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Zagreus
Dans la religion orphique, Zagreus ou Zagrée (en grec ancien Ζαγρεύς / Zagreús) est un avatar du Dionysos mystique, dont le Dionysos, dieu de la vigne que nous connaissons, est la réincarnation. Ce mythe Thrace, central de l'orphisme semble inspiré de la légende égyptienne d'Osiris. Il pourrait être également d'origine crétoise ou égéenne.
Sommaire
Mythe
Zeus, métamorphosé en serpent, séduit Perséphone, la fille qu'il a eue de Déméter, encore jeune fille. Celle-ci lui donne Zagreus, qu'il confie à Apollon et aux Curètes, dans l'espoir de faire de l'enfant son héritier. Ceux-ci le cachent dans les bois du mont Parnasse. Héra, jalouse, envoie les Titans à sa poursuite. Ils retrouvent l'enfant grâce à des jouets et des hochets et le mettent en pièces. Ses membres sont ensuite dévorés, à l'exception du cœur, qu'Apollon (ou Athéna, suivant la version) parvient à sauver.
Zeus avale le cœur de l'enfant et parvient ainsi à lui donner naissance une seconde fois, sous le nom de Iacchos — d'où une étymologie proposée pour le nom de Dionysos : « deux fois né ». Les Titans, pour leur part, sont foudroyés par Zeus, et de leurs cendres naît l'humanité.
Interprétation
Le mythe, très proche de celui d'Osiris (lequel sera assimilé par les Grecs à Dionysos), peut être interprété comme le symbole de la mort de la végétation en hiver, et de sa renaissance au printemps. En effet, Dionysos est associé dans les cultes à mystères à Déméter et Perséphone, déesses de la végétation. Le massacre de Zagreus reflète peut-être les sacrifices humains et animaux qui ont cours sur les îles de Chios ou Lesbos, et qui expliquent l'épiclèse ὠμηστής / ômastês de Dionysos — « mangeur de viande crue ».
Henri Jeanmaire a également suggéré que le mythe de Zagreus pourrait être issu de rites d'initiation de jeunes gens, introduits tardivement dans le cycle de Dionysos.
La partie du mythe sur les Titans, incompatible avec leur histoire narrée par la Théogonie d'Hésiode, permet aux adeptes de l'orphisme de répondre à la question de l'origine du mal : les hommes portent en eux la marque des Titans, mais aussi une parcelle du dieu, Dionysos. Pausanias (VIII, 37, 5) rapporte qu'elle est tardive et due à Onomacrite, au VIe siècle av. J.-C., ce qui implique que le reste du mythe est antérieur. La datation réelle du mythe a été discutée, notamment par Wilamowitz, mais selon Eric Robertson Dodds, il porte toutes les marques de l'archaïsme : il se rapporte à l'ancien rite du sparagmos (démembrement rituel) et de l’omophagia (consommation de chair crue après le sparagmos), et s'appuie sur la conception archaïque de la culpabilité héréditaire.
Sources
- Euripide, fr. 472 (édition ?).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CLXVII).
- Nonnos de Panopolis, Dionysiaques [détail des éditions] [lire en ligne] (V).
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Marcel Detienne, Dionysos mis à mort, Gallimard, coll. « Tel », Paris, 1998 (ISBN 2070742121).
- Eric Robertson Dodds, Les Grecs et l'irrationnel, Flammarion, coll. « Champs », 1999 (ISBN 2080810286).
- Henri Jeanmaire, Dionysos, histoire du culte, Payot, 1991 (ISBN 2228884405).
- (en) Ivan M. Linforth, The Arts of Orpheus, Cambridge University Press, Londres, 1941.
- (en) M. P. Nilsson, “Early Orphism”, dans Harvard Theological Review no 28 (1935), p. 181-230.
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