- Zemblanité
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Le principe de zemblanité a été inventé par William Boyd (écrivain) dans son roman Armadillo (1999). Il s'agit de la faculté de faire systématiquement et exprès des découvertes attendues mais malheureuses et malchanceuses et n'apportant rien de nouveau. La zemblanité est définie comme le contraire de la sérendipité. Comme la sérendipité tire son nom de l'île de Serendip, c'est-à-dire le Sri Lanka, la zemblanité tire son nom de la Nouvelle Zemble, une île comme Serendip mais qu'on peut considérer comme son exact opposé à de nombreux points de vue, notamment climatiques et culturels. Pour filer la métaphore de William Boyd, on peut dire, du point de vue philosophique, que la zemblanité est "aux antipodes" de la sérendipité.
Armadillo peut se traduire littéralement comme "Petit homme armé".
Le terme de zemblanité apparaît deux fois dans le roman. Une première fois dans "Le Livre de la Transfiguration" numéro 389 (chapitre 12). Le héros, Lorimer Black, appelle ainsi l'ensemble des textes de ses "pensées intimes, ses espoirs et ses désirs". Voici le texte :
"389, Sérendipité. De Serendip, un nom antique de Ceylan, aujourd'hui le Sri Lanka. Un mot fabriqué par Horace Walpole qui l'inventa sur la base d'un conte populaire dont les héros ne cessaient de découvrir des choses qu'ils ne cherchaient pas. Ergo : sérendipité, le don de faire par hasard des découvertes heureuses.
Alors quel est donc l'opposé de Serendip, une terre du sud, une terre d'épices et de chaleur, de verdure luxuriante et de colibris, baignée par la mer, arrosée de soleil ? Pensez à un autre monde, loin au nord, stérile, pris dans les glaces, un monde de silex et de pierre. Appelez-le Zembla. Ergo : zemblanité, le contraire de sérendipité, le don de faire à dessein des découvertes malheureuses, malchanceuses. Sérendipité et zemblanité : les deux pôles de l'axe autour duquel nous tournons."Une deuxième fois, dans le chapitre 13 (p. 241 de la collection Points du Seuil) :
"-C'est une pure coïncidence, une pure méchante coïncidence, si Helvoir-Jayne habite chez moi monsieur Hogg."
Il aurait voulu lui parler de la "zemblanité", lui expliquer que cela était un parfait exemple de sa sinistre influence sur une vie ...- Armadillo (Armadillo, 1998), roman, traduit de l’anglais par Christiane Besse. [Paris], Éditions du Seuil, 1998, Réédition : Éditions du Seuil, « Points » P 625.
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