Voyante

Voyante

Voyance

On désigne par le terme voyance la revendication d'une capacité à percevoir une information en dehors de l'usage des cinq sens. La personne qui aurait cette capacité est généralement appelé "voyant(e)" et propose des consultations à des clients qui sont en attente de révélations afin de préparer leur avenir.

Sommaire

Survol historique

Au cours des âges, l'astrologie a utilisé divers supports : l'observation des étoiles, comètes, éclipses et autres phénomènes astronomiques est l'un des plus connus. Au Sud de la Mésopotamie (Irak actuel), la civilisation de Sumer jeta les bases de l'astronomie et l'astrologie autour de 2500 avant J.-C. Encouragés par les souverains, les prêtres astronomes et astrologues ont poussé au fil des générations de plus en plus loin les observations des phénomènes météorologiques et astronomiques, dans un but prospectif. Toutes ces connaissances nourriront les civilisations suivantes : grecque, romaine, arabe…

1 000 ans avant J-C., dans la région du golfe du Mexique, les Olmèques posent les bases d'une astrologie qui sera adoptée ensuite par les civilisations toltèque, maya et aztèque. Aujourd'hui encore, dans les Andes Centrales, les paysans continuent d'utiliser un système de prédiction du climat datant de l'empire Inca, basé sur l'observation des Pléiades, afin de déterminer la date propice à la plantation des pommes de terre.[1]

Dans l'ancien testament de la Bible, une loi hébraïque interdit aux tribus d'Israël de faire usage de la divination(Deutéronome 18.10-12) "Qu'on ne trouve chez toi personne qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille, qui s'adonne à la divination, aux augures, aux superstitions et aux enchantements, qui ait recours aux charmes, qui consulte les évocateurs et les sorciers, et qui interroge les morts." L'évocation détaillée de ces pratiques mantiques laisse à penser qu'elles étaient alors répandues parmi les populations contemporaines des Hébreux, dans cette région du monde.

Autour du Ier au IVe siècle[réf. nécessaire], en Grèce et à Rome, ce fut l'apogée des haruspices, prétendant lire l'avenir dans le comportement ou les entrailles des animaux. Cette méthode de "prédiction" était d'un usage courant pour juger les crimes dans la Rome antique. L'auteur latin Cicéron, dans de divinatione, brosse autour de -44 avant J.-C. un tableau très complet des pratiques de son époque (augures, aruspices, astrologie prophétie, oniromancie...) et se livre à une critique méthodique des arguments en faveur de la divination, sous forme d'un dialogue entre son frère Quintus et lui[2].

À la même époque se développa en Asie le Yi King (ou Yi Jing : basé sur la philosophie taoïste du Yin-Yang, il s'appuya d'abord sur l'interprétation des fendillements des carapaces de tortues exposées à la chaleur, puis sur le lancer de 50 tiges d'achillée sèches. De nos jours le jet de pièces de monnaies est fréquemment utilisé. Cet oracle repose sur 64 figures (ou hexagrammes) constituées par l'empilement de six traits, qui peuvent être pleins ou brisés, mutables ou non. Par le jeu des mutations, on arrive donc à 4 096 combinaisons possibles. L'interprétation des hexagrammes est écrite dans le "Livre des mutations" (Yi-King), ouvrage métaphysique taoïste de la Chine antique, attribué au souverain Fo Hi, qui l'aurait rédigé pendant une période d'emprisonnement. Cet antique outil d'aide à la décision connut un regain de popularité dans les années 1960 dans certains milieux intellectuels, notamment aux États-Unis.

Des plantes psychotropes sont parfois utilisées pour accéder aux visions prophétiques : le soma, une boisson hallucinogène utilisée en Inde antique par les prêtres, leur permettait ainsi de « voir les dieux ». Cette pratique de consommation d'hallucinogènes à des fins divinatoires trouve probablement son origine dans les sociétés primitives et le chamanisme. [réf. nécessaire]

Durant le Moyen Âge, en Europe surtout et un peu moins en Afrique du Nord, ce sont les astres qui vont redevenir le support préféré des voyants : l'astrologie, ancienne mais encore marginale, prend son essor. D'après la théorie chrétienne d'alors, les étoiles sont en effet des disques derrière lesquels se cachent des anges ou des chérubins, et leur mouvement est en fait un signe. Le ciel s'organise donc en constellations, les années en périodes zodiacales, permettant par de savants calculs de déterminer l'horoscope. Nostradamus fut un astrologue reconnu de son vivant (qui rencontrait et conseillait nombre de personnalités); il a écrit un ouvrage dans lequel il dévoile, selon lui, tous les événements qui devraient se dérouler jusqu'en 2060 environ, date selon lui de la fin d'un monde.

