- Assouplissement quantitatif
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En économie, l’assouplissement quantitatif (en anglais quantitative easing: QE) est une politique monétaire dite non conventionnelle utilisée par certaines banques centrales pour augmenter la masse monétaire en augmentant les excédents de réserve du système bancaire.
Cette politique est généralement appliquée lorsque les autres méthodes pour augmenter la masse monétaire ont échoué : les outils conventionnels sont le taux directeur de la banque centrale, qui lui même détermine le taux d'escompte ou le taux interbancaire et les réserves obligatoires des banques commerciales auprès de la banque centrale. Dans le cas de la crise financière qui a débuté en juillet 2007, le taux de référence pour les prêts interbancaires de la Réserve fédérale des États-Unis est abaissé à presque zéro pour cent dans le but de rendre l'argent « bon marché » et « abondant ».
Sommaire
Mécanisme simplifié et risque
Grossièrement expliqué, mais cela correspond exactement à son objectif, le QE est l'équivalent moderne de la planche à billet, pour les banques centrales, en plus sophistiqué dans ses modalités, toutefois. Ainsi la Banque Centrale se met à acheter des bons du trésor (ce qui revient à prêter à l'État) et d'autres titres financiers :
1. Elle met donc de l'argent en circulation dans l'économie ;
2. Elle augmente ainsi les réserves du secteur bancaire.
Dans un cadre de crise et donc de manque de liquidités, le point 1 est capital. On évite ainsi une dramatique déflation. Le point 2 doit inciter les banques à accorder à nouveau des prêts - ce que la crise des subprimes les empêchait de faire, par manque de réserve et par défiance généralisée envers tous les nouveaux emprunteurs. Le risque est de provoquer de l'inflation (voir théorie quantitative de la monnaie) ou de favoriser les bulles spéculatives.
Histoire
La première mention écrite du concept d’assouplissement quantitatif et de l'expression « Quantitative Easing » est attribuée à l'économiste allemand Richard Werner (de), professeur d’économie internationale à l'université de Southampton (Royaume-Uni). Travaillant en 1994 à Tokyo, il a inventé l'expression, lors de présentations à des investisseurs nippons. Il l’a également utilisé, dans le titre d'un article publié le 2 septembre 1995, dans le Nihon Keizai Shinbun (Nikkei)[1]. Selon l’auteur, il a utilisé cette expression afin de proposer une nouvelle forme de politique monétaire : une politique de stimulation par la banque centrale qui ne repose ni sur les réductions de taux, ni sur les politiques monétaristes conventionnelles telles que l'expansion de la masse monétaire (par exemple par la « planche à billets »), l'accroissement des réserves des banques ou la stimulation des agrégats M2-M3. Au lieu de cela, Werner a fait valoir que, pour provoquer une reprise économique, il était nécessaire et suffisant de stimuler « la création de crédit », à travers un certain nombre de mesures telles que l’achat de bons du trésor et des prêts directs aux entreprises et au gouvernement par la banque centrale. Il a également suggéré l’achat direct par la banque centrale d'actifs non performants des banques commerciales et des prêts directs aux entreprises et au gouvernement.
Le Japon a connu à partir de 1997 une situation monétaire marquée par une longue période déflationniste ; la Banque du Japon après avoir décidé début 2000 de baisser son taux d'intérêt à 0 % , adopte en mars 2001 une politique d'assouplissement quantitatif pour tenter d'accroître les liquidités et afin de sortir de la déflation[2]. Le 9 mars 2006, la Banque du Japon renonce officiellement au principe de l'assouplissement quantitatif, les prix ayant augmenté pendant trois mois d'affilée.
Plus tard, durant la crise financière de 2008-2011, des politiques d'assouplissement quantitatif sont mises en œuvre à grande échelle par le Royaume-Uni[3], puis les États-Unis[4] et la zone Euro. L'assouplissement quantitatif a été utilisé par ces pays alors que leurs taux d'intérêt nominaux à court terme étaient proches de zéro (au Royaume-Uni, le taux officiel de la Banque d’Angleterre était alors de 0,5 %).
Au cours de son programme d'assouplissement quantitatif commencé en mars 2009, la Banque d'Angleterre a acheté jusqu’en septembre 2009, environ 165 milliards de £ d'actifs aux institutions financières, et à un degré moindre, des créances de qualité élevée émises par des entreprises privées[5]; ce montant fut porté à 200 milliards de £, fin 2010. Les banques, compagnies d'assurance et fonds de pension ont alors pu utiliser l'argent qu'elles avaient reçu pour le prêter ou pour acheter des obligations émises par d‘autres banques.
Début novembre 2010, la Fed a décidé d'acquérir des titres détenus par des institutions financières américaines à hauteur de 600 milliards USD dans le but de favoriser l'accroissement de l'activité économique américaine[6]. La politique de Quantitive Easing de la Fed a apparemment évité à la crise des subprimes de virer à la crise déflationniste. En effet, à l'instant critique, le crédit inter-bancaire menaçait d’être gelé : c'est-à-dire que les banques ne se prêtaient plus entre elles. L'afflux brusque de liquidités a été une bouffée d'air pour le système bancaire au bord de la suffocation.
Néanmoins, le président de la Fed Ben Bernanke a des critiques (par exemple Ron Paul, qui veut abolir la Federal Reserve) qui l'accusent de prolonger trop longuement sa politique de « planche à billets ».
Notes et références
- (en) Origine du nom “Quantitative Easing”, CNBC
- En quoi consiste l'assouplissement quantitatif - Japon Reuters.fr
- (en) L’assouplissement quantitatif expliqué Banque d’Angleterre
- la Fed a décidé de lancer un rachat de bons du Trésor à long terme pour $600 milliards, Les Échos, novembre 2010
- (en) QA: Quantitative Easing (l’assouplissement quantitatif ), BBC, 9 mars 2009. Consulté le 22 septembre 2011
- François Desjardins, « La Fed sort la planche à billets », dans Le Devoir, 4 novembre 2010 [texte intégral (page consultée le 4 novembre 2010)]
Bibliographie
- Banque de France, « Les Mesures non conventionnelles de politique monétaire », dans Focus, no 4, 23 avril 2009 [texte intégral [PDF]]
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