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Ursula Le Guin
Ursula Le Guin Ursula K. Le Guin en entretien avec ses lecteurs à Albuquerque en juillet 2004.Naissance 21 octobre 1929
Berkeley, en CalifornieUrsula Kroeber Le Guin [ˈɝsələ ˈkʁø:bɐ ləˈgɛ̃] — plus généralement appelée Ursula K. Le Guin — est une auteur américaine née le 21 octobre 1929 à Berkeley, en Californie. Bien qu'elle ait écrit de nombreux romans, poèmes et livres pour enfants, elle est surtout connue pour ses nouvelles et romans de science-fiction dans lesquels elle explore de façon originale des thèmes anarchistes, féministes, psychologiques ou sociologiques.
Sommaire
Biographie
Ursula Le Guin est la fille de l'anthropologue Alfred Louis Kroeber et de l'écrivaine Theodora Kroeber . Elle vit à Portland, en Oregon, depuis 1958. Son intérêt pour la littérature se déclare très tôt puisqu'à 11 ans elle soumet déjà une première histoire (refusée) au magazine Astounding Science Fiction. Ses études se déroulent à l'Harvard University's Radcliffe College, à l'université Columbia à New York puis en France où elle rencontre son mari, Charles Le Guin. Elle présente en 1952 une thèse sur Les idées de la mort dans la poésie de Ronsard. Ses premiers écrits ne concernent pas l'histoire fantastique de contrées imaginaires mais ce sont ces derniers qui lui permettront de publier régulièrement à partir des années 1960. Son premier roman remarquable est Le Monde de Rocannon en 1966. L'auteur devient célèbre à partir de la publication en 1969 de son roman La Main gauche de la nuit qui reçoit les prix Hugo et Nebula.
Œuvre
La plupart de ses écrits science-fictifs se distinguent par l'importance qu'ils accordent aux sciences sociales comme la sociologie ou l'anthropologie. Ses œuvres délivrent souvent un message sur nous-mêmes via l'invention de cultures extra-terrestres inhabituelles. Un exemple typique est l'étude de l'identité sexuelle dans La Main gauche de la nuit. Par ailleurs, l'auteure est connue pour sa capacité à créer des mondes crédibles et peuplés de personnages très humains. Ainsi, ses œuvres dans le domaine de la fantasy (le cycle de Terremer) sont beaucoup plus centrés sur la condition humaine que ceux d'autres auteurs comme J.R.R. Tolkien, même s'ils partagent l'idée, propre à de nombreux récits appartenant à ce genre, d'un « vrai roi » qui doit sauver le monde et rétablir la justice.
En 2002, le prix Nebula lui décerne le titre de grand maître de la science-fiction.
Le cycle de l'Ekumen, ou cycle de Hain : il est fondé sur le postulat d'une civilisation, originaire de la planète Hain, qui après s'être quasi auto-détruite a fait de tels progrès intellectuels et moraux qu'elle a révisé son rapport au monde. Le nom "Hain" qui peut se lire "un" ou "haine" est un terme typique de la symbolique profonde employée par Ursula Le Guin. De même que l'Ekumen, dérivé du terme "écoumène", terme de géographie dérivé du grec "j'habite".
Le Cycle de l'Ekumen traite de la rencontre entre deux mondes : que se passe-t-il lorsqu'un peuple venu de l'espace souhaite entrer en contact avec les résidents d'une planète ? À partir de ce principe de base très simple, une variation infinie de situations est possible ; cependant, l'Ekumen impose une éthique du transfert de la connaissance : en effet, si une civilisation est parvenue à vaincre le vide spatial, cela suppose une avancée technologique sur le monde visité, et toute précipitation serait risquée. D'ailleurs, les voyages intersidéraux se font à vitesse infra-luminique (respect scientifique oblige), ce qui fait que les envoyés de l'Ekumen sont des gents patients à l'origine, et l'œuvre "ekuménique" est une entreprise à très long terme. Cependant, il existe la communication instantanée (désignée sous le terme ansible, repris ensuite par d'autres auteurs de science-fiction) entre les membres de la "ligue de tous les mondes", ce qui permet une politique galactique. L'objectif de l'Ekumen est simplement le partage libre de la connaissance, sans imposer quoi que ce soit à personne, sauf un minimum de droits de l'Homme et de restrictions de sécurité concernant les armes autorisées en temps de guerre, entre autres. Donc l'apport de la connaissance doit être mûrement réfléchi, avec beaucoup de circonspection, car elle n'est pas sans conséquence sur l'équilibre socio-économique des "indigènes" : toutes les vérités sont bonnes à dire, mais pas dans n'importe quel ordre ni à n'importe quelle vitesse ! Voilà toute la philosophie de l'Ekumen, la sagesse de la patience. Cette trame, franchement originale par rapport au thème des extra-terrestres, est une trouvaille de génie, car elle s'efface devant le reste du récit : presque chaque œuvre de ce cycle, que l'on peut lire dans un ordre quelconque, traite de situations que l'on pourrait rencontrer en dehors de la science-fiction, par exemple dans un monde précédant l'époque de sa mondialisation, un monde à l'époque de la colonisation, l'Ekumen étant l'antithèse du principe de la colonisation. Mais où sont les envoyés sur notre Terre ? On peut signaler trois œuvres particulièrement remarquables de ce cycle : La Main gauche de la nuit, Planète d'exil et Les Dépossédés.
