- Conspiration du harem de Ramsès III
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La conspiration du harem de Ramsès III associe dans une tentative de coup d'État, à l'extrême fin du règne du pharaon Ramsès III, un nombre important de membres de la famille royale et de hauts dignitaires de la cour, de l'armée, du clergé et de l'administration ; au total, plus de trente personnes, dont la plupart furent condamnées à mort.
Sommaire
Conspirateurs
Les plupart des noms des conspirateurs ont été effacés des monuments où ils avaient été gravés ; dans les documents du procès, par exemple dans le papyrus judiciaire de Turin, ils furent changés en des noms d'infamie qui, tout en en retenant la consonance, en inversaient la signification, ce qui revenait à proférer une véritable malédiction[1]
Nom infamant[2] Signification Nom véritable Signification Fonction Tiyi épouse de Ramsès III Pentaour fils de Ramsès III et de Tiyi Panik[3] le démon directeur du harem Pendouaou[4] scribe du directeur du harem Ilélem[5] délégué du scribe du directeur du harem Amenkhâou substitut du chef du harem Payiri fils de Roumâ[6] chef du trésor Pa-Louka[7] le Lycien Soutekhemheb scribe de Payiri Penhouybin[8] ce mauvais Houy Houy directeur du bétail Paybakkamen[9] ce serviteur aveugle (Pa)-Bakenimen le serviteur d'Amon chef de la chambre[10] Âshahebsed[11] adjoint de Paybakkamen Mésedsourê[12] Rê le hait Méryrê l'aimé de Rê échanson du roi Ouarna[13] échanson du roi Yényny[14] échanson du roi Nebdjéfaou[15] échanson du roi Hentouenimen[16] échanson du roi Binemouaset[17] mauvais dans Thèbes Khâemouaset chef des troupes de Koush Payis[18] le chauve Pahemnétjer le prêtre général Parâkamenef[19] Rê l'aveugle Parâherounemef Rê est à sa droite prêtre ritualiste en chef[20] Iyroy[19] prêtre ritualiste, chef des prêtres de la déesse Sekhmet de Bubastis Shâdnemtetef[21] celui dont l'oreille est coupée Ousekhnemtet celui dont la marche est aisée scribe à la maison de vie Messouy[22] scribe à la maison de vie Complot
Ramsès III, venu à Thèbes le 26 du premier mois de shémou de l'an 32 pour participer à la grande fête anniversaire de son avènement qui devait se poursuivre jusqu'au 14 du deuxième mois de shémou montre tous les signes d'un décès imminent au point qu'il juge inutile de revenir à sa résidence du delta.
Cette circonstance fait naître dans l'esprit de la reine Tiyi de remplacer par son fils Pentaour, l'un des demi-frères de l'héritier légitime du trône, le prince Ramsès alors âgé de plus de 45 ans. Elle organise alors une conspiration où les conjurés devaient se tenir prêts à prendre le pouvoir au moment de la mort du roi.
Malgré tous les soins apportés à sa préparation, la conspiration échoue.
Condamnations
Aux termes du papyrus judiciaire de Turin, Ramsès III (ou plus exactement Ramsès IV usant de la caution légale de son père agonisant) constitue une commission de douze personnes pour juger les conspirateurs. Elle est constituée de deux chefs du trésor, Montouemtaouy et Payefraouy, d'un haut courtisan, le porteur de flabellum Kar, de cinq échansons, Paybaset, Qédenden, Baâlmaher, Pairousounou et Djéhoutyrekhnéfer, du héraut royal Penrennout, de deux scribes du bureau des dépêches, Mây et Parâemheb et du porte-étendard de l'armée, Hori. Trois d'entre eux se laissent corrompre au cours de l'enquête par le général Payis et sont à leur tour l'objet de poursuites. Paybaset est remplacé par l'échanson Méroutousyimen ; on ne connaît pas les remplaçants de Mây et Hori.
Les accusés, tous qualifiés de « grand ennemi », sont déférés au « bureau d'enquête » ; mis à la question, ils avouent rapidement.
Les juges dressent plusieurs listes d'accusés. Ceux de la première voient leurs noms transformés pour les vouer à la déchéance éternelle, ils seront exécutés (sans que l'on sache précisément comment, le texte se contentant d'utiliser la formule « leur peine est venue vers eux »). Ceux de la seconde, du fait de leur proximité avec la fonction royale, Pentaour le premier, sont condamnés au suicide par empoisonnement. Les juges corrompus subissent des mutilations, oreilles et nez. L'un d'eux, Paybaset se suicide à la suite de cette peine infamante.
En ce qui concerne la reine Tiyi et les proches de la famille royale, les dames du harem complices, les sources disponibles ne donnent aucune précision quant à leur sort. Il est fort possible que leur position dans la hiérarchie ainsi que leurs fonctions sacerdotales les aient mis à l'abri de la peine capitale.
Notes
- Les Égyptiens attachaient un grand prix à la conservation du nom et au souvenir qu'il laisserait sur terre, gages de la survie outre-tombe.
- papyrus judiciaire de Turin Nom inscrit dans le
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 352, 16 ; 353, 5
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 352, 6-12
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 352, 6
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 356, 15 ; 357, 4
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 356, 1-5
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 357, 1 ; 361, 15
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 352, 2-9
- C'est-à-dire, chef des « valets de chambre » du roi
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 355, 12-16
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 352, 10-15
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 355, 7-12
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 356, 6-10
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 358, 3
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 358, 15 ; 359, 3
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 357, 5-10
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 357, 16 ; 359 , 14 ; 360, 2
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 358, 1-2
- C'est-à-dire responsable de la bonne ordonnance des cérémonies religieuses dans tout le pays
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 358, 4
- K. A. Kitchen, Ramesside Inscriptions, V, 358, 1
Bibliographie
- Kenneth Anderson Kitchen, Ramesside Inscriptions, Historical and Biographical, Oxford, 1968-1989
- Pierre Grandet, Ramsès III : Histoire d'un règne, Paris, Editions Pygmalion/Gérard Watelet pour le Grand livre du mois, 1993 (ISBN 2-85704-408-9), p. 277-285
Catégories :- XXe dynastie égyptienne
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