Comtesse Mircalla Karnstein

Comtesse Mircalla Karnstein
Mircalla Karnstein
Personnage de fiction apparaissant dans
Carmilla
Alias Carmilla
Naissance 1522[1]
Origine Drapeau d'Autriche Autriche, Styrie
Décès 1546[1]
Genre Féminin
Espèce Vampire
Cheveux Châtains foncés
Yeux Bleus-gris
Activité(s) Comtesse
Caractéristique(s) Homosexuelle
Créé par Joseph Sheridan Le Fanu
Interprété par Ingrid Pitt
Yutte Stensgaard
Katya Wyeth
Film(s) Vampyr
The Vampire Lovers
Lust for a Vampire
Les Sévices de Dracula
Roman(s) Carmilla
Album(s) Carmilla
Première apparition 1871

La Comtesse Mircalla Karnstein est un personnage de fiction créé par Joseph Sheridan Le Fanu dans son roman Carmilla en 1871.

Sommaire

Biographie fictive

Le personnage fictif de la Comtesse Mircalla Karnstein (Carmilla) est différente du personnage historique, bien réel, dont elle est inspirée.

La Comtesse Mircalla Karnstein est une vampire styrienne, âgée de plus d'un siècle. Elle descend d'une très ancienne famille de la Haute Noblesse de Styrie (« Un peu à l'occident ») et/ou Tchécoslovaque. Le château familial, aujourd'hui en ruines, est situé non loin de celui où réside Laura :

« En effet, à moins de trois milles vers l’ouest, dans la direction du schloss du général Spieisdort, il y a un village abandonné. Sa charmante petite église, aujourd’hui à ciel ouvert, renferme dans ses bas-côtés les tombeaux croulants de l’altière famille des Karnstein, aujourd’hui éteinte, jadis propriétaire du château, désert lui aussi... » (Chapitre 1 du roman Carmilla)

On lui prête un amour non partagé que lui porte un gentilhomme styrien de naissance, morave de titre, car établi en Moravie. Elle eut un passé humain triste et bref. C'est lors de la nuit de son premier bal qu'elle fut visitée par un vampire.

«  dans sa jeunesse, il avait passionnément aimé la belle Mircalla, Comtesse de Karnstein, dont la mort prématurée le plongea dans une affliction inconsolable. »
« Comment le vampire y prend-il naissance et comment se multiplie-t-il ? Un être plus ou moins corrompu met fin à ses jours : en certaines circonstances, ce suicidé devient un vampire. Ce spectre visite des vivants pendant leur sommeil : ils meurent à leur tour, et, presque invariablement, une fois dans la tombe, ils se métamorphosent en vampires. Tel fut le cas de la belle Comtesse Mircalla qui avait été hantée par l’un de ces démons. » (Conclusion du roman)
« Cette nuit-là, il m’est arrivé une chose qui a estompé la scène du bal et en a terni les couleurs. Il s’en est fallu de peu que je fusse assassinée dans mon lit… On m’a blessée ici, conclut-elle en portant une main à sa gorge, et je n’ai jamais plus été la même depuis lors. »
« À cause d’un cruel amour, d’un bien étrange amour qui aurait voulu m’ôter la vie. L’amour exige des sacrifices, et il n’est pas de sacrifice sans effusion de sang… »

Description

Physique

Mircalla est de type caucasien, aristocratique et gracieuse.

La Carmilla de S. Le Fanu a l'âge de Laura (environ 19 ans au moment de l'histoire). Elle prend l'apparence de l'âge correspondant à celle de ses victimes ; de façon à faciliter leur approche. Ainsi, lors de sa première rencontre avec Laura qui a alors six ans (« Une nuit, alors que j’avais à peine six ans... »), elle en a six également (« J’avais six ans à peine quand je m’éveillai, une nuit... ») . Pour la suite de l'histoire, elle ont chacune 12 ans de plus. Pour la filleule du Général Spirdof, elle paraît avoir un âge quasi identique lors du bal. Dans le livre, elle est décrite comme suit par Laura (narratrice et personnage principal) devenue adulte :

Lors de sa première apparition dans le Chapitre Terreur d'enfant

Carmilla paraît avoir 6 ans.

« ... je fus tout étonnée de voir un très beau visage à l’expression solennelle en train de me regarder d’un côté du lit. C’était celui d’une jeune fille ... Des bougies brûlaient au chevet du lit où la jeune fille était assise, sa mince et gracieuse silhouette enveloppée dans le doux peignoir de soie, brodé de fleurs et doublé d’un épais molleton. »
Lors de sa seconde apparition, 12 ans plus tard, dans le Chapitre Échange d'impression

Elle a alors 19 ans.

