- Effet de la Lune sur les naissances
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Une croyance populaire veut qu'il y ait un effet de la Lune sur les naissances, avec notamment plus d'accouchements les jours de pleine Lune, ou de nouvelle Lune. Cette croyance est notamment répandue chez les personnels des maternités. Les études statistiques montrent que cette légende persistante n'est pas fondée.
Sommaire
Cycle menstruel et cycle lunaire
Le cycle lunaire est d'environ 29 jours et demi.
La durée du cycle menstruel est souvent de 28 jours pour les femmes des pays occidentaux, mais cela constitue qu'une moyenne commode (28 jours = 4 semaines) et ne représente ni la moyenne, ni la valeur la plus probable dans le monde (En Inde par exemple la moyenne (avec écart-type) a été mesurée à 31,2 ± 3,2 jours en 1974 et à 31,8 ± 6,7 jours dans une étude de 1992[1].
La proximité de la durée de ces deux cycles est probablement l'une des origines de la croyance en l'influence de la Lune sur les naissances.
Chez les singes anthropoïdes la durée du cycle est plus longue : de 32 à 35 jours[2].
Études scientifiques statistiques
En 1986, P. Guillon et al analysèrent 5 927 978 naissances en France de 1968 à 1974. Ils trouvent deux rythmes différents, un hebdomadaire avec un minimum de naissance le dimanche et un maximum le mardi, et un annuel avec un maximum en mai et un minimum en septembre-octobre. Ils trouvent par ailleurs une légère corrélation avec le mois lunaire, avec un maximum durant le dernier quartier et la nouvelle lune (et non la pleine lune) par rapport à l'autre moitié du cycle, avec une moyenne de 2321,69 naissances par jour contre 2315,97. Ils jugent cette différence statistiquement significative[3]. Cette dernière conclusion a été contredite par le démographe Laurent Toulemon pour qui ce dernier a fait une erreur classique de statistique dans son analyse[4].
En 1994, Caton et Wheatley, en analysant 45 millions de naissances sur 12 ans, observent une variation apparemment sinusoïdale (avec des dispersions importantes) du nombre de naissance en fonction du jour lunaire[5]. En étendant l'étude en 2001 à 70 millions de naissances aux États-Unis sur vingt ans, Dan Caton n'observe pas de pic ou de variation sinusoïdale convaincante en fonction des phases de la Lune, ni de la distance Terre-Lune. Il note une dispersion plus importante qu'attendue, qu'il attribue au fait qu'il n'a pas pris en compte les variations systématiques saisonnières ou hebdomadaires. Il conclut que la variation sinusoïdale observée dans son étude précédente n'était probablement qu'une anomalie aléatoire[6].
Le directeur de recherche à l'IRD Frédéric Sandron a analysé les 4 613 875 naissances en France de 1985 à 1990, soit en moyenne 2106 par jour. Il montre qu'une fois corrigé le biais d'excès de naissances des jours ouvrables (lié au déclenchement artificiel des accouchements), il y a eu en moyenne 2109 naissances lors des 75 jours de pleine lune de la période. Les 0.14% de différence avec la moyenne globale n'étant pas statistiquement significatifs, il en conclue que « sur la période 1985-1990, il n'y a pas eu en France plus de naissance les jours et nuits de pleine lune que les autres jours »[7].
En 2005, Jill M. Arliss, Erin N. Kaplan, Shelley L. Galvin ont analysé les 564 039 naissances en Caroline du Nord de 1997 à 2001. Ils n'ont trouvé aucune corrélation significative entre les phases lunaires et les jours de naissance, non plus qu'avec le taux de césariennes ou de naissances multiples : « As expected, this pervasive myth is not evidence based » [8].
Notes et références
- Pattern of menstrual cycle length in south Indian women: a prospective study, Soc Biol. 1992 Fall-Winter;39(3-4):306-9. L. Jeyaseelan, B. Antonisamy, PS. Rao.
- Charles Thibault, Marie-Claire Levasseur La reproduction chez les mammifères et l'homme, Editions Quae, 2001 p.687
- résumé *P. Guillon, D. Guillon, J. Lansac, J.H. Soutoul, P. Bertrand, J.P. Hornecker Births, fertility, rhythms and lunar cycle. A statistical study of 5,927,978 births Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris). 1986;15(3):265-71
- Nouvelles données sur les variations du nombre des naissances selon les rythmes lunaires et circadiens. In: Population, 41e année, n°4-5, 1986, p. 848-853. Laurent Toulemon
- Caton, D. B. and Wheatley, P. 1994, BAAS, 26, No.4, 1311.
- Bulletin of the American Astronomical Society, Vol 33, No. 4, 2001, p. 1371. résumé de l'article Caton, Dan (2001). Natality and the Moon Revisited: Do Birth Rates Depend on the Phase of the Moon?,
- Sandron 1998, p. 39-56
- [1] Jill M. Arliss, Erin N. Kaplan, Shelley L. Galvin The effect of the lunar cycle on frequency of births and birth complications Am J Obstet Gynecol, mai 2005 ; vol. 192 : p. 1462-1464
Bibliographie
- Frédéric Sandron, Les naissances de la pleine lune et autres curiosités démographiques, L'Harmattan, 1998 [lire en ligne]
- Kelly, Ivan; Rotton, James; Culver, Roger (1986), "The Moon Was Full and Nothing Happened: A Review of Studies on the Moon and Human Behavior", Skeptical Inquirer 10 (2): 129–43 . Reprinted in The Hundredth Monkey - and other paradigms of the paranormal, edited by Kendrick Frazier, Prometheus Books. Revised and updated in The Outer Edge: Classic Investigations of the Paranormal, edited by Joe Nickell, Barry Karr, and Tom Genoni, 1996, CSICOP.
- Castille, D. 1997, Les Cahiers du RAMS, No.5 (Recherche en astrologie par des methodes scientifiques)
- M. Osley, D. Summerville, and L. Borst, 1973, Am. J. Obstet. Gynecol. 117
- André D. La variation des naissances selon les phases lunaires : mythe ou réalité ? Bull. Institut de la Statistique du Québec. Données socio démographiques en bref, octobre 1999, vol. 4, n° 1, p. 7-8
- Lansac J. & Guillon P. Naissances et cycle lunaire. Science et Vie, hors série, Cycles et saisons, n° 163, juin 1988, p. 145-146.
Liens externes
- Lucien Baillaud Chronobiologie lunaire controversée : de la nécessité de bonnes méthodologies dans Rythmes - lettre de la société française de chronobiologie Tome 35 - Numéro 3 Avril 2004 [2]
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