- Couvent des mineurs de Liège
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Le Couvent des mineurs, Couvent des Cordeliers en Hors-château est le couvent des franciscains de Liège. Il est fondé au XIIIe siècle par des franciscains jusqu'à la Révolution française. Affecté à des commerces et à des habitations, les bâtiments ont été sinistrées par l’explosion d’une bombe à la fin de la guerre. Proche des coteaux de la citadelle, c'est actuellement Musée de la Vie Wallonne.
Histoire
La Cour des Mineurs
Origine des Cordeliers à Liège
C'est vers l'an 1220les cordeliers vont s'établir à Liège. Ils occupèrent d'abord un terrain, voisin de l'église Saint-Jacques, appelé Tresles, le quartier de l'Île n'était pas alors compris dans l'enceinte de la cité; ils y construisirent un monastère et une église qui fut consacrée par l'évêque Jean d'Aps, en 1231[1].
Beauretour
Trois ans à peine s'étaient écoulés depuis l'achèvement du temple, lorsque les flammes le détruisirent en partie; mais, grâce aux riches donations du chevalier messire Raoul de l'Isle (Île) et de Gilles Surlet de Hozemont, chanoine de Saint-Lambert, on le restaura promptement, et, peu de temps après, il reparut plus beau et plus vaste encore qu'avant la catastrophe qu'il venait d'essuyer. C'est ce qui lui fit donner alors le nom de Beaurepaire ou Beauretour[2].
Sébastien de Wez, bourgeois de Liège, donna en 1243 sa maison et dépendances situés en Richonfontaine pour y établir le couvent des Frères Mineurs. Ces derniers quittent donc la maison de Beaurepart où ils étaient depuis 1231 pour aller s établir dans leur nouvelle demeure près du Marché.
Installation près du Marché
Ils cèdent leur couvent aux Prémontrés pour se loger définitivement plus près du cœur de la cité en Hors-Château, dans ce qui va devenir la «cour des Mineurs».
Première église
L'église fut consacrée en 1245 par Robert de Langres. L'intérieur se compose de trois nefs. C’est de cette époque que date leur église conventuelle dédiée au saint franciscain Antoine de Padoue. Les vitraux de cette église sont couverts d'armoiries et d'inscriptions funéraires, aujourd'hui fort endommagées[3]
Décès de Hélène de Tournon
Hélène de Tournon accompagnait, en qualité de dame d'honneur, Marguerite de Navarre, lors du séjour que fit cette reine à Liège en 1577; trahie par son amant, le marquis de Varabon, la pauvre Hélène ne put se familiariser avec l'idée de le voir dans les bras d'une rivale; elle mourut chez nous, de désespoir et d'amour, et fut enterrée aux Mineurs.
Seconde église
L'église est reconstruite vers le milieu du XVIIe siècle.
Intervention de la ville
D'après un ancien document, la commune de Liège aurait contribué aux dépenses nécessitées par l'établissement des cordeliers près du Marché, ce qui explique pourquoi les échevins, les maîtres de la cité, Pierre de Xhendremale et Jacques de Saint-Martin, ainsi que plusieurs autres citoyens de Liége, comparurent à l'acte de cession faite à ces religieux par Sébastien Dewez et le ratifièrent. En échange de ces secours pécuniaires, plusieurs servitudes furent imposées à leur couvent. Mais il est fort probable que c'est là l'explication des nombreuses interactions entre les Cordeliers et la Bourgeoisie.
- Ils y doibvent fournir lieu de retraite az bourgeoys cheus en quelque homicide, tant que leur allégeance et descharge soient faites, pour estre affranchis de la poursuitte de l'officier du prince et de la partie; car, encore que toutes encloîtres de chanoines et maisons de religion jouissent de leurs immunités et franchises, toutefois, la maison des Mineurs est ordinairement principal réceptacle de tels galands, chose fort à propos concédée et accordée pour subvenir aux bons, afin que leur innocence soit quelquefois gardée; mais les mauvais en abusent en s'en appuyant. Outre ce, la maison ou bien quelques salles sont subjectes, quand le général conseil de la cité s'assemble, de servir de réceptacle ; aussi, quand les bourguemaîtres sortent de dignité, leur année étant expirée, après avoir au palais remercié la bourgeoisie, les maîtres de métiers et autres officiers de la cité, s'assemblent auxdits Frères Mineurs et illec offrent le comportement de leur estat, pendant l'année de leur consulat, aux syndics de la cité, et là, chacun peut librement démener s'il sçait quelque faute estre advenue pendant ladite année, pour par lesdits syndics estre annotée [4]
Rôle des cordeliers dans la Cité
Du XIIIe siècle à la fin de l’Ancien Régime, la communauté franciscaine dite des Cordeliers ou des Frères Mineurs a été étroitement associée à la vie communale, sociale et populaire de la capitale de la Principauté. C'est toujours aux Cordeliers que les métiers se retirent en corps, pour délibérer, quand les portes de La-Violette leur sont fermées. Les Bons Métiers y tenaient leurs assemblées et plusieurs élections magistrales y eurent lieu dans les périodes les plus troublées de l’histoire communale. C'est là que vont, de préférence, invoquer le droit d'asile ceux qui cherchent à se soustraire à la justice des échevins ou du prince évêque; c'est encore là que, chaque année, les bourgmestres rendent compte de leur administration aux syndics de la cité. C'est enfin l'arsenal de la Ville de Liège dès 1577: c’est dans l’enceinte du couvent qu’étaient remisés les canons des milices liégeoises ainsi que le matériel destiné à lutter contre les incendies, assumée par les religieux eux-mêmes. Enfin les bourgeois de Liège se disputaient le privilège posthume d’être inhumés sous la bure franciscaine, dans le sous-sol de l’église ou du cloître.
