Épona

Épona
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Epona
Epona (Wetterau-Museum à Friedberg)
Epona (Wetterau-Museum à Friedberg)
Famille

Épona était une déesse majeure de la mythologie celtique gauloise dont le culte est attesté en Gaule par des sources gallo-romaines.

Épona est associée au cheval, animal emblématique de l’aristocratie militaire gauloise, dont les expéditions ont entraîné la diffusion de son culte.

Épona a pour équivalent Rhiannon chez les Celtes du Pays de Galles et Macha chez ceux d'Irlande.

Sommaire

Sources

Le plus ancien renseignement sur cette déesse gauloise se trouve chez Juvénal "...iurat/ solam Eponam et facies olida ad praesepia pictas"[1]. On y fait aussi allusion chez Minucius Felix : "Nisi quod vos et totos asinos in stabulis cum vestro vel [sua] Epona consecratis"[2].

Un Grec, Agesilaos, nous parle de sa naissance : "Comme il était misogyne, Phoulouios Stellos eut commerce avec une jument, celle-ci, arrivée à son terme, mit au monde une belle petite fille et la nomma Épona ; et c'est elle, la déesse qui prend soin des chevaux".

Émile Thevenot a créé un corpus de 268 inscriptions et représentations d'Epona.

Etymologie

Nous ne connaissons Épona que dans le contexte romain, bien que Jules César ne mentionne pas son existence dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, puisqu'il ne cite les dieux gaulois que sous le nom de leur équivalent romain. Son nom signifie « Grande jument » en gaulois, épos signifiant cheval[3]. Il est dérivé du proto-Celte *ekwos 'cheval'[4] — qui a donné en gallois ebol 'foal' et en vieux gallois epa « voler des chevaux ».

Iconographie

Généralement, Épona est représentée de trois façons :

  • sous la forme d'une jeune femme assise sur le dos d'une jument parfois accompagnée de son poulain (type équestre),
  • sous la forme d'une jeune femme debout à côté d'un cheval,
  • sous la forme d'une jeune femme assise sur une chaise entre deux chevaux ou poulains (type impériale).

Un oiseau ou un petit chien peuvent accompagner les représentation d'Epona.

Galerie

Fonctions

Epona était une déesse de la fertilité, comme le prouvent ses attributs : la patère et la corne d'abondance, ainsi que la présence d'un poulain sur certaines sculptures (Reinach, 1895). H. Hubert[5] attribue à la déesse et à ses chevaux un rôle de guide psychopompe, celui de guide des âmes vers les îles de l'autre monde[6].

Désignations

Epona serait désignée sous le nom de thénonyme féminin celtique de Rigantona en breton et Rhiannon en gallois, qui signifierait "grande reine". Ces déesses sont en effet décrites comme hippomorphes (Rhiannon chevauche une jument blanche). Sur une inscription de Docléa (Dalmatie), Epona est qualifiée de "Regina" et sur une autre de Karlsburg (Transylvanie) de "Regina Sancta", ce qui mettrait en évidence sa parenté avec Rigantona[7].

Localisation du culte

Fernand Benoît a trouvé les plus anciennes trace du culte d'Epona dans la province du Danube et affirme qu'il fut introduit en Gaule par des peuples cavaliers venus de l'est. Bien que le nom soit d'origine gauloise, on trouve des bas-reliefs d'Epona en latin et, plus rarement, en grec, qui ne furent pas toujours les œuvres des Celtes — le bas-relief d'Epona à Mainz, en germanie, est l'œuvre d'un syrien[8] — mais aussi de germains, de romains et d'autres habitants de l'empire romain. De fait, On a retrouvé des inscriptions relatives à la déesse Épona en Lorraine, dans les provinces rhénanes d'Allemagne, en Suisse mais aussi dans les pays d'Europe centrale et jusqu'en Hongrie. Galérius pourrait avoir introduit le culte d'Épona à Salonique.

Intégration dans le panthéon romain

Fait extraordinaire pour une divinité d'origine gauloise, Épona réussit à s'intégrer dans le calendrier romain et même à rejoindre le panthéon romain. Alors qu'à l'époque impériale, la tendance était plutôt à la romanisation des dieux gaulois traditionnels, Épona a gardé son identité propre. Les Romains associaient facilement le cheval aux peuplades gauloises. Son culte s'est transmis par les auxiliaires gaulois aux Romains entre le premier et le troisième siècle après Jésus-Christ.

Des traces de ce culte furent retrouvées au Latran dans la caserne des equites singularum, cavaliers barbares de la garde impériale. Les palefreniers romainslui érigeaient des sanctuaires dans les étables.

