- Épicène
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Un nom épicène, du latin epicoenus dérivé du grec ancien ἐπίκοινος « possédé en commun », qualifie un nom non marqué du point de vue du genre grammatical. Est épicène un nom bisexué pouvant être employé indifféremment au masculin ou au féminin.
Un prénom épicène est un prénom qui à l’écrit désigne aussi bien un garçon qu’une fille : Camille, Claude, Dominique, Stéphane, ou Maxime par exemple, contrairement à certains prénoms qui ont la même prononciation à l’oral mais qui s’écrivent différemment, comme Michel et Michelle ou Michèle.
Par extension, en linguistique, on désigne également comme épicènes les mots où la distinction de genre grammatical est neutralisée, malgré leur appartenance à une classe lexicale où le genre est susceptible d'être marqué : cela concerne non seulement les noms, mais aussi les adjectifs (ex. rouge) et certains pronoms (ex. qui, dont).
Sommaire
Noms épicènes en français
En français, adulte, élève, archéologue, pédiatre, pianiste, secrétaire et généralement les noms de personnes terminés par une consonne suivie de -e muet sont épicènes, surtout lorsque la finale des suffixes est -iste (issu du latin) ou -logue (issue du grec).
- un élève studieux, une élève studieuse
- un bel après-midi, une belle après-midi
Enfant est en français l’un des rares épicènes se terminant par une consonne muette (ce mot s'écrivait d'ailleurs au pluriel enfans jusque la réforme orthographique de 1835) :
- un bel enfant, une belle enfant
Nouveaux épicènes
Des noms qui étaient traditionnellement masculins sont aujourd'hui employés comme épicènes par certaines personnes :
- La ministre, pour Madame le Ministre
- La juge, pour Madame le Juge.
- Une toréro, en parlant de Marie Sara
Cet usage se rencontre particulièrement dans la féminisation des noms de métiers. L'Académie française a vigoureusement protesté contre cette pratique. L'usage courant est parfois hésitant et le masculin est souvent conservé dans l'intitulé des fonctions (bien que « professeure », « auteure », « écrivaine », etc. soient souvent constatés dans les médias).
Évolution du féminin marqué vers l'épicène
Encore attestés au début de la moitié du XXe siècle et aujourd’hui peu usités : Doctoresse, philosophesse, ivrognesse, chéfesse, mairesse, maîtresse (qui a un diplôme de maîtrise). Les noms dont le sens est épouse de - comme mairesse, ainsi que les noms pour les épouses des officiers la capitaine, la colonelle, la générale ou des épouses de hauts fonctionnaires la procuratrice, l’ambassadrice (mais on dit la femme du Gouverneur.)
- Soit le mot masculin devient épicène comme maire, ministre, garde des sceaux, philosophe que l’on emploie aujourd’hui aussi bien au masculin qu’au féminin.
- Soit le mot féminin est abandonné et le masculin devient générique docteur, ambassadeur.
Masculin générique et féminisations
Traditionnellement, de nombreux noms masculins ne possédent pas de formes correspondantes au féminin et s'emploient aussi bien pour des femmes, s'il y a lieu. Il ne s'agit pas alors d'épicènes, mais de masculins génériques.
Des noms masculins sont parfois employés pour désigner des femmes lorsque le féminin, bien qu’attesté, est considéré par certains comme péjoratif ou dévalorisant : cuisinier, couturier, savant qui donne cuisinière, couturière, savante.
Des noms génériques masculins sont féminisés avec un -e, muet ou non, final : la députée pour Madame le député, une écrivaine pour une femme écrivain. Cette pratique est réprouvée par l'Académie française.
Au Québec, on emploie davantage qu'en France les formes féminisées de certains métiers : une docteure (bien que doctoresse existe), une professeure, une ambassadrice, une auteure. L'Académie française les proscrit absolument.
Confusion entre emploi générique et épicène
Le genre grammatical ne doit pas être confondu avec le sexe du référent. De nombreux termes, bien qu'ayant un genre grammatical défini, sont susceptibles d'être employés indifféremment pour des référents masculins ou féminins. Grammaticalement, il ne s'agit cependant pas d'épicènes puisque le genre grammatical est défini, mais d'emploi générique d'un genre : l'épicène est un phénomène morphosyntaxique et non sémantique.
Une souris, une panthère, une mouette, une girafe qui sont de genre féminin, peuvent désigner des mâles et des femelles, ce qui peut induire des phrases comme suit :
- La Panthère rose, du film homonyme La Panthère rose, est amoureux (et non amoureuse) d’une jeune et jolie Panthère.
- Jerry (du dessin animé Tom et Jerry) est à la fois une souris malicieuse et le père de Spike.N
- Inversement, une expression comme des œufs de canard est grammaticalement correcte ; bien qu'elle puisse être sentie comme erronée dans la mesure où canard est la désignation du mâle en même temps que de l'espèce, il s'agit d'une impropriété et non d'une faute de grammaire.
Un cheval qui est de genre masculin indique aussi bien l’animal mâle l’étalon que femelle la jument, mais n’est pas un mot épicène pour autant même dans l’exemple suivant : « Contrairement à une idée reçue, le cheval noir de Zorro n’est pas un étalon, mais une jument, et le cheval blanc de Don Diego de la Vega n’est pas une jument, mais un étalon. » De même Rossinante, la monture de Don Quichotte, n'est pas une jument, comme on le croit souvent en France à cause de son nom d'allure féminine en français, mais bien un étalon.
Anecdote
Rappelons-nous l'histoire de Madame Maire, épouse Prieur, capitaine dans l’armée française mais d'autre part agent secret compromis dans l’affaire du Rainbow Warrior et pour ce fait, assignée à résidence sur l'atoll polynésien de Hao. En 1988, elle fut rapatriée parce qu’elle allait devenir maman. Le communiqué officiel annonçait « Le capitaine Prieur est enceinte », ce qui mit les journaux dans l’embarras pour la rédaction de leurs titres.
Toutefois, il est à noter que grammaticalement cette phrase n'est pas incorrecte car il s'agit d'une syllepse de genre.À cette occasion, le linguiste Alain Rey déclara dans la presse qu'il était pour la féminisation des titres et grades, afin de ne pas avoir à écrire des phrases comme « le général est enceinte » ou « le ministre est trop maquillée ».
Voir aussi
- Genre grammatical
- They singulier
- Langage sexiste – Langage non sexiste ou épicène
- Féminisation des noms de métiers
- Canadianisme
Notes et références
Liens externes
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