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Vidange d'une latrine
La vidange d'une latrine désigne l'opération consistant à vider la fosse d'une latrine des matières qui y sont contenues, afin de pouvoir continuer à l'utiliser quand elle est pleine.
Sommaire
Problème
Le temps que mettra une fosse à se remplir dépend de plusieurs facteurs : le volume de la fosse et la vitesse de remplissage ; celle-ci dépend du nombre de personnes utilisant la latrine, et du taux d'accumulation des excréta. D'après de nombreuses expériences[1], ce taux varie entre 40 litres par personne et par an pour une fosse humide si de l'eau est utilisée pour le nettoyage anal, à entre 60 litres et 90 litres par personne et par an pour une latrine sèche lorsque des objets plus volumineux sont utilisés pour le nettoyage anal. Dans le cas d'une fosse humide, l'infiltration dans le sol de la partie humide explique cette différence. On considère qu'une latrine est pleine lorsque le niveau arrive à 50 cm du sommet de la fosse.
La vidange d'une fosse est un problème récurrent dans les pays en développement et en particulier dans les bidonvilles. Les services publics sont soit absents, soit ne disposent pas de moyens techniques pour accomplir cette mission. Les entreprises privées ne font guère de profit dans ces zones, facilement négligées. On compte ainsi de très nombreuses latrines pleines et inutilisables.
La façon « classique » de vidanger une fosse est d'utiliser un camion-citerne spécial de grand volume muni d'une pompe aspirante, permettant de vidanger plusieurs fosses d'affilée, puis d'emmener les excréta vers un dépôt spécialement aménagé. Mais un tel équipement nécessite un entretien et une maintenance parfois difficile, et un grand investissement à la base. De plus, il ne permet pas d'accéder à des endroits plus reculés ou très denses comme l'intérieur des bidonvilles. De l'autre côté de l'échelle, il existe de nombreux travailleurs du secteur privé informel[2] qui vidangent les fosses avec des pelles et des seaux, pendant la nuit, dans des conditions insalubres. Un grand problème est alors de savoir où déposer les matières, qui faute de mieux sont parfois déversées dans un canal de drainage ou dans une rivière pendant la nuit. Pour cette raison, ils sont parfois considérés comme illégaux.
Des solutions de technologie intermédiaire ont été développées, et notamment le système Vacutug[3] développé au Kenya en 1996, permettant de construire et maintenir grâce à des matériaux locaux une machine de vidange à bas coût, de taille modérée et d'opération simple, à destination de micro-entreprises dédiées. Si les expériences jusqu'à présent semblent positives, elles nécessitent une aide à la création de ces micro-entreprises
Absence de vidange
Vidange manuelle
Dans de nombreux endroits des pays en développement, l'absence de moyens financiers empêche d'utiliser les systèmes mécaniques ; les bidonvilles se caractérisent aussi souvent par une grande densité de peuplement et des couloirs étroits, ne permettant pas le passage d'engins plus gros qu'une brouette voire une bicyclette. Dans ces endroits, les fosses des latrines sont souvent vidées manuellement, par des personnes utilisant des pelles et des seaux pour extraire les excréta.
La procédure suivie est assez similaire dans les différents pays : les vidangeurs commencent par enlever la dalle si c'est possible ou en cassent une partie s'il s'agit d'une grande dalle en béton, difficile à déplacer ; les parois de la fosse sont souvent endommagées pendant l'opération. Dans le cas d'une fosse humide, des seaux suffisent pour enlever les excréta et les vidangeurs peuvent rester en-dehors de la fosse ; avec une fosse sèche, les excréta sont en général très compacts, à part dans les premiers 50 centimètres. Les vidangeurs doivent alors descendre dans la fosse et utiliser des pelles voire une barre à mine pour décoller les matières et les remonter à la surface. Si c'est possible, les matières sont enterrées dans une autre fosse creusée à côté ; s'il n'y a pas de place pour cela, elles sont transportées par brouette jusqu'à un autre endroit où une fosse est creusée[4]
Les conditions de travail des vidangeurs sont particulièrement éprouvantes : ils doivent généralement travailler la nuit en raison des nuisances que leur travail crée pour le voisinage. S'ils utilisent souvent un désinfectant versé dans la fosse pour neutraliser les odeurs, celles-ci persistent tout de même et les masques ne suffisent pas toujours. L'usage de bottes, de gants et de masques peut permettre une certaine protection mais en pratique, ils ne sont pas toujours employés, soit que les vidangeurs manquent de moyens pour en acheter, soit qu'ils gênent trop le travail[5]. La présence de déchets dans la fosse complique le travail, et il n'est pas rare de trouver des déchets médicaux (en particulier des seringues) qui mettent en danger la vie des vidangeurs[6].
En plus de leurs conditions de santé, les vidangeurs subissent également la stigmatisation due à leur travail. Leur surnom peut être méprisant (vyura soit « homme-grenouille » à Dar es Salam), associé à une classe sociale inférieure (comme les bayakou haïtiens), ou les deux (les Intouchables en Inde, membres d'une caste séparée). Ils travaillent communément dans le secteur informel et ne sont pas toujours « légaux » aux yeux du service public : ils peuvent risquer une sanction (amende voire emprisonnement) en cas de « vidange illégale », raison de plus pour travailler la nuit. Leur insécurité les pousse à demander des tarifs élevés : 80 US$ à Dar es Salam, 60 à 100 US$ à Mombasa, 120 US$ à Cap-Haïtien[7].
Systèmes mécaniques
Notes
- ↑ John Pickford, Low-cost Sanitation: a survey of practical experience, 1995, IT Publications.
- ↑ Water and Sanitation Programme, Sanitation is a business, approaches for demand-oriented policies, SDC, 2004 (ISBN 3-03798-058-3).
- ↑ Madeleen Wegelin-Schuringa et Manus Coffey, Small Pit Emptying Machine : an Appropriate Solution in Nairobi Slum, IRC International Water and Sanitation Centre, 1998.
- ↑ Source : Travail réalisé avec les vidangeurs de Cap-Haïtien (bayakou) par l'auteur.
- ↑ Certains vidangeurs de Cap-Haïtien et de Dar es Salam reconnaisent ainsi ne pas vouloir utiliser de pelles mais plutôt deux assiettes, « plus pratiques ».
- ↑ Entretien avec Guettie Noël, Ministère de la Santé Publique et de la Population, Cap-Haïtien, Haïti.
- ↑ Steven Sugden, Pit latrine emptying processes, Dar es Salaam City Wide Sanitation Marketing, 2006.
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Voir aussi
Articles connexes
- Article général : Latrine
- Les Intouchables en Inde
- Hydrocureuse
Liens externes
- Fiche d'information du centre WELL.
- Portail de l’environnement et du développement durable
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