Betty Mahmoody

Betty Mahmoody

Betty Mahmoody (née le 9 juin 1945 à Alma dans le Michigan) est un écrivain américain. Elle est connue surtout pour son livre Jamais sans ma fille et pour sa lutte pour les droits des enfants.

Sommaire

Biographie

Au cours d'une conférence donnée à Wilmington (Delaware) en avril 2003[1], et par le récit qu'elle en fit dans son livre "Jamais sans ma fille", Betty Mahmoody raconta les dix-huit mois de calvaire qu'elle vécut en Iran avant de réussir à s'en échapper avec sa fille.

Son mari, le médecin Bozorg Mahmoody, d'origine iranienne avait étudié aux Etats-Unis et y travaillait quand elle le rencontra; souffrant de migraines ses soins furent à ce point efficaces qu'elle s'intéressa et tomba sous le charme de cet homme délicat et prévenant. Après la naissance de leur fille et quelques années de mariage, plusieurs déménagements et changements de postes, il arriva que les tensions politiques entre l'Iran et les USA s'aggravèrent; influencé par des amis et quelques membres de sa famille en visite, Bozorg Mahmoody adhéra au fondamentalisme musulman, milita et se trouva pris entre les positions de son pays de naissance et de son pays d'adoption. Betty Mahmoody s'en inquiéta, les crises conjugales s'intensifiant elle envisagea le divorce, mais dans un souci de réconciliation et d'affirmation de leur couple, elle accepta de l'accompagner avec sa fille en Iran afin de faire connaissance avec l'ensemble de la famille. Il prétendit alors ne vouloir que revoir les siens et apporter des médicaments aux blessés de la Guerre Iran-Irak et lui jura sa bonne foi; les avocats qu'elle avait précédemment consultés ne la mirent pas fermement en garde et personne ne l'avertit des risques encourus.

Tous trois partirent donc en août 1984. Les premiers jours ne furent que visites de parents qui rapidement ne lui témoignèrent guère d'intérêt et encore moins de sympathie; le contraste des modes de vie iranienne et américaine saisit Betty et sa fille, le manque d'hygiène surtout, puis son mari tout au plaisir d'être honoré et cajolé par sa famille en vint à arguer de difficultés administratives pour retarder leur départ. Betty, isolée avec sa fille, rabrouée parce qu'américaine, constatait le changement d'humeur et l'incertitude qui gagnait son mari; ce dernier, encouragé par ses proches, finit par lui déclarer avec une autorité nouvellement gagnée qu'elle ne quitterait jamais l'Iran. Il l'enferma, la laissant à la surveillance de sa nombreuse parentèle, en vint à la battre toutes les fois qu'elle se rebellait, et l'éloigna plusieurs fois de sa fille.

Face à la folie furieuse de son mari, Betty crut plus prudent de feindre l'épouse soumise et affectueuse afin de gagner sa confiance, elle fut autorisée à sortir pour faire des courses et en profita pour déclarer sa situation à l'Ambassade de Suisse[2] qui ne put guère faire plus pour elle que d'avertir et d'établir un contact avec sa famille (les relations diplomatiques étant rompues entre l'Iran et les USA, la Suisse gèrait les intérêts américains). Elle accompagnait aussi leur fille à l'école et profitait de ces rares temps de liberté pour chercher de l'aide. Plusieurs personnes et opportunités de s'enfuir se présentèrent mais devant leur dangerosité Betty hésita et refusa leur plan, terrorisée du sort incertain réservé à son enfant et à elle. On l'enjoignit plusieurs fois à partir sans sa fille, qui selon les lois iraniennes appartenait à son père, suggestions qu'elle refusa avec indignation, ne pouvant tolérer l'idée de la laisser derrière elle, exposée aux périls de la guerre, et privée de liberté. Leur installation, après avoir été longtemps nourris et hébergés chez plusieurs parents, prit fin quand ils louèrent leur propre appartement, dans lequel un cabinet de médecine illégale permit à Bozorg Mahmoody d'exercer et de gagner son premier argent. Une certaine normalité de vie et un semblant de paix s'instaurait dans le couple; Betty en apparence soumise, pratiquant les prières islamiques, gagnait en liberté et nouait des contacts amicaux et utiles.

