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Îles de Loos
Sommaire
Un Archipel en face de Conakry
La première des îles de Loos se situe à 3 km du phare de Boulbinet ; autant dire que les îles font partie du paysage de la capitale guinéenne. Tombo, où la ville de Conakry prit naissance, fût un temps d'ailleurs considérée comme partie intégrante de l'archipel, puisqu'elle était une île à marée haute. Plus pour des raisons politiques (l'archipel a appartenu aux Anglais jusqu'en 1904, avant d'être cédé aux Français) que pour des raisons géographiques, car un simple coup d'oeil permet de constater que Tombo se rattache plutôt à la presqu'île du Kaloum, ce que confirment les données géologiques. La commune actuelle de Kaloum (résultant du dernier découpage administratif de Conakry) comprend pourtant l'île Tombo et l'Archipel de Loos. Comme pour donner raison aux Anglais ? L'Archipel est remarquable par la disposition circulaire des îles qui, pendant longtemps, a fait croire à une origine volcanique de l'ensemble.
Un cadre préservé
Le littoral des Iles de Loos est essentiellement rocheux. côté océan, le deferlement des vagues, souvent spectaculaire empêche tout accostage. Là, se pratiquent la pêche artisanale et la pêche sportive (si prisée des touristes). Côté intérieur, la mer est calme, peu profonde, propice à la baignade et autres loisirs. Les plages, rares, sont plutôt disposées le long des littoraux intérieurs des îles. La plupart n'ont jamais été aménagées et permettent au touriste occidental de devenir, le temps d'un week-end, un Robinson Crusoé des temps modernes.
Historique
Ilhos dos idolos, îles des idoles, îles de Loos. Les premiers découvreurs européens de la "terra dos negros" virent à la longue-vue des embarcations chargées d'idoles que les continentaux emportaient sur les îles à des fins cérémoniales. La légende veut que les Portugais fussent surpris de voir "ces spectacles disparaître comme par magie dès qu'ils mettaient le pied dans l'eau près du rivage, pour reprendre dès qu'ils remontaient dans leurs barques, "le pied hors de l'eau" ."
Des îles d'abord Anglaises
Les îles de Loos ont été fréquentées très tôt par les navigateurs européens. Sur deux d'entre elles, subsistent, aujourd'hui encore, des ruines attribuées aux Portugais. D'après un rapport de Paul Bidaine, administrateur-maire de Conakry, daté du 8 novembre 1917, jusque vers 1850, l'île de Roume, servait de dépôt d'esclaves aux Américains et aux Portugais qui faisaient dans les Rivières du Sud un fructueux commerce de bois d'ébène. D'autres rapports indiquent au contraire que les Anglais ont, vers 1810, établi un fortin sur la même île de Roume, à partir duquel ils lançaient des opérations contre les négriers. C'est la conférence de Berlin qui attribua officiellement les îles de Loos à la Couronne Britannique, obligeant les Portugais à s'établir ailleurs, dans les îles Bissagos (en Guinée-Bissao). Les Anglais créèrent des écoles et des temples protestants qui semblaient inquiéter les catholiques Français de Conakry (plusieurs fils de chefs des Rivières du Sud y étaient scolarisés). Les îles dépendaient alors de la colonie Anglaise de Sierra Léone.
Et les insulaires
Les îles étaient habitées, au XIXéme siècle, par des Bagas qui s'enfuirent tous à l'approche des Anglais (Rapport de Paul Bidaine, 1917). Les Anglais installèrent, selon le même rapport, huit anciens soldats originaires de la Nigéria (O'Connor Scipio, Harwey, Cockle - sur les terrains duquel la France construisit le pénitencier de Fotoba - Rose, Duke, Cole, Dadi Wolf et Richard Wolf), et qui, après 21 ans de service militaire dans les colonies étaient retraités. A titre de dotation nationale, ils eurent la jouissance de tout l'archipel. On leur confia également un certain nombre d'esclaves libérés, en les engageant à épouser les femmes. Les enfants issus de ces familles sont connus sous le nom de Kinboyes et ont fondé à leur tour des familles qui conservèrent cette domination sur les îles. Au début du XXème siècle, l'île de Tamara était ainsi partagée entre 61 chefs de familles, descendants des premiers colons ou de leurs Kinboyes. La convention du 8 avril 1904 prévoyait que tous les insulaires avaient un an, à compter du 2 mai 1905, jour de la prise de possession des îles au nom de la France, pour faire leur déclaration d'option de nationalité. Quoique ne se rendant peut-être pas exactement compte de la valeur du mot "option", ils m'ont tous déclaré qu'étant de la même race que les gens du continent, ils seraient des Français comme eux. (Pobequin, 10 juin 1905)
Un environnement difficile et... Touristique
Les îles de Loos ont rarement plus de 1 km de largeur. Les plus grandes, Tamara et Kassa, s'allongent sur un peu moins de 10 km, du nord au sud. Elles portent les reliefs les plus élevés : 162 m au nord de Tamara (autrefois sommet Ballay), 108 m au Sud de Kassa (sommet Koromandja). D'autres îles sont encore plus petites (île Blanche, île de Corail), jusqu'à n'être plus que des îlots qui se découvrent seulement à marée basse : îlet Poulet, îlet Fousset. Les paysages de l'île de Roume - remarquable par sa situation au centre de l'archipel - sont caractéristiques. Au nord, une anse se subdivise en deux plages, permettant aux pirogues d'accoster en toute sécurité, soit au niveau du village de Room (plage du port), soit plus à l'est ( plage dite "Pokia"), devant les pailottes où se regroupent les touristes. Le reste du littoral est rocheux et difficile d'accés, et la pente est forte jusqu'aux sommets (61 et 82 m). (Idéal pour les adeptes de la marche de brousse). La roche nue est fréquente au près de l'eau, les activités de jardinage se limitent aux abords du village, le reste de l'île étant consacré à la culture du palmier et du manioc, lorsque cela est possible. La population insulaire, peu nombreuse, s'est spécialisée avant tout dans la pêche, et depuis quelques années, pendant les saisons sèches, dans le tourisme.
