Philippe-Auguste de Sainte Foix

Philippe-Auguste de Sainte Foix

Philippe-Auguste de Sainte-Foy, chevalier d'Arcq (ou d'Arc), dit le comte de Sainte-Foy. Né à Paris le 20 juillet 1721, mort à Paris le 5 février 1795. Officier de Cavalerie, homme de lettre et publiciste. Après une courte mais brillante carrière militaire, ce petit-fils de Louis XIV a mené une vie brillante de littérateur, notamment pour ses essais abordant plusieurs aspects de la société de la fin du XVIIIe siècle. Exilé par Louis XVI à Montauban, il rejoint Paris durant la Révolution et correspond avec plusieurs protagonistes de la Convention. Sa correspondance et le témoignage des Conventionnels le sauve du tribunal révolutionnaire.

Sommaire

Naissance et jeunesse

Philippe-Auguste de Sainte-Foy est le fils naturel de Louis-Alexandre de Bourbon, Comte de Toulouse et Amiral de France, lui-même fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Sa mère est Madeleine Aumont, une femme d'origine modeste. P.-A. de Sainte-Foy est donc un petit-fils du Roi-Soleil. Son acte de baptême (du 22 juillet 1721 en la paroisse Saint-Eustache, à Paris) le donne pour fils de Louis-Alexandre de Sainte-Foy, Officier de marine (nom et fonction d'emprunt du père)[1]. Il est élevé dans l'entourage paternel et reçoit une éducation très soignée. Par testament, il reçoit une rente annuelle de 12 000 livres[2].

Carrière militaire du chevalier d'Arcq

Il entre dans la Première Compagnie de Mousquetaires du Roi, sous le nom de chevalier d'Arcq (une terre relevant du Duché-Pairie de Château-Villain, en Champagne). Puis, il reçoit le brevet d'une Compagnie de Cavalerie, est admis à l'Ordre de Malte avec dispense de fournir ses preuves de noblesse[3].

Il participe à la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) : il participe à la bataille de Dettingen (27 juin 1743) et à celle de Fontenoy (11 mai 1745), est remarqué lors d'une périlleuse action d'éclat durant la bataille de Lauffeld (2 juillet 1747). Il quitte la carrière militaire après le traité d'Aix-la-Chapelle (1748)[4].

Vie littéraire et mondaine du chevalier d'Arcq

Dans les années suivantes, le chevalier d'Arcq se consacre à l'écriture (romans et essais). Son travail le plus important est intitulé La Noblesse militaire ou le Patriote français de 1756, écrit en réplique au livre La noblesse commerçante, de l'abbé Gabriel-François Coyer (1707 - 1787). Le chevalier d'Arcq est partisan d'instaurer l'exclusive de la vocation militaire de la noblesse, contrairement aux suggestions de l'abbé. Il est également favorable à l'établissement d'une concordance entre le titre nobiliaire et le mérite militaire. Il propose enfin que les citoyens roturiers accèdent à la noblesse personnelle selon leurs états de service. Cet essai fait grand bruit à sa publication[5]. De 1756 à 1758, il participe au Journal étranger[6].

En parallèle à ses activité littéraires, il mène une vie luxueuse et galante très dispendieuse. Il est également l'amant et le protégé de Marie-Madeleine de Cusacque, comtesse de Langeac, à l'époque où celle-ci est également la maîtresse officielle du comte Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, ministre d'Etat de Louis XV. Le chevalier d'Arcq organise des fêtes très coûteuses. Celle du 3 août 1767 est restée célèbre pour le récit attribué à Bachaumont dans les Mémoires secrets[7].

A la fin de son règne, le roi Louis XV attribue au comte de Sainte-Foy une nouvelle pension de 12 000 livres[8]. Le comte de Provence (le futur Louis XVIII) le nomme "Premier Fauconnier" de sa Maison[8].

Chicanes, procès et vieillesse

En 1772, il épouse une roturière, ancienne comédienne, Anne-Marie Richard, qui est déjà la mère de sa fille, Marie-Louise-Sophie de Sainte-Foix (née le 13 septembre 1756 et décédée le 24 janvier 1795)[9]. Dès lors, il est abandonné par son demi-frère, Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, ainsi que par la Cour. En mai 1775, il est contraint d'engager la pension qu'il tenait de son père pour apaiser les créanciers[10]. Dans les années qui suivent, le chevalier d'Arcq produit onze mémoires de réclamations contre son frère. En décembre 1785, celui-ci obtient du roi Louis XVI une mesure d'exil contre le remuant comte de Sainte-Foy, d'abord à Tulle, puis, pour des raisons de santé, à Montauban[11].

De 1787 à 1790, le comte de Sainte-Foy publie de nombreux essais sur les maux de la société du XVIIIe siècle, les solutions qu'il propose, les avertissements qu'il prodigue sur l'évolution des événements. Nous connaissons ses tristes conditions de vie grâce à ses démélées avec l'administration fiscale et à des reconnaissances de dette[10].