Le calendrier romain lui aurait consacré le 18 décembre, comme le montre le calendrier agricole de Guidizzolo, en Italie[9] même si cela peut être une simple célébration locale.

Elle fut intégrée au culte impérial par les empereurs romains en tant que Epona Augusta ou Epona Regina.

Un lieu de culte lui fut consacré dans Rome elle-même[10].

Culture populaire

  • Link, de la série de jeux vidéoThe Legend of Zelda, chevauche une jument nommée Epona dans The Legend of Zelda: Ocarina of Time (1998), The Legend of Zelda: Majora's Mask (2000), et The Legend of Zelda: Twilight Princess (2006). Dans Twilight Princess, le joueur a une option pour changer le nom mais Epona reste le nom par défaut.
  • Dans le roman de Morgan Llywelyn, The Horse Goddess, Epona est une femme celte qui possède des pouvoirs druidiques. Quand son peuple tente de la forcer à devenir druide, elle s'enfuit, et ses exploits donnent naissance à une légende qui fait d'elle une divinité.
  • Enya a composé une chanson intitulée 'Epona'.
  • Epona est la protectrice des chevaux dans le jeu de rôle en ligne 'Dark Age of Camelot'.
  • Le groupe de folk-métal Heol Telwen a une chanson en deux parties dans l'album An Deiz Ruz respectivement intitulées Epona Part I et Epona Part II .
  • Le groupe folk-rock Tri Yann évoque Epona dans la chanson Cheveux d'or

Notes et références

  1. Juvénal, Satires (texte, traduction et commentaire de P. de Labriolle et F. Villeneuve), Paris, C.U.F,, coll. « Les Belles-Lettres », 1996 (ISBN 2251011021) 
  2. Minuciu Felix, Octavius, Octavianus, XXVII, 7 
  3. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la Langue gauloise (approche linguistique du vieux celtique continental), page 163, éditions Errance, Paris, 2003, (ISBN 2-87772-237-6).
  4. Voir, en latin equus, et en grec hippos.
  5. Hubert, "Le mythe d'Epona" Mélanges linguistiques offerts à M. J.Vendryes (1925) pages 187-198.
  6. Jean Chevalier et Alain Gheerbran, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, 736 p. (ISBN 2-221-08716-X) 
  7. Yann Brekilien, La mythologie celtique, Éditions du rocher, 462 p. (ISBN 972 2 268 06299 0) 
  8. CIL 13, 11801
  9. Vaillant, 1951.
  10. Phyllis Pray Bober, reviewing Réne Magnen, Epona, Déesse Gauloise des Chevaux, Protectrice des Cavaliers in : American Journal of Archaeology 62, juillet 1958, p. 349.

Bibliographie

  • Yann Brekilien, La mythologie celtique, Éditions du rocher, 462 p. (ISBN 972 2 268 06299 0) 
  • Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, 736 p. (ISBN 2-221-08716-X) 
  • Fernand Benoît, Les mythes de l'outre-tombe. Le cavalier à l'anguipède et l'écuyère Épona, Latomus Revue d'études latines, Bruxelles, 1950.
  • X. Delamarre, Dictionnaire de la Langue Gauloise, Éditions Errance, 2003.
  • Salomon Reinach, Épona in : Revue archéologique 1895.
  • Francisco Marco Simón, "Religion and Religious Practices of the Ancient Celts of the Iberian Peninsula" in : e-Keltoi: The Celts in the Iberian Peninsula, 6 287-345, section 2.2.4.1 (on-line)(en)
  • M. P. Speidel, Riding for Caesar: the Roman Emperors' Horse Guards. Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, 1994. (en)
  • Dyfed Llwyd Evans, Epona: a Gaulish and Brythonic goddess (Divine Horse)(en), 2007.
  • M. J. Green, The Gods of the Celts, Stroud, Gloucestershire, 1986. (en)
  • Nantonos and Ceffyl, Epona.net, a scholarly resource(en), 2004.
  • L. S. Oaks, "The goddess Epona", in M. Henig and A. King, Pagan Gods and Shrines of the Roman Empire (Oxford), 1986, pages 77-84. (en)
  • Emile Thevenot, "Les monuments et le culte d'Epona chez les Eduens," L'antiquite Classique 18, 1949, pages 385-400.
  • Roger Vaillant, Epona-Rigatona, Ogam, Rennes, p. 190-205.
  • Venceslas Kruta, Les celtes, histoire et dictionnaire, Robert Laffont 

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