- Collectif autonome des médecins résidents algériens
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Le collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) est une alliance libre apolitique regroupant l'ensemble des résidents algériens qu'ils soient médecins, pharmaciens ou chirurgiens-dentistes.Le collectif se présente comme le porte-parole des revendications socio-professionnelles et pédagogiques de plus de huit milles résidents à travers tout le territoire algérien.
Début 2011, le CAMRA a lancé un mouvement de protestation sans précédent simultané au niveau de l'ensemble des structures sanitaires où exercent les résidents, notamment une grève illimitée qui a débuté le 28 mars 2011[1],[2].
Sommaire
Revendications
Les principales revendications du CAMRA se présentent sous trois volets :
Service civil
En Algérie, le service civil est l'obligation faite au médecin spécialiste nouvellement diplômé d'accomplir une mission sanitaire d'une durée variable d'un an à quatre ans selon la zone géographique (principalement les zones enclavées et du Sud).
Sur ce point le CAMRA demande l'abrogation du caractère obligatoire de ce service civil et son remplacement par des mesures incitatives qui amélioreraient les conditions de travail sur place afin d'assurer une couverture sanitaire plus efficace.
Les médecins résidents dénoncent une mesure injuste et anticonstitutionnelle étant donné qu'ils représentent la seule corporation assujettie à cette obligation[3], alors que le ministre de la santé considère le service civil comme un acte de solidarité nationale[4].
Statut
Les résidents algériens lèvent l'élaboration d'un statut légal complet, définissant clairement leur droits et devoirs, comme une revendication majeure. L'ancien statut datant de 1996 a été rédigé, selon les portes parole du CAMRA, dans la précipitation et sans concertation avec les personnes intéressées, les projetant dans un flou juridique où ils ne sont ni considérés comme étudiants ni considérés comme fonctionnaires. Le CAMRA s'est chargé d'élaborer une nouvelle ébauche révisant et complétant l'ancien statut[5]. Cette ébauche a été d'abord soumise à l’approbation des résidents lors des assemblées générales des hôpitaux pour être par la suite négociée avec les tutelles.
Pédagogie
Les revendications pédagogiques du CAMRA ont fortement animé les débats lors des réunions périodiques des résidents. Parmi les points traités, la suppression des examens intercalaires ou du moins leur caractère sanctionnant, la révision du carnet du résident notamment l'introduction des objectifs pédagogiques annuels et la revalorisation des primes de documentation et de recherche à l'instar des autres étudiants en post-graduation.
Fonctionnement
Le CAMRA fonctionne selon un système de délégués et de porte-paroles.
Dans chaque service hospitalier, les résidents élisent un délégué du service qui est chargé de les informer de l'actualité de la protestation. Il est tenu, en outre, de rapporter les préoccupations des résidents de son service lors des réunions des délégués. L'ensemble des délégués des services élisent à leur tour un délégué d’hôpital. Celui-ci représente l'hôpital lors des réunions des délégués nationaux.
Des assemblées générales sont tenues régulièrement, selon la disponibilité des structures d'accueil (quasi-quotidiennement à l'hôpital Parnet, deux fois par semaine à Béni Messous, etc.) et regroupent l'ensemble des résidents de chaque hôpital. Durant ces assemblées, des débats sont tenus sur les actions à prendre durant la protestation, les résidents émettent leur préoccupations et on procède à des votes. Le tout dirigé par au moins deux délégués de service. Les débats sont régulés par un modérateur, aussi délégué de service.
Par ailleurs, des assemblées générales réunissant les délégués nationaux ont lieu régulièrement dans différentes villes du pays, notamment Alger, Tizi-Ouzou, Annaba ou encore Oran.
Communication
La page facebook du CAMRA[6] est l'interface officielle de communication du collectif. On y trouve tous les procès-verbaux des réunions nationales des délégués ainsi que des communiqués.
Le CAMRA dispose de nombreux porte-paroles en langues arabe et française. Les porte-paroles interviennent dans les médias écrits ou audiovisuels.
Alors que la protestation a duré plusieurs semaines, l'ENTV a continuellement ignoré le mouvement préférant outrageusement donner la parole à la tutelle et jamais au CAMRA.
Le CAMRA décide alors de se tourner vers les médias étrangers. Le passage le plus remarquable a été celui d'Al Jazeera lors du journal télévisé El Hassad el Magharibi du 4 mai 2011 avec une interview en live de l'un des porte-paroles[7].
Actions
La première action directe du CAMRA a été une grève de deux jours les 15 et 16 mars 2011 avec un taux de participation dépassant les 90 % sur tout le territoire national[8].
La semaine suivante, face au silence de la tutelle, le CAMRA entame à nouveau une grève de trois jours les 21, 22 et 23 mars 2011 avec un taux de participation supérieur au premier débrayage[9].
À partir de la date du 28 mars 2011 l'ensemble des résidents algériens entame une grève illimitée avec un fort taux de participation.
En parallèle à la grève, le CAMRA a organisé plusieurs sit-in à Alger notamment au niveau de l’hôpital Mustapha-Pacha (lieu phare de la contestation) mais aussi dans de nombreux hôpitaux de provinces (Oran et Constantine entre autres). Des tracts dans lesquels sont présentés les résidents et leurs revendications sont distribués à la population.