Le banc de Crawford
Le banc de sable dit "de Crawford", situé au nord de l'île de Room, et qui se découvre à marée basse, doit son nom à un négrier réfractaire, capturé par les Anglais et pendu dans cette île.
Iles de Loos, Iles aux idoles
Le terme "Los" vient du portugais idolos, les idoles, que les insulaires, fortement marqués par l'animisme, sortaient lors de certains travaux agricoles pour s'attirer les bienfaits des divinités, et éviter certaines catastrophes. Les croyances Animistes et la Sorcellerie sont assez développées sur les îles.
Dans les îles, le Soussou est devenu la langue dominante avec le Français. L'anglais a disparu dans les premières décennies du XXè siècle. Jusqu'aux années 1970, la religion dominante des insulaires était le christianisme. Mais aujourd'hui le seul groupe de chrétien, sont les chrétiens Anglicans du village de Fotoba, sur l'île de Tamara. Tous les autres insulaires sont des musulmans.
Roume ou Room ?
Roume est le nom du gouverneur général de L'A.O.F., supérieur hiérarchique du gouverneur de la Guinée française. C'est le nom donné à l'île sur la carte topographique de 1956 (I.G.N France), la dernière réalisée. Mais jusqu'à la veille de l'Indépendance de la Guinée, les insulaires (surtout ceux d'origine sierra-léonaise) écrivaient Room.
Le village de Roume(Room) Le village de Roume est situé sur le littoral nord de l'île, facilement accessible en pirogue, et bien abrité de la houle. Une palmerais occupe la plus grande partie des terres arables, bien peu étendues dans cette île essentiellement rocheuse. Un village de pêcheurs car la pêche constitue l'activité principale dans l'archipel. - Pêche à la dorade : Des embarcations de bois(12 m de long / 2.5 m de large) de 6 personnes partent pêcher à la Palangrotte (à la ligne), en haute mer ou vers la sierra-leone, pendant 3 jours. Ils peuvent glacer le poisson car ils sont munis d'une grande caisse à glace, dans la pirogue. - Pêche au Filet : Même embarcations avec caisse de glace ou sans, ils partent en mer poser des filets plombés, long de 500 ou 700m, qu'ils encrent au fond de l'eau pour ne pas qu'ils dérivent. Ils les posent le matin et les montent le soir, ou bien partent en mer 3/4 jours. Avec vivres et glace. - Pêche du "Bounga" : Là aussi, le "Bounga" est une grosse sardine, que les pêcheurs attrapent avec des filets flottants à petite maille, qui eux dérivent suivant le courant. Il n'en fut pas toujours ainsi : jusque dans les années 1950, c'est l'agriculture qui dominait, ce qui peut expliquer l'origine continentale des populations. L'augmentation de la demande en poisson liée à l'essor de Conakry après 1950 et la mise en exploitation d'usines sur Kassa (Bauxite et Granite), où des insulaires trouvèrent à s'embaucher, explique leur enrichissement relatif : la plupart des maisons de Roume sont de type urbain. Avec une grande Ecole Primaire , une belle Mosquée, quelques villas, etc ... Les pêcheries industrielles et artisanales sont souvent concurrentes sur un même espace, en dépit de la Loi. La pêche industrielle étend ses activités à la côte pour profiter des rendements élevés. Des conflits éclatent parfois. Une partie des prises est congelée, le reste est écoulé soit comme produit frais(à Conakry), soit fumé.
(Cf: http://www.villaelijahguineeconakry.com)
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