L'ensemble mosan
Les bâtiments du couvent étaient contemporains de l’église, jusqu’à leur complète reconstruction, dans le troisième quart du XVIIe siècle pour faire place à un ensemble imposant de constructions de style «Renaissance mosane»
Révolution française
Le 22 ventôse an VI le couvent fut vendu en trois lots d une contenance totale de 8 verges grandes 14 petites et 377 pieds carrés pour la somme de 837.000 francs. L'église des Mineurs demeura quelque temps fermée à l'époque de l'occupation française; on y donna comme dans plusieurs autres de nos édifices religieux , des fêtes dites nationales. Affectés, depuis la suppression de la communauté sous la Révolution jusqu’à nos jours, à des établissements commerciaux notamment à la poste aux chevaux et à des habitations privées, les bâtiments ont été gravement sinistrées par l’explosion d’une bombe volante à la fin de la guerre (en 1944).
La Maison Chamart
Adossée à la colline du Péry et connue sous le nom d’un de ses anciens propriétaires, cette imposante construction se distingue du couvent proprement dit par ses façades ornées de cartouches et de blasons sculptés dans le tuffeau.
Jadis résidence du gardien ou supérieur de la communauté franciscaine dont il abritait aussi la bibliothèque et les archives, ce bâtiment du XVIIe siècle subit, comme le couvent, de lourds dommages lors des bombardements à la fin de la seconde guerre mondiale.
De 1963 à 1971, un vaste chantier de restauration rend à la maison Chamart son cachet de 1620. Elle abrite aujourd’hui les services administratifs et scientifiques du Musée de la vie Walonne ainsi que le théâtre de marionnettes et le Centre de Documentation.
L’église Saint-Antoine
Vers 1240, les disciples de saint François d’Assise, déjà présents à Liège depuis la fin du premier quart du XIIIe siècle, s’installent en Hors-Château, à proximité du cœur de la ville, afin d’être en contact avec sa population.
Dédiée à Saint-Antoine, l'église des cordeliers est achevée en 1244 et affectée depuis le Concordat de 1801 au culte paroissial. Elle reste, dans son gros œuvre de grès houiller, le témoin des débuts prometteurs de l’ordre franciscain à Liège. L’édifice ogival primaire, limitant la partie sud du couvent, est enrichi d’une façade monumentale baroque au XVIIIe siècle. L’intérieur est décoré dans le même style d’une ornementation de stucs. Cette décoration est parachevée au siècle suivant.
Dégâts de 1944
Également endommagée lors de l’explosion de la bombe volante du 16 décembre 1944, elle est particulièrement restaurée du côté chœur, retrouvant alors le style primitif simple qu’affectionnent les Franciscains. Retrouvé presque intact dans les décombres, le maître-autel du XIIIe siècle reprend son rôle liturgique tandis que des pierres tombales de diverses époques sont encastrées dans le dallage du chœur et dans les murs des bas-côtés. Un intérieur présentant ainsi une grande diversité de styles, reflet de la richesse de son histoire.
Une stabilisation du bâtiment entre 1961 et 1968, dans le but de lui éviter de verser vers la rue Hors-Château n’empêche toutefois pas l’exercice du culte jusqu’en 1977.
Désacralisation de l'église
L’église est alors désacralisée et la paroisse transférée en l’Eglise Sainte-Catherine, En-Neuvice.
La Ville de Liège qui en est propriétaire, décide de confier à la Province de Liège la gestion de la totalité de l’ancien ensemble architectural conventuel, comprenant l’église, le couvent et son musée et la maison Chamart. Le bail emphytéotique est signé en décembre 1989.
Affectation actuelle
Depuis, totalement restaurée par ses nouveaux gestionnaires, l’Eglise Saint-Antoine abrite de nombreuses manifestations culturelles et sert à des expositions temporaires.
Occupation récente
Acquis par la Ville de Liège, après restauration complète, les bâtiments sont occupées actuellement par le Musée de la Vie Wallonne.
Articles connexes
Références
- Barthélemy Fisen, Historia ecclesiœ Leodiensis, Liège, 1642 cite Saumery, vol. I , p. 195. — Jegidius Aure.e Valus, apud Chapeauville, vol. II, p. 261. Hujus quoque antistitis tempore, dit-il, inchoata est ecclesia fratrum minorum, cum appenditiis suis, juxta ecclesiam S. Jacobi, in loco qui Tresles vocatur...
- Barthélemy Fisen, 1642, liv. XIII, p. 320: Unde loco Beaurepaire nomen datum, quasi bellam reparationem; aut certe (uti potius hodie loquimur), belluin reditum dicas...
- II existe au dépôt des archives de la province, dans les archives des pères mineurs, un registre in-folio, format d'agenda, où toutes ces inscriptions sont conservées. On y lit celles de Raes de Warfuzée, mort en 1272, de messire Gaillard de la Roca , tué à la bataille de Hollogne (1483), de Louis Du Château, l'adversaire des calvinistes.
- Scabini oranes, Petrus squendremalius et Jacobus de S. Martino; magistri civitatis, cœterique cives leodienses. Barthélemy Fisen, 1642 , p. 327. — Cet acte offre une particularité intéressante, c'est la plus ancienne pièce connue où il soit fait mention des maîtres de la cité, des bourgmestres de Liége.
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