« La jeune fille était assise, sa mince et gracieuse silhouette enveloppée dans le doux peignoir de soie, brodé de fleurs et doublé d’un épais molleton... »

Son visage :

« Il était joli, voire beau ; et il avait la même expression de mélancolie que la première fois où il m’était apparu. »
L'impression qu'elle dégage selon Mme Perrodon
« En vérité, elle me plaît énormément. C’est, je crois, la plus jolie créature que j’aie jamais vue. Elle a à peu près votre âge, et me paraît très douce et très aimable. »

L'impression qu'elle dégage selon Mlle De Lafontaine

« Elle est d’une merveilleuse beauté. »
L'impression qu'elle dégage selon Laura au lendemain de leur seconde rencontre
« Le grand jour ne retirait rien à sa beauté. C’était, sans aucun doute, la plus ravissante créature que j’eusse jamais rencontrée, et le souvenir déplaisant de son visage tel que je l’avais vu dans mon rêve d’enfant. »
Portrait général 
« Elle était d’une taille au-dessus la moyenne, mince et étonnamment gracieuse. À l’exception de l’extrême langueur de ses gestes, rien dans son aspect ne révélait qu’elle fût malade.
Son sourire s’était fait plus doux... les fossettes qu’il creusait sur ses joues la faisaient paraître délicieusement jolie et intelligente.
Sa chevelure était magnifique. Jamais je n’ai vu des cheveux aussi épais, aussi longs que les siens, lorsqu’ils retombaient librement sur ses épaules... ils étaient d’un brun chaud, avec des reflets d’or.
Quand elle était étendue sur sa chaise-longue... me parlant de sa voix douce et basse. »
Traits du Vampire
« Votre noble amie, à votre droite, est pourvue de dents extrêmement tranchantes : longues, fines, pointues – comme une alêne, comme une aiguille ! »

Personnalité

Mircalla éprouve une inclination certaine pour les jeunes filles dont elle se nourrit exclusivement. Du fait de sa nature de vampire et de son grand âge, elle reste prudente et secrète sur elle-même, son histoire et sa (non)vie.

« Si j’avais été captivée par la confiance qu’elle m’avait témoignée la nuit de notre première rencontre, je m’aperçus par la suite qu’elle manifestait une réserve toujours en éveil pour tout ce qui concernait elle-même ou sa mère, pour son histoire, ses ancêtres, sa vie passée, ses projets d’avenir. »
« Je croyais déceler une froideur qui n’était pas de son âge dans ce refus obstiné, mélancolique et souriant, de me montrer le plus faible rayon de lumière. » (Laura)

Calculatrice et rusée, elle met au point des scénarios élaborés afin d'atteindre son objectif. Pour la nièce du Général Spierdof, elle a monté une histoire invraisemblable auprès de son oncle. Histoire, de laquelle résultat son séjour plus ou moins contraint, auprès de la jeune fille. Pour Laura, elle mit en scène un accident... Ses plans sont raffinés, loin des rapts sauvages et des assassinats sans considération.

Elle n'éprouve aucun remords car considère la mort comme une chose de naturelle. Quelque chose auquel elle-même n'a pas droit.

« Que de bruit pour si peu de chose ! Allons donc ! tu dois mourir, chacun de nous doit mourir… Et nous sommes tellement plus heureux, une fois morts ! Viens rentrons au château. »

Plus encore, l'acte de mise à mort représente sa seule possibilité d'union avec les personnes qu'elle choisit (« tu es mienne... ») et c'est peut-être pour cette raison qu'elles durent souvent plus d'une semaine.

« Dans le ravissement de mon humiliation sans bornes, je vis de ta vie ardente, et tu mourras, oui, tu mourras avec délices, pour te fondre en la mienne. »

L'ardeur de sa soif se confond avec son désir. Elle a des crises où, sortie d'elle-même, elle exprime ses sentiments de façon véhémente entre autres par une respiration saccadée, des paroles litaniques (souvent de même type).

« Il (à propos du vampire) est enclin à éprouver, à l’égard de certaines personnes, un attachement violent fort semblable à la passion amoureuse. Dans la poursuite de l’objet de son désir, il déploiera alors une ruse et une patience inépuisables, car il peut rencontrer cent obstacles susceptibles de l’empêcher d’arriver à ses fins. »

Religion

La comtesse Millarca est chrétienne et baptisée. Cependant étant désormais vampire, elle éprouve de facto une antipathie viscérale pour ce qui a trait à la religion.

« Si elle ne m’avait pas dit par hasard, qu’elle était baptisée, j’aurais douté qu’elle fût chrétienne [...] Je ne l’avais jamais entendue parler de religion. Eussé-je mieux connu le monde, cette négligence (ou cette antipathie) m’aurait causé moins d’étonnement. »

Elle croit désormais ou tente de se convaincre que tout est rapport à la nature. Elle se définit désormais elle-même et les êtres humains comme enfant de la nature.

Attitude

Son esprit ne s’accordait point à cette langueur corporelle, car sa conversation était toujours très animée et très intelligente.

« Ces moments de passion étaient séparés par de longs intervalles de calme, de gaieté, ou de tristesse pensive, au cours desquels j’aurais pu croire parfois ne lui être rien, si je ne l’avais pas vue suivre tous mes mouvements de ses yeux où brûlait une flamme mélancolique. En dehors de ces brèves périodes de mystérieuse exaltation, elle avait un comportement tout féminin. »

Habitudes

Le matin, elle descendait de sa chambre longtemps après nos oraisons familiales ; le soir, elle ne quittait pas le salon pour passer dans la grand-salle et s’associer à notre courte action de grâces.

