- États généraux de 1614
-
Les états généraux de 1614 se tiennent à Paris peu après la déclaration de majorité de Louis XIII et le voyage de ce dernier dans les provinces de l'ouest. Ils se déroulent donc au moment où le pouvoir royal se raffermit face aux manœuvres des grands féodaux. Ce sont les derniers états généraux avant ceux de 1789.
Organisation et composition
Le roi Louis XIII ordonne que le clergé siège aux Augustins, la noblesse au couvent des Cordeliers, et que les représentants du tiers état se réunissent dans l'Hôtel de ville de Paris. Cependant, la noblesse et le tiers état demandent la permission de se joindre aux représentants du clergé aux Augustins, ce qui leur est accordé, afin que les trois ordres puissent conférer ensemble.
La Chambre du clergé est composée de 140 personnes, dont cinq cardinaux, sept archevêques, quarante-sept évêques. Parmi le clergé un orateur est particulièrement remarqué, Richelieu, alors jeune évêque de Luçon. Les nobles sont quant à eux représentés par 132 personnes, le Tiers État de 192 « députés », majoritairement officiers de justice ou de finance.
Déroulement et décisions
Les états généraux s'ouvrent le 27 octobre 1614, après un jeûne public de trois jours et une procession solennelle que l'on a ordonnée pour implorer « l'assistance du ciel ». L'assemblée se tient au Louvre, dans la grande salle de l'Hôtel de Bourbon. Le Roi y siège avec à sa droite la Reine mère, qui est elle-même près de la Première Fille de France, Élisabeth, promise au Prince d'Espagne.
Le Roi déclare dans une brève adresse que son but est d'écouter les plaintes de ses sujets et de pourvoir à leurs griefs. Cette première séance est donc consacrée à la désignation des représentants de chaque ordre chargés de rédiger les volontés des sujets du roi.
La deuxième séance se tient le 4 novembre 1614. Le Clergé demande la publication du Concile de Trente, la noblesse demande l'abolition de la paulette, le tiers état le retranchement des tailles et la diminution des pensions. La noblesse et le clergé demandent également conjointement la réformation des universités et que les Jésuites soient admis dans l'Université de Paris à condition de se soumettre au règlement de celle-ci. Mais cette demande ne sera d'aucun effet, les Jésuites ayant refusé de respecter le règlement. Sont ensuite demandés l'accomplissement du mariage du Roi avec l'infante d'Espagne, et celui de madame Élisabeth de France avec le Prince d'Espagne.
La proposition la plus notable est introduite par le tiers état. Il s'agit de reconnaitre l'autorité du Roi de France, "monarque de droit divin", comme supérieure à l'autorité papale. Le clergé et la noblesse combattant avec ferveur cette disposition, elle n'est pas adoptée mais le roi et la régente ne perdent pas de vue cette intéressante revendication. Ce sont en effet les bases de l'absolutisme français qui sont introduites à cette occasion.
Cependant, la publication du Concile de Trente est accordée, de même que l'abolition de la paulette pour la noblesse.
Les états généraux se clôturent le 23 février 1615.
Citations[1]
- Jean Savaron, député du Tiers-État: "Qu'auriez-vous dit, Sire, si vous aviez vu dans vos pays de Guyenne et d'Auvergne, les hommes paitre l'herbe à la manière des bêtes ?"
- Robert Miron, député du Tiers-État: "Prenons garde que le désespoir ne fasse connaître au peuple que le soldat n'est autre chose qu'un paysan portant les armes."
- Ces citations proviennent du tome X de l'ouvrage Le Grand Vocabulaire François, par une société de gens de lettre, avec approbation et privilège du Roi, daté de 1770.
Wikimedia Foundation. 2010.