Chalara fraxinea

Chalara fraxinea

Chalara fraxinea (téléomorphe: Hymenoscyphus pseudoalbidus[1],[2]) est un champignon pathogène jugé responsable d'une maladie fongique (mycose) dite chalarose ou «  maladie du flétrissement du frêne » ; C'est une maladie émergente (phytopathologie) qui touche en Europe depuis le début du XXIe siècle les frênes Fraxinus excelsior et F. angustifolia.

Ce champignon Ascomycète peut toucher toutes les parties de l'arbre. Mais il n'a été détecté qu'au niveau des nécroses ou des pourritures, et non dans le bois sain (aubier, bois de coeur...). La qualité de la grume ne semble donc pas affectée (hors zones de nécrose ou pourriture), mais la circulation de petits bois industriel ou de chauffage pourrait contribuer à la diffusion de bois contaminé et donc de spores.

Une étude menée en Suède sur des frênes malades[3] a trouvé ce champignon en association avec d'autres espèces (Gibberella avenacea, Alternaria alternata, Epicoccum nigrum, Botryosphaeria stevensii, Valsa sp., Lewia sp., Aureobasidium pullulans et Phomopsis sp.). Ces champignons ont été inoculés sur de jeunes frênes sains et après 2 ans, seules 4 espèces (A. alternata, E. nigrum, C. fraxinea et Phomopsis sp.) ont conduit à l'observation de nécroses de l'écorce et du cambium typiques de la maladie. Le C. fraxinea présentait le pouvoir pathogène le plus élevé. Il s'est développé chez environ la moitié des arbres inoculés, alors que les autres espèces de champignons ont causé des nécroses que chez 3 à 17% des frênes inoculés.

La biologie de C. fraxinea et d'éventuelles causes environnementales d'une susceptibilité aggravée de F. excelsior sont encore mal comprises et doivent faire l'objet de nouvelles études[3],[4].

Sommaire

Prévalence géographique

La chalarose est apparue en Pologne au début des années 1990 avant de s'étendre en Europe septentrionale, centrale et du sud[3].
La répartition de la maladie est encore mal connue, mais fait l'objet d'un suivi dans de nombreux pays, dont la France avec l'INRA et le DSF.

En Belgique, il fait l'objet d'un suivi sanitaire par la Région wallonne depuis 2009. Cette année-là, il n'a pas été détecté, mais en 2010, de premiers sites infectés ont été repérés. Des mesures d’éradication ont cherché, sans succès à stopper la propagation de la maladie[5].

En France, les premiers symptômes ont été signalés en Haute-Saône en 2008. En 2010, onze départements étaient touchés avec plusieurs foyers signalés dans le nord de la France (Pas-de-Calais où néanmoins - en 2009 - l'État recommandait de ne pas changer les pratiques d'exploitation[6]) et dans l'est (Alsace, presque partout).

Origine du champignon

Elle demeure inconnue. Cent cinquante neuf souches de C. fraxinea ont été isolées à partir des premières mortalités de frênes observées en Pologne entre 2005 et 2006[7]. Cet échantillonage couvrait cinq régions polonaises géographiquement (et climatiquement) éloignées. Bien que l'origine de la maladie n'ait pas pu être précisée, des analyses génétiques (intra-et inter-population) basées sur 90 marqueurs RAMS ont permis d'évaluer les distances et modes de dispertion et une éventuelle dépendance vis-à-vis de certaines conditions biogéographiques ou climatiques.

Symptômes

  • Flétrissement de rameaux ;
  • Dessèchement de l'écorce qui devient localement orangée et qui peut cacher la présence de scolytes (Leperesinus fraxini ou Hylesinus crenatus lors de certaines observations faites en France[8])
  • Mort des pousses  ;
  • Descente de cîme avec en réaction apparition de nombreux « gourmands », eux-mêmes souvent mycosés ;
  • Fréquentes nécroses corticales à la base des rameaux tués par le champignon, pouvant gagner toute la branche avec des faciès chancreux ;
  • Parfois, le collet du frêne peut se nécroser sans symptômes dans le houppier (dans ce cas, l'armillaire semble alors aussi présent, avec risque associé de casses de l'arbre).

Ce champignon a fait l'objet d'une alerte internationale de l'EPPO et le diagnostic de sa présence peut être maintenant confirmé par PCR (plus rapidement qu'en isolant le champignon sur gélose) par certains laboratoires[3],[9]. Ce nouvel outil devrait faciliter la recherche du champignon et l'acquisition de données d'intérêt écoépidémiologique[9].

Détection et culture en laboratoire

Chalara Fraxinea ne croit que très lentement sur les supports classiques de gélose alors qu'il se développe très vite chez les frênes infectés (pour ceux qui n'y résistent pas naturellement)[9].

Exploitation du bois

En France, le ministère de l'Agriculture recommande le martelage entre le 15 août et la fin septembre, quand l'arbre est en feuille de manière à mieux apprécier l’état du houppier.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Note de Service DGAL/SDQPV/N2009-8315 et sur le site du Ministère de l’agriculture (dans la rubrique Santé et protection des végétaux/Santé des forêts)

Références

  1. Queloz, V., Grünig, C.R., Berndt, R., Kowalski, T., Sieber, T.N. Holdenrieder, O. 2011. Cryptic speciation in Hymenoscyphus albidus. Forest Pathology, 41: 133-142
  2. Husson, C., Scala, B., Caël, O., Frey, P., Feau, N., Ioos, R., Marçais, B. 2011. Chalara fraxinea is an invasive pathogen in France. Forest Pathology, DOI: 10.1007/s10658-011-9755-9
  3. a, b, c et d Renaud Ioos, Tadeusz Kowalski, Claude Husson and Ottmar Holdenrieder ; Rapid in planta detection of Chalara fraxinea by a real-time PCR assay using a dual-labelled probe : European Journal of Plant Pathology Volume 125, Number 2, 329-335, on line : 22 avril 2009, DOI: 10.1007/s10658-009-9471-x
  4. Remigijus Bakys, Rimvydas Vasaitis, Pia Barklund, Iben M. Thomsen and Jan Stenlid Occurrence and pathogenicity of fungi in necrotic and non-symptomatic shoots of declining common ash (Fraxinus excelsior) in Sweden ; European Journal of Forest Research Volume 128, Number 1, 51-60, DOI: 10.1007/s10342-008-0238-2 (Résumé)
  5. Article de Forêt wallonne
  6. DRAF (Direction Régionale de l'Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) ; Evolution de la chalarose sur frêne.
  7. Wojciech Kraj, Marcin Zarek and Tadeusz Kowalski Genetic variability of Chalara fraxinea, dieback cause of European ash (Fraxinus excelsior L.)  ; Biomedical and Life Sciences Mycological Progress DOI: 10.1007/s11557-010-0724-z ; Résumé
  8. 2008 en Haute-Saône
  9. a, b et c Renaud Ioos, Tadeusz Kowalski, Claude Husson and Ottmar Holdenrieder ; Rapid in planta detection of Chalara fraxinea by a real-time PCR assay using a dual-labelled probe  ; European Journal of Plant Pathology Volume 125, Number 2, 329-335, DOI: 10.1007/s10658-009-9471-x (Résumé)

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