- Corydon (Gide)
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Corydon est un essai d'André Gide sur l'homosexualité et la pédérastie. Les quatre dialogues qui composent cet essai ont fait l'objet, pour les premiers deux et demi, d'un tirage privé en 1911 et pour l'ensemble des quatre d'un deuxième tirage privé en 1920 puis d'une publication en 1924. Le nom de l'auteur n'est apparu qu'en 1924.
Origines et intention
André Gide décide d'écrire Corydon pour plusieurs raisons ; la plus fondamentale est sans doute la lecture d'un passage d'un ouvrage juridique de son père Paul (La Condition de la femme dans l'Antiquité, chapitre III, 1867) où celui-ci était extrêmement violent contre l'homosexualité, parlant de "vice infâme", d' "amour sans nom" et autres qualifications du même genre. À la suite du procès Renard, qui voit un homme accusé de meurtre, moins en raison des charges qui pèsent contre lui que de ses « mœurs innommables »[1], l'intention de Gide est renforcée, de même qu'à la lecture d'une biographie falsifiée de Verlaine. Les amis à qui Gide soumet l'ébauche de cet essai, comme Roger Martin du Gard, sont effrayés par le scandale probable et le rejaillissement qu'il pourrait avoir sur sa vie publique et privée, tant et si bien que Gide ne fait d'abord imprimer que les deux premiers chapitres et le début du troisième, anonymement et en douze exemplaires seulement, sous le titre C.R.D.N, en 1911 (ce que les Anglais appellent un "private printing"). Il achève les quatre dialogues en 1917-18, et les imprime anonymement en 1920, en vingt exemplaires distribués à des amis.
Il décide ensuite d'assumer cette œuvre, très importante à ses yeux, et d'engager son nom et sa réputation dans la défense de sa conception de l'homosexualité et de la pédérastie. Corydon est alors publié en mai 1924. Le scandale, relatif, est au rendez-vous[2], bien que quelques lecteurs avertis aient déjà repéré le thème de l'homosexualité dans des œuvres antérieures comme L'Immoraliste (1902)[3]. Son ami l'auteur catholique Paul Claudel le sommera de renoncer à publier, avant de rompre définitivement avec lui.
Gide voulait défendre une idée de l'homosexualité différente de celle qui était alors en vogue. Comme Sigmund Freud, il n'acceptait pas la théorie du troisième sexe de Magnus Hirschfeld et, malgré la considération qu'il avait pour Marcel Proust (lors d'une brève visite, il lui offrit un exemplaire du Corydon de 1920, en lui demandant de le lire et de donner son avis)[4], il ne partage pas la vision des "hommes-femmes", descendants des habitants de Sodome décrits dans le quatrième volume d’À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe.
L'idée de l'homosexualité que se fait André Gide est celle d'une normalité, l'homosexualité, et spécialement la pédérastie, comme partie intégrante de la dynamique de l'espèce humaine, et même comme un modèle d'excellence, son point de référence étant le monde gréco-romain, en particulier la Grèce antique, les luttes entre Sparte et Athènes.
"Corydon" est le nom d'un berger des Bucoliques de Virgile, et la forme de l'œuvre est celle des dialogues socratiques. Un Visiteur hétérosexuel engage la conversation avec le docteur Corydon. Ce dernier remet en cause les préjugés de la morale en cours, que lui oppose son interlocuteur.
Notes
- Christian Gury, L'Honneur piétiné d'un domestique homosexuel en 1909. Sur Gide et "Corydon", Paris, Kimé, 1999.
- Eva Ahlstedt, Angré Gide et le débat sur l'homosexualité, Göteborg, Acta universitatis Gothoburgensis, 1994.
- Leo Bersani, Homos, Paris, Odile Jacob, 1998.
- A. Gide, Journal, 1889-1939, Gallimard, Paris, 1951, vol. I, p. 691-692.
Bibliographie
- Eva Ahlstedt, Angré Gide et le débat sur l'homosexualité, Göteborg, Acta universitatis Gothoburgensis, 1994.
- Claude Courouve, Folio 2235 ou les vissicitudes de Corydon"", http://74.125.77.132/search?q=cache:3PlzivWvnEsJ:ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/05/17/99/vicissitudes-de-corydon.doc+Courouve*Corydon&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&lr=lang_de%7Clang_en%7Clang_ru%7Clang_fr&client=firefox-a
- Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, Paris, Fayard, 1999.
- Christian Gury, L'Honneur piétiné d'un domestique homosexuel en 1909. Sur Gide et "Corydon", Paris, Kimé, 1999.
- Monique Nemer, Corydon citoyen, essai sur André Gide et l'homosexualité, Paris, Gallimard, 2006.
- Patrick Pollard, André Gide: Homosexual Moralist, New Haven, Yale University Press, 1991.
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