- Émeutes de Sacheverell
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Les émeutes de Sacheverell, du nom du pasteur et docteur en théologie Henry Sacheverell, aux sermons particulièrement virulents, eurent lieu en Angleterre en 1710 et 1715 pour protester contre le procès intenté à ce pasteur et plus généralement contre l'alourdissement de la fiscalité apparu lors de la révolution financière britannique.
Comme les passions politique de la population britannique sont au cours de cette période partagées entre les factions rivales des Whigs et des Tories, les propos de Sacheverell, au nom de l'Église, qui donnent aux Tories de nombreux arguments, font de lui leur idole. Le gouvernement whig était divisé sur l'opportunité d'engager des poursuites contre Sacheverell et la ligne dure obtient gain de cause.
Le procès condamne Sacheverell en 1710 à une suspension de trois ans et à ce que ses sermons soient brûlés au Royal Exchange, ce qui fait de lui un martyr aux yeux de la population (en particulier au yeux des londoniens écrasés de taxes) et conduisent à ce que l'on nomme les Sacheverell riots (émeutes de Sacheverell) cette même année à Londres et dans le reste du pays.
Dans la nuit du 1er au 2 mars 1710, la foule se déchaîne et s'en prend aux lieux de culte presbytériens et dissidents, certains étant réduits en cendres, et seule l'arrivée de la garde montée évita la sac de la Banque d'Angleterre, « siège par excellence des gens de finance si haïs »[1]. La condamnation d'Henry Sacheverell fut si légère qu'elle ressembla à une victoire pour l'intéressé.
Les émeutes à leur tour amènent la chute du gouvernement un peu plus tard, tandis que le traité d'Utrecht de 1713 met fin à la guerre de Succession d'Espagne. Immédiatement après l'expiration de sa peine, le 13 avril 1713, Sacheverell est fait recteur de St Andrew à Holborn, par le nouveau gouvernement Tory. Le vote du Riot Act en 1714, qui autorise les autorités locales à déclarer tout rassemblement de plus de douze personnes comme hors-la-loi, pouvant ainsi les contraindre à se disperser ou à encourir les rigueurs de la loi. Il ne sera aboli qu'en 1973, par un gouvernement travailliste.
L'explosion d'agitation populaire en faveur des Torys s'explique par les difficultés économiques nées de la guerre – au premier chef le poids des impôts indirects – et par l'aisance de nombreux non-conformistes dans le milieu des affaires, à la réussite trop rapide. De plus, un acte du parlement avait accepté l'immigration de milliers de protestants venus du Palatinat, dont l'arrivée su le marché du travail provoqua une réaction de xénophobie[1].
Cependant, d'autres émeutes, dites « de Sacheverell » éclatent en 1715 alors que les Torys sont au pouvoir.
En 1791, trois quarts de siècle plus tard, les émeutes de Birmingham, aussi connues sous le nom d'émeutes de Priestley, se déroulent du 14 au 17 juillet à Birmingham, opposant les dissidents de l'Église d'Angleterre et, en particulier, le théologien et philosophe politique Joseph Priestley, partisan de l'abolition de l'esclavage, à des émeutiers d'extrême-droite.
Notes et références
- Les Îles britanniques à l'âge moderne, Elizabeth Turtel (1996), page 160
Bibliographie
- Les Îles britanniques à l'âge moderne, Elizabeth Turtel (1996)
- Geoffrey Holmes, The Sacheverell Riots: The Crowd and the Church in Early Eighteenth-Century London (1976), pages 55 à 85
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