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Évagre le Pontique
Pour les articles homonymes, voir Evagre.Évagre le Pontique (346-399) est un moine du IVe siècle dans le désert d'Egypte, premier systématicien de la pensée ascétique chrétienne.
Sommaire
Biographie
Originaire d'Ibora, dans la région du Pont (actuelle Turquie), Évagre a été ordonné lecteur par Basile de Césarée.
L'évêque Grégoire de Nazianze l'ayant ordonné diacre, il l'accompagna à Constantinople, où sa prédication connut un grand succès.
En 382, Évagre quitta cette capitale et se retira d’abord à Jérusalem, puis en Égypte, où il devint disciple de Macaire d’Alexandrie.
Il mena jusqu’à sa mort la vie monastique dans le désert de Nitrie, et gagnait sa vie en copiant des manuscrits.
L'enseignement d'Évagre
Évagre a théorisé l’expérience spirituelle des moines du désert dans un langage inspiré de l’enseignement d’Origène.
Quoi que son nom ait été inclus dans les condamnations qui ont frappé certains enseignements d'Origène lors des controverses des VIe et VIIe siècles aux conciles de Constantinople de 553 et de 680 (ce qui explique que certaines de ses œuvres aient été transmises sous des noms d'emprunts), l'influence des écrits d'Evagre sur la spiritualité de l’Orient byzantin a été considérable. Par les "Conférences" de Jean Cassien, mais aussi les traductions de Rufin d'Aquilée, cette influence s’est répandue jusqu’en Occident.
C’est de lui que provient la formulation systématique de certains grands thèmes de la spiritualité orientale : division de la vie spirituelle en vie active et vie contemplative ; nécessité du dépouillement de toute image et de toute forme pour parvenir à la contemplation ; identification de la prière et de la théologie , qui est connaissance (gnose ) de la Trinité ; notion de l’apathie , qui est tout autre chose que l’impassibilité stoïcienne — paix et douceur d’une âme entièrement purifiée par le renoncement et la charité...
Il a sans doute inventé le système des péchés capitaux qu'il énumérait au nombre de 8 : gourmandise, impureté, avarice, mélancolie (= acédie), colère, paresse, vaine gloire et orgueil. C'est Grégoire le Grand qui impose le chiffre 7.
Malgré ses mérites incontestables pour la vie monastique, cette mystique « intellectualiste » ne manque pas de susciter certaines réserves en raison même de ses lacunes : Evagre construit un système ascétique et mystique qui se suffit presque à lui-même entre "passions", "contemplations", "ascèse", mais on peut se demander quelle place y est faite à la réalité humaine, historique de Jésus Christ.
Bibliographie
Œuvres et traductions
Évagre semble être le premier moine qui ait laissé une œuvre littéraire importante, dont une partie nous est parvenue sous des noms d'emprunts. La critique moderne a déjà beaucoup fait et a encore beaucoup à faire pour reconstituer l’héritage littéraire d’Évagre.
- l’Antirrheticos (Réfutation ), recueil de sentences à opposer aux tentations du démon, divisé en huit livres, un contre chacun des huit péchés capitaux.
Une trilogie :
- le Monachicos (Le Livre du moine ). Recueil de sentences en deux parties : le Practicos (La Vie active , c’est-à-dire l’ascèse), destiné au commençant (deux éditions, en soixante et onze et cent chapitres), et le Gnosticos (La Vie contemplative ), pour le moine formé. Traité pratique ou Le Moine, trad. Antoine et Claire Guillaumont, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", n° 170 et 171, 1971, 2 t., 472 et 316 p.
- Le Gnostique, trad. Antoine et Claire Guillaumont, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", n° 356, 1989, 216 p.
- les Problemata gnostica (Problèmes sur la gnose , c’est-à-dire la contemplation), six groupes de cent sentences (Centuries ), enseignements dogmatiques et ascétiques dont le désordre apparent cache une doctrine spirituelle très ferme. Chapitres gnostiques (Les six centuries des 'Képhalaïa gnostiva'), versions syriaques et trad. Antoine Guillaumont, Firmin-Didot, 1958, 264 p.
Deux opuscules attribués à Nil d’Ancyre sont à restituer à Évagre :
- La Prière , enseignements précieux en cent cinquante-trois sentences (comme les cent cinquante-trois poissons de la pêche miraculeuse). [1]
- Les Mauvaises Pensées (la description qui y est donnée de l’" acédie ", dégoût des choses spirituelles, est restée célèbre).
On a conservé en syriaque soixante-sept Lettres d’Évagre, auxquelles il faut joindre la Lettre VIII de saint Basile, qu’on doit aussi lui restituer.
Évagre avait encore composé des Commentaires sur les Psaumes et des Commentaires sur les Proverbes , dont des fragments importants ont été conservés dans les Selecta in Psalmos d’Origène ou dans les fragments de son commentaire sur les Proverbes.
- Scholies à l'Ecclésiaste, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", n° 397, trad. Paul Gehin, 1993, 208 p.
- Scholies aux Proverbes, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", n° 340, 1987, 532 p.
Édition scientifique
Clavis Patrum Græcorum 2430-2482
Études sur Évagre le Pontique
- Dictionnaire de spiritualité, t. 4, fasc. 2, 1961, col. 1497-1513.
- Encyclopédie Universalis.
Sources
- Évagre, Traité Pratique, ou Le Moine, Cerf, coll. "Sources Chrétiennes", n° 170, 1971, 2 vol.
- Pallade de Galatie, Histoire Lausiaque (420), chap. 38, trad. du grec, Desclée de Brouwer, 1981..
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Quelques textes d'Evagre en traduction française
- Les oeuvres d'Évagre publiées (ou en préparation), Cerf, collection "Sources Chrétiennes"
- Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France): EVAGRE le Pontique ( 346 - 399 )
Catégories : Littérature grecque tardive | Naissance en 346 | Décès en 399
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