Un homme lui fut indiqué, en qui elle eut de suite toute confiance pour élaborer un plan de fuite; plan plusieurs fois retardé, mais qui dû se réaliser en urgence: Betty, dont le père malade était en fin de vie, fut contrainte par son mari, sous prétexte de lui rendre visite, de partir pour les USA, seule, avec l'ordre d'y liquider leurs biens et de revenir avec l'argent, pendant que leur fille resterait sous sa garde. Betty craignant avec raison de se voir refuser le retour en Iran et redoutant l'évidente perte de sa fille, obtint de son ami que leur fuite se fasse en catastrophe: il dut les expédier sur les routes hivernales, à travers les montagnes, à cheval, à pied, puis leur faire traverser le pays kurde …, pourtant, sans aucuns papiers sur elles, épuisées, affamées, elles arrivèrent en Turquie où l'ambassade américaine les prit en charge et les renvoya par avion en Amérique.

Son livre "Jamais sans ma fille" parut en 1988, rédigé avec la collaboration de la journaliste William Hoffer, fut nommé au prix Pulitzer et traduit dans un grand nombre de langues. Dans le monde entier on en vendit plus de huit millions d'exemplaires, dont plus de deux millions rien qu'en Allemagne. En 1993 parut un deuxième livre, Pour l'amour d'un enfant, qui décrit ce qui s'est passé après leur fuite.

Parce que son mari aurait menacé d'enlever sa fille des USA, elle vit aujourd'hui sous un nom d'emprunt. Elle a fondé une organisation pour la protection des enfants dont les parents sont issus de cultures différentes, est apparue dans des débats télévisés et a été entendue comme témoin dans plusieurs procès sur le droit de garde. L'activité de ce groupe de pression a permis l'adoption en 1993 de l'International Parental Kidnapping Act. Cette loi fédérale américaine punit le fait de quitter les États-Unis avec un enfant de moins de 16 ans sans le consentement de l'autre parent.

Son mari, Bozorg Mahmoody, est mort à Téhéran le 22 août 2009, à l'âge de 70 ans[3].

Adaptation cinématographique

Le film américain Not Without My Daughter, tourné en 1991 et dans lequel Sally Field jouait le rôle de Betty Mahmoody, repose sur ce qu'a vécu cette dernière.

Le film devait être diffusé en 1998 sur les télévisions française et allemande, mais en représailles l'équipe nationale d'Iran menaça de boycotter le championnat du monde de football de 1998. Si en France le film fut diffusé, la chaîne privée allemande VOX renonça à l'émission prévue, sous le prétexte officiel qu'« un danger pour les collaborateurs n'était pas exclu ».

Réactions

Le livre et le film furent jugés par des Iraniens en exil et une partie des musulmans comme racistes, généralisants et insultants. La représentation que donne Betty Mahmoody serait, aux dires de ces critiques, trop unilatérale, contradictoire et exagèrerait l'aspect dramatique. Il faut ajouter que le livre de Betty Mahmoody n'est en aucune façon un travail scientifique sur les structures sociales de l'Iran, mais se borne à raconter son expérience personnelle.

Parmi les ouvrages qui critiquent le livre de Betty Mahmoody, on trouve Nicht ohne Schleier des Vorurteils[4] (Francfort-sur-le-Main, en 1991), écrit par une féministe iranienne en exil, Nasrin Bassiri.

Betty Mahmoody assure dans son livre Pour l'amour d'un enfant que tous les reproches de généralisation sont injustifiés et que dans Jamais sans ma fille elle n'a à aucun moment voulu représenter la totalité des Iraniens comme des gens méchants ou hostiles aux femmes. Elle a écrit : « Depuis le jour de mon arrivée à Téhéran, j'avais souffert avec les Iraniens qui avaient dû tant supporter pendant la révolution islamique et la guerre contre l'Irak. Je n'avais jamais douté qu'une seule personne était responsable de ma misère personnelle : mon mari. Je n'ai jamais porté de jugement global sur les Iraniens, surtout après que tant d'entre eux sont devenus mes amis et m'ont aidée à fuir. »

En 2002, Kari Tervo et Alexis Kouros, un écrivain finlandais né en Iran, ont réalisé un film documentaire, Sans ma fille, (Dream Catcher Productions) où est donné le point de vue du mari de Betty Mahmoody[5]. Sa fille, cependant, une fois le film paru, a refusé de revoir son père, assurant qu'elle avait encore peur de lui[6].

Notes

  1. Avon Grove Sun du 17 avril 2003
  2. Les États-Unis et l'Iran n'avaient pas repris leurs relations diplomatiques et c'était la Suisse qui s'occupait des intérêts américains.
  3. Le Parisien, 22 août 2009.
  4. Pas sans le voile du préjugé. Le livre semble n'avoir été publié qu'en Allemagne
  5. « Sans ma fille » : un film à la gloire de l'antiféminisme iranien.
  6. Avon Grove Sun du 17 avril 2003.

Liens externes

Référence de traduction


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Betty Mahmoody de Wikipédia en français (auteurs)

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