Nostradamus, né Michel de Nostredame, cité plus haut, a établi des prévisions qui, de par la langue et le style employés, sont proprement indéchiffrables (ou à tout le moins sujettes à une foule d'interprétations possibles ce qui, bien évidemment, multiplie les possibilités de « tomber juste »).

De manière générale, diverses disciplines constituent les "arts divinatoires" : tarot, astrologie, boule de cristal, etc. Ces pratiques sont bien implantées dans la société, on estime que 21% des femmes et 9% des hommes en France ont déjà rencontré au moins une fois un ou une voyant(e). Le chiffre d'affaires annuel global des quelques 100 000 professionnels de la voyance et de l'occulte est évalué en ce début de XXIe siècle à près de 3 milliards d'euros, ce qui représente environ 15 millions de consultations par an. [réf. nécessaire]

Évolution de la législation

Pour le droit français jusqu'en 1994, l'exercice de la voyance était un délit prévu au Code Pénal. Le 1er mars 1994, les législations répressives de 1834 et de 1945 ont été grandement amendées par la suppression de l'article R.34 7 de l'ancien Code pénal.

Points de vue contemporains

La voyance repose sur une hypothétique capacité à « lire » avec ou sans support des possibilités qui ne sont pas encore survenues. De nombreuses expériences ont été tentées à l'ère moderne afin de vérifier ou d'infirmer les théories sur la voyance, en général par les détracteurs de ce phénomène. La voyance n'a aucun fondement scientifique. Ce qui n'empêche pas de nombreuses personnes de recourir aux « voyants » sans mettre en doute cette capacité.

Du point de vue de ceux qui la pratiquent, l'interprétation des visions ou des « lectures » est faite par le voyant lui-même et dépend donc en partie de son univers psychique et culturel. Comme toute interprétation, celle-ci subit en effet les interférences de la subjectivité du voyant mais aussi de celui qui l'a consulté.

On peut aussi considérer la voyance comme une extrapolation intuitive du cours des événements, s'appuyant sur un certain nombre de données considérées comme signifiantes (les signes). Vu sous cet angle, le fonctionnement de la voyance diffère très peu de celui du « dire d'expert » très valorisé socialement depuis la fin du XXe siècle dans de nombreux domaines (politique, sciences humaines, sociologie etc.) [réf. nécessaire]

En l'absence d'homologation officielle (tout comme pour certaines psychothérapies), le flou domine cette activité bien que des guides de voyants (comme pour les restaurants) et des fédérations de praticiens aient vu le jour.

Points de vue scientifiques

La voyance fait l'objet d'études scientifiques à la fin du XIXe siècle avec la Society for Psychical Research fondée à Londres en 1882.

En France, c'est en 1919 qu'est fondé l'Institut Métapsychique International (IMI). Il se définit comme « une alternative officielle entre les dérives de la crédulité et l'excès de scepticisme ».

La recherche fait de grands progrès dans les années 1930 aux États-Unis, sous l'impulsion de Joseph Banks Rhine qui développe des méthodes d'analyse statistique rigoureuses pour tenter de définir le phénomène.

Depuis, de nombreux protocoles d'expérience ont été mis en œuvre. Le plus célèbre d'entre eux est l'expérimentation StarGate aux États-Unis. En 1974 et pendant 20 ans, la CIA a coordonné et dépensé plusieurs millions de dollars dans un programme de recherche sur la clairvoyance destiné à trouver et tester des médiums. L'armée américaine fera ainsi appel à des « espions psy » tels que Joseph McMoneagle. [réf. nécessaire]

Plus engagé dans le rationalisme, un Laboratoire de Zététique a été créé en 1998 à l'Université de Nice en lutte contre la « pensée irrationnelle » dans le but de former chez l'individu « une capacité d'appropriation critique du savoir humain ».

