- Gogyōka
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Un gogyōka (五行歌?, « poème de cinq lignes ») est une forme de poésie japonaise créée par Enta Kusakabe (草壁 焔太?) dans les années 1950 afin de se libérer des contraintes imposées par la composition du tanka. Contrairement au tanka, le gogyōka ne requiert pas un nombre spécifique de syllabes dans ses vers. L'unique contrainte réside dans le fait qu'il comporte cinq vers, d'où son appellation. Kusakabe a déposé le mot gogyōka[1].
Sommaire
Exemples
Voici des exemples de gogyōka en français :
Cette
solitude
c'est moi
je ne peux donc pas
la détruire(Enta Kusakabe.)ma plume est sur le bureau
je ne parviens pas à écrire
j'attends la lumière du soleil
qui tendrement expulsera
les impuretés de l'hiver(Diane Lecomte.)Je peux sentir ta main
oiseau blessé dans ma main
comme si
j'étais
un joueur de koto aveugle(Gabriel Monfort.)Respiration et retour à la ligne
Le nombre de syllabes ne détermine pas la longueur d'une ligne d'un gogyōka. Cela le libère des limites et des répétitions du tanka et du haïku. Au lieu de cela, c'est la respiration qui gouverne la longueur de la ligne. La respiration est la pause naturelle entre les phrases, les idées, les perceptions que l'on prend en parlant. Cette pause est particulière à chacun et à chaque langue.
Considérons les pauses et la tonalité du gogyōka suivant :
I wish
that the
whole world was like
a teddy bear and
just be able to hug it when you're sad.(Catherine Cook.)Je voudrais
que le
monde entier soit comme
un ours en peluche et
que je puisse l'étreindre quand je suis triste.Le poème a deux grands temps de pause entre les lignes 2 et 3, et les lignes 4 et 5. Cela transmet le rythme de la respiration pour le locuteur qui lit à voix haute. Le rythme d'un écrit donné varie fortement et le gogyōka peut s'accommoder de longues lignes comme « que je puisse l'étreindre quand je suis triste. », comme de très courtes lignes. Certains gogyōka n'ont qu'un mot par ligne.
November
finally
no
more
crickets.(Peter Fiore.)Novembre
finalement
plus
de
grillon.Kusakabe reconnait le caractère naturel et universel de la respiration, tout le monde respire. Comme la ligne du gogyōka n'est pas déterminée par un nombre de syllabes, il peut donner naissance à toutes les mélodies, tous les styles et toutes les sonorités. Le caractère naturel et universel permet d'écrire et de traduire le gogyōka dans toutes les langues. En voici en différentes langues : japonais, français, chinois, arabe, tagalog et coréen :
生きることが
そのまま
あなたへの恋文となる
そんな一生で
ありますよう(Nobuko Miyoshi (三好 叙子?).)Comme il est doux
le souvenir
du premier baiser
échangé
dans un coin discret.(Thérèse D'hulst.)前方緩步踱來
一位臨辭行的同事
說著,與我交接吧
我好奇地詢問
他遞來一只貓飼料的碗(小鬍子.)احب اساتذتي كثيرا ...ولكني ...
لااظهر هذا الشعور...
لعلي طالبة جادة اكثر من الازم
فكم دافعت عن اساتذتي من بين التلاميذ
ولكن.. اساتذتي لايعلمون....(الوردة القرنفلية.)Humalakhak ka nang malakas
At sabihin mo sa mundo
Na kung sino ka
At kung ano ang katulad
Na mabuhay nang masaya(Urie Geñorga.)흑단처럼
검은 머리카락
눈처럼
새하얗게 분칠한 얼굴,
이치마츠 인형은 백설공주(Juyoung Lee.)Références
- (en) Gogyohka Junction
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Gogyohka Junction
- (ja)(en)(fr) The Lovely Earth
- (ja) Gogyohka
- (ja) Sai
- (ja) Hamakaze
Bibliographie
- Taro Aizu, La Terre Précieuse, Lulu Press, 2011 (ISBN 978-1-257-90090-9)
- (en) Enta Kusakabe (trad. Matthew Lane et Elizabeth Phaire), Gogyohka, Tokyo, Shisei-sha, 2009 [2006]
- (en) Peter Fiore, Text Messages, New York, Mushroom press, 2009
- (en) M. Kei, Tanka, Kyoka, and Gogyohka About Cats, 2010 (ISBN 978-0-557-53612-2)
Catégories :- Poésie de langue japonaise
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- Poème à forme fixe
- Littérature japonaise
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