D'autres sit-in ont été organisés devant les ministères de la santé et de la réforme hospitalière et celui de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique[10].
Le CAMRA a décidé aussi d'organiser d'autres rassemblements au niveau d'El Mouradia à proximité du palais de la présidence de la république[11].
Le 4 mai 2011, les forces de l'ordre interdisent un nouveau rassemblement devant la présidence de la république alors qu'auparavant ceux-ci étaient tolérés d'autant plus qu'ils se déroulaient dans d'assez bonnes conditions. Les résidents médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes sont violemment repoussés loin des lieux. Plus tard dans la journée, les manifestants réussissent à forcer le cordon sécuritaire et peuvent marcher vers la Place du 1er Mai malgré l'interdiction[12].
Suite aux propos du premier ministre Ahmed Ouyahia[13], jugés méprisants par les résidents, le CAMRA convoque un méga sit-in national au CHU Mustapha Pacha le 1er juin 2011. Une foule immense a répondu à cet appel et la manifestation a bien commencé au sein de l’hôpital. Galvanisés et plus que jamais déterminés, les résidents tentent de forcer le dispositif sécuritaire placé aux portes de l’hôpital et réussissent à sortir par plusieurs à-coups et se déploient sur la place du 1er mai. Le premier groupe sortit réussi à marcher une seconde fois dans les rues de la capitale se dirigeant vers le siège de l'Assemblée populaire nationale (APN) au niveau duquel ils ont été reçus par le président de la chambre basse du parlement. Durant ces événements la police n'a pas hésité à employer la force et un grand nombre de résidents a été blessé[14].
Le 8 juin 2011, soit une semaine jour pour jour après les violences qu'ont subit les résidents à Alger, le CAMRA organise un méga sit-in national à Oran (la première fois dans une ville de province). Les résidents de tout le territoire national répondent massivement à cet appel, le CAMRA ayant organisé leurs déplacement vers la capitale de l'Ouest. Une vague blanche envahit le CHU-Oran et une marche débute à l'intérieur de l’hôpital mais très vite les manifestants forcent un cordon sécuritaire planté à l'entrée de l’hôpital et réussissent au prix d'une bastonnade soutenue à sortir dans la rue[15]. Les protestataires se dirigent vers le siège de la wilaya d'Oran où un sit-in d'environ deux heures est tenu cette fois dans d'assez bonnes conditions.
À noter que les internes et les externes ainsi que les étudiants en pharmacie et en chirurgie-dentaire soutiennent largement le mouvement.
Dans sa démarche dénonciatrice, le CAMRA émet un véritable coup de gueule sur les conditions de travail et l'état chaotique dans lequel se trouvent les hôpitaux algériens. Pour ce faire, un résident anonyme dénommé "Symphony", a créé une page facebook nommée "Hôpitaux algériens, Bienvenue en enfer"[16] dans laquelle un véritable musée de l'horreur défile. Après avoir posté une photo choquante d'un enfant "Malek" brulé au visage au 3 ème degrés qui a été sauvé par ledit Symphony, en confectionnant à l'aide d'une bouteille d'eau minérale un système ingénieux faisant office de masque à oxygène, celui-ci étant indisponible au niveau des hôpitaux d'Alger, le Buzz est ainsi crée. Très vite, la page compte plus de douze mille membres, la presse s'empare du sujet qui fait scandale et les algériens découvrent stupéfaits les lieux apocalyptiques dans lesquels ils sont soignés[17].
Références
- http://www.biladi.fr/031171589-algeriegreve-illimitee-depuis-d-hier-les-medecins-residents-durcissent-leur-mouvement
- http://news.moofid.com/fr-14749-La-greve-illimitee-largement-suivie.htm
- http://www.forum-algerie.com/actualite-algerienne/50322-de-la-condition-du-medecin-resident-et-du-service-civil-pour-le-praticien-specialiste.html
- http://www.lexpressiondz.com/article/2/2011-05-07/89081.html
- [1] ébauche du nouveau statut]
- https://www.facebook.com/camra.org
- Passage du CAMRA sur AL Jazeera
- http://www.algerie-plus.com/actualite/la-greve-des-medecins-residents-largement-suivie/
- http://www.tsa-algerie.com/divers/nouvelle-greve-des-medecins-residents_14888.html
- http://www.algerie-focus.com/2011/05/03/les-medecins-residents-protestent-de-nouveau-devant-le-ministere-de-lenseignement-superieur/
- http://www.afrik.com/breve29570.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+afrikfr+%28Afrik+VF%29
- http://www.elwatan.com/une/medecins-residents-une-marche-malgre-l-interdit-05-05-2011-123198_108.php
- http://www.algerie-plus.com/actualite/ouyahia-defend-le-principe-du-service-civil-conteste-par-les-medecins-residents/
- http://www.algeriesoir.com/algerie-presse/010611-urgent-les-medecins-residents-a-nouveau-tabasses-a-alger.html
- http://www.elwatan.com/actualite/les-medecins-residents-marchent-a-oran-09-06-2011-127989_109.php
- https://www.facebook.com/groups/HOPITALDZ
- http://www.echoroukonline.com/fra/actualite/8810-la-sante-dans-le-coma-en-algerie.html
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