Fin 1792, il est de nouveau à Paris, où il doit comparaître devant le Tribunal criminel, accusé "d'avoir trempé dans les conspirations de la cour"[12]. Sa correspondance avec le Général Dumouriez, citée de mémoire par Bertrand Barère, Président en fonction de la Convention, l'innocente complètement[13]. Sur les deux années qui suivent, nous ignorons tout, sauf qu'il habite avec sa fille à Paris, 181 Faubourg du Roule[14].

Il décède douze jours après sa fille[15],[16].

Œuvres du chevalier d'Arcq

  • Lettres d'Osman. 1753
  • Le Roman du jour, pour servir à l'histoire du siècle, Londres. 1754
  • Le Palais du Silence. 1754
  • Mes Loisirs. 1755
  • Apologie du genre humain. 1756
  • La Noblesse militaire, ou le Patriote français opposé à la noblesse commerçante. 1756
  • Histoire générale des guerres (deux tomes parus). 1756
  • Histoire du commerce et de la navigation des Anciens et des Modernes. 1758
  • Essais sur l'Administration. 1787
  • Invitation à ma Patrie en faveur de l'Humanité souffrante. 1789
  • De la convocation des Etats Généraux. 1789
  • Prospectus ou Idée sommaire (sur la rente). 1789
  • Projet d'une Contribution nationale. 1789
  • Mémoire présenté à l'Assemblée nationale. 1789
  • Observations (sur le nouvel ordre des choses). 1789
  • Mémoire à consulter et Consultation (sur les démêlés avec le duc de Penthièvre). 1790

Fiction

Le chevalier d'Arcq est l'un des protagonistes du roman de Mary Lafon La Bande mystérieuse Paris 1863.

Notes et références

  1. Edouard FORESTIÉ Neveu Le comte de Sainte Foy chevalier d'Arcq Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne VI 1878 page 9.
  2. Edouard FORESTIÉ Neveu op. cit. p. 10 ; Jean DUMA Les Bourbon-Penthièvre 1678-1793 Publications de la Sorbonne 1995, p.19.
  3. Edouard FORESTIÉ Neveu op.cit. p. 10.
  4. Edouard FORESTIÉ Neveu op.cit. p. 10. Le site Wikipedia en allemand indique qu'il sert dans le "Régiment royal des Cravates" (nom indiqué en français).
  5. voir http://de.wikipedia.org/wiki/Philippe-Auguste_de_sainte-Foix.
  6. Voir le site du Centre International d'Etude du XVIIIe siècle et l'article sur le Journal étranger à l'adresse : http://c18.net/dp/dp.php?no=732.
  7. Louis PETIT de BACHAUMONT (attribué à) Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France depuis 1762 ou Journal d'un observateur ... III pp. 210-212. L'extrait en question est aisément consultable sur Internet à l'adresse suivante : http://homes.chass.utoronto.ca/~trott/societe/notes/Arcq.htm
  8. a et b Edouard FORESTIÉ Neveu op.cit. p. 13.
  9. Le 11 février 1772 en l'Eglise Saint-Roch.
  10. a et b Edouard FORESTIÉ Neveu op.cit. p. 26.
  11. Dans son article de 1878, Forestié contredit formellement la légende d'un exil à Tulle des 1779, comme sa mort à cette date et dans cette ville, rapportée par Louis Mayeul CHAUDON Dictionnaire universel ... 1779. Cette invention aura encore cours au XIXe siècle (voir l'édition de Chaudon de 1810).
  12. L'expression est d'Edouard Forestié.
  13. Edouard FORESTIÉ Neveu op.cit. pp. 26 et 27.
  14. Leur adresse figure sur leurs actes de décès : Acte N° 1025100172788-11088 et 1025100172789-11088, répertoriés par La France généalogique CEGF.
  15. Voir les actes référencés ci-dessus et consultables sur le site Généanet.
  16. La trame de cet article est principalement extraite de deux textes : l'article de wikipedia en allemand (sur http://de.wikipedia.org/wiki/Philippe-Auguste_de_Sainte-Foix) et la notice bibliographique d'Edouard Forestié de 1878.

Références sur le chevalier d'Arcq

  • Article Arc in Louis Mayeul CHAUDON Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique. 1779 et 1810
  • J.P. BRANCOURT Un théoricien de la société au XVIIIe siècle : le chevalier d'Arcq. 1878
  • Emeran FORESTIÉ Neveu Histoire de l'Imprimerie ... à Montauban 1894 et 2008, notes N° 504 page 302 et N° 528 page 305.
  • Maurice SOULEIL Le comte de Sainte-Foy à Montauban, Recueil de l'Académie de Montauban tome 33 Années 1926-1927-1928, pages 161 à 177.
  • Michelle NAHON et Maurice FRIOT Philippe-Auguste de Sainte Foix, chevalier d'Arc, oncle du roi à la mode de Bretagne, Bulletin de la Société Martinès de Pasqually N° 13 2003.

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