  • Statistiquement :

Une étude statistique sur les prévisions les plus répandues (en général fin du monde, apocalypses, guerres, Mir qui s'écrase sur Paris, des prédictions assez courantes autrefois mais plus rares aujourd'hui) et menée par des zététiciens a démontré que moins d'une vision sur 100 000 s'est réalisée. [réf. nécessaire]

Une expérience réalisée en 2001 et publiée dans la prestigieuse revue Science révèle que le taux de chance pour un « voyant » de deviner la ou les main(s) (gauche ou droite, aucune ou les deux) que le témoin va poser est égal voire inférieur au hasard (une chance sur 4). [réf. nécessaire]

Toutefois, il n'existe pas d'étude statistique à grande échelle permettant de juger de la fiabilité de tous les types de voyance même si, pour l'instant, toutes les études scientifiques sur tel ou tel point de la voyance (cf. ci-dessus) ont toujours démontré l'absence d'effet voyance. [réf. nécessaire]

Enfin, l'activité de voyance ne faisant l'objet d'aucun enseignement organisé, ni d'un contrôle réglementaire, elle peut faciliter les agissements malhonnêtes de certains escrocs dénués de toute faculté extra-sensorielle.

  • Biologiquement :

Aucun mécanisme scientifiquement connu ne permettrait actuellement d'expliquer le phénomène de « voyance ». Cependant, l'analyse du comportement cérébral pendant une séance de voyance montre que le voyant est dans un état de profonde relaxation avec des phases de synchronisation des deux hémisphères qui sont semblables aux phases de rêve et peuvent donc expliquer la sensation de « visions » ressentie par le voyant. [réf. nécessaire]

L'effet Barnum

Un professeur de l'université de Oxford et plusieurs spécialistes français de zététique - dont Henri Broch, professeur à l'université de Nice - ont pu prouver par une expérience simple que plus une description est générale, plus les gens se reconnaissent en elle. Le test se déroula en trois étapes :

  • Un questionnaire banal fut distribué en demandant aux élèves de le remplir. Les questions étaient assez générales (par exemple : date de naissance, couleur préférée, couleur des yeux, prénom de la mère…)
  • Les questionnaires étaient récupérés et l'on rendait à tous un seul et même « résultat », préparé à l'avance, lui aussi très général. On demanda aux élèves de noter l'exactitude du test sur 5.
  • Les copies furent dépouillées sous contrôle d'huissier. Moyenne : 4,5/5. En reproduisant le même test mais en révélant aux élèves que le « résultat » était celui d'une autre classe, on obtint une note moyenne de 1/5.

Cet effet, qui fait que l'on s'identifie plus facilement à quelque chose si l'on se sent visé par celui-ci, est connu sous le nom d'effet Barnum (en référence aux talents de manipulateur de Barnum). [réf. nécessaire]

Critique

La voyance est considérée comme une duperie par des rationalistes, ainsi que par différents opposants aux pseudo-sciences[3].

Voir aussi

Sources

  1. Orlove, Benjamin / Chiang, John / Cane, Mark. « Prévisions météorologiques par les astres. » Pour la Science, n°311, septembre 2003 p.26-31
  2. Cicéron (traduction de Jos.-Vict. Le Clerc), De divinatione, Oeuvres complètes de M. T. Cicéron , tome 31, Werdet et Lequien fils, 1826
  3. La voyance (entre autres) vue par les sceptiques

Bibliographie

  • Serge Dufoulon, Femmes de parole. Une ethnologie de la voyance. Paris, A-M Métailié. 1997. (ISBN 2-86424-234-6)
  • Le mythe : pratiques, récits, théories : Volume 3, Voyance et divination, Approches croisées, sous la direction de Bertrand Méheust, Paul-Louis Rabeyron, Markos Zafiropoulos, Editions Economica (9 novembre 2004), Collection : Psychanalyse & pratique sociales.
  • Bertrand Méheust, 100 mots pour comprendre la voyance, Editions Les Empêcheurs de Penser en Rond (7 octobre 2005), Collection : Cent mots pour...
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