Elle descendait généralement très tard, vers une heure de l’après-midi, et prenait alors une tasse de chocolat sans rien manger. Ensuite nous allions faire une promenade, un simple petit tour, mais elle semblait épuisée presque immédiatement : ou bien elle regagnait le château, ou bien elle restait assise sur un des bancs placés çà et là parmi les arbres.

Traits du Vampire

Elle déteste les chants sacrés.

« Je me levai en témoignage de respect, et joignis ma voix à leur chœur mélodieux. À ce moment, ma compagne (Mircalla) me secoua avec une certaine rudesse. Je me retournai vers elle d’un air surpris. »

Création du personnage

Carmilla, composée par Sheridan le Fanu (1814-1873), est l’une des premières œuvres de la littérature vampirique, puisqu’elle parait en 1871, 26 ans avant le Dracula de Bram Stoker. Tout comme ce dernier, Le Fanu est irlandais, et appartient à l’ascendancy protestante ; ils ont, tous deux, fréquenté les couloirs du Trinity Collège de Dublin, ainsi que les salons mondains de la bonne société. C’est dans un de ces salons qu’un beau soir, Carmilla fut lu à Stoker, par Mrs Wilde elle-même. Ce texte influencera Stoker au point que celui-ci fera apparaître sa tombe, par l’entremise du tombeau colossal d’une comtesse vampire, dans le premier chapitre de sa première version de Dracula. Son éditeur, n’appréciant guère cette référence à une œuvre aussi sulfureuse, lui fera supprimer ce passage (passage qui sera ultérieurement réutilisé dans la courte nouvelle de Stoker, L’Invité de Dracula).

Quand Le Fanu écrit Carmilla, à la fin de sa vie, il est déjà un auteur confirmé. Il s’est essayé à tous les genres : romans, articles et essais, théâtre, poésie, nouvelles.

Carmilla s’inscrit dans la grande tradition du roman gothique irlandais. Il en possède la plupart des caractéristiques archétypiques : naïveté de l’héroïne, forme du journal intime, cadre médiéval sombre et mélancolique, références aux anciens romans légendaires médiévaux.

L’histoire de Carmilla semble avoir été inspirée à Le Fanu par l’ouvrage du bénédictin Dom Augustin Calmet (auteur de la fameuse Dissertation sur les Apparitions des Esprits, les Vampires, les Revenants… – 1751) qui est traduit en anglais dès 1850. Le Fanu en reprend nombre d’anecdotes (la commission officielle autrichienne, l’histoire du bûcheron, ainsi que les ouvrages traitant des vampires cités à la fin de Carmilla et qui figurent aussi dans le livre de Calmet…).

Autre caractéristique qui distingue Carmilla par son originalité : c’est un des premiers ouvrages qui, dans le cadre de l’Angleterre puritaine et victorienne du XIXe, ose traiter de l’homosexualité féminine, avec la trouble relation entre Carmilla, la brune voluptueuse, et Laura, la blonde effarouchée. Une grande sensualité se dégage de ce récit où tout n’est que suggestion (l’édition américaine de 1975 présentait Carmilla comme un roman « pervers »).

Carmilla est aussi le premier ouvrage à fidèlement retracer la méthode traditionnelle de destruction du vampire (pieux dans le cœur, décapitation, puis incinération du corps).

Cette préface appartient et est tirée du site http://perso.wanadoo.fr/oscurantis/carmilla.htm (tout droits réservés)

A propos du nom

La Comtesse Mircalla Karnstein et Carmilla ne font qu'une. En effet, à l'instar d'Alucard dans le manga Hellsing ou la série de jeux vidéo Castlevania, certain vampire ne peuvent changer de nom/prénom. Ils utilisent donc l'anagramme de celui-ci : Mircalla = Carmilla etc.

« Dans certaines circonstances, il semble que le vampire soit soumis à des conditions particulières. Ainsi Mircalla, selon toute apparence, était contrainte à porter un nom qui devait reproduire le sien propre sous forme d’anagramme, sans y ajouter ni en retrancher une seule lettre. Mircalla devint donc Millarca puis Carmilla. »
« Bien sûr, reprit-il. Carmilla n’est autre que Millarca. La même qui se nommait jadis Mircalla, Comtesse de Karnstein. »

Mort du personnage

Toutes les preuves du vampirisme se trouvaient donc réunies.

En conséquence, on mit le corps debout, selon la coutume antique, et l’on enfonça un pieu aigu dans le cœur du vampire qui poussa alors un cri perçant. Puis, on trancha la tête. Après quoi, on plaça le corps et la tête sur un bûcher. Les cendres furent dispersées dans l’eau de la rivière qui les emporta au loin. Et depuis lors, le pays n’a jamais plus été infesté par les visites d’un vampire.

Œuvres où le personnage apparaît

Roman

Films

Bande dessinée

Références

  1. a et b Date notée sur sa tombe dans The Vampire Lovers