

Vidéo


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