Les idées
Auteur de science-fiction à part entière Ursula Le Guin est aussi, et peut être même avant tout, un auteur à part entière. La trame de la majorité de ses romans se déroule en dehors du monde réel, et pourtant elle revendique elle même d'appartenir au monde, dans sa vérité, sinon dans sa réalité. "Traduire un langage qui n'existe pas encore présente d'énormes difficultés, mais n'exagérons rien. Le passé, après tout peut s'avérer tout aussi impénétrable que le futur" (première note de "La vallée de l'éternelle retour" dans la traduction d'Isabelle Reinharez).
Toute l'oeuvre d'Ursula Le Guin nous parle donc de nous. De nous, peuples, de nous, individus. Qu'elle explore les rapports tendus entre deux civilisations ("Les Dépossédés" voit s'opposer un monde marchand et un monde fondé sur une utopie égalitaire), l'histoire de la libération de nations esclaves ( Quatre chemins de pardon), la destruction d'une civilisation sylvestre primitive (Le nom du monde est forêt), elle le fait à chaque fois à travers des destins d'individus. Elle nous permet ainsi de partager la vision du monde de ces personnages, nous faisant entrer de plain-pied dans l'intimité de ce peuple, de cette civilisation.
A travers cela elle nous raconte aussi des histoires d'hommes ou de femmes, des amours et des rencontres bouleversantes, terriblement humaines. "Les dépossédés" ou "la main gauche de la nuit" sont à cet égard des chefs d'oeuvre.
Une vision foncièrement humaniste guide Ursula Le Guin, et pour elle chaque rencontre entre deux êtres est source de progrès pour l'humanité tout entière (e.g. L' Autre Côté du Rêve - Orr et Lelache). Par delà leurs différences, culturelles, sexuelles, morphologiques, les personnages de Le Guin cherchent à comprendre ces mondes étrangers où ils sont tombés, de leurs rencontres naît leur compréhension. Et, bien sur, de leur compréhension naît la nôtre : c'est le lecteur qui devient un moment étranger à lui même, et en arrive à se comprendre.
Un dernier trait caractéristique de Le Guin est sa représentation de la culture, qui est pour elle l'équivalent humain de l'adaptation chez les animaux. Cette capacité proprement humaine à créer du culturel en permanence, permettant aux groupes humains de se différencier est aussi l'un des facteurs de "Haine" entre les groupes humains, les hommes gardant le rêve de "l'un", l'unité brisée.
Littérairement cela s'exprime aussi par un soin extrême apporté aux détails quotidiens : vaisselle, rites, objets techniques comme par exemple (La main gauche de la nuit) ces maisons avec une porte d'été (à ras de sol) et une porte d'hiver (à 5 m de haut, à cause de la neige). C'est aussi ce qui fait d'Ursula Le Guin un merveilleux écrivain.
Œuvres
Le cycle de Terremer
- La règle des noms, 1964, préquelle
- The Word of Unbinding, 1964, préquelle non traduite en Français
- Le Sorcier de Terremer, 1968
- Les Tombeaux d'Atuan, 1970
- L'Ultime rivage, 1972, prix Locus en 1972
- Tehanu, 1990, prix Nebula en 1990 et Locus en 1991
- Les Contes de Terremer, 2000
- Le Vent d'ailleurs, 2001, Prix World Fantasy du meilleur roman en 2002
Le cycle de l'Ekumen
- Le Monde de Rocannon, 1966
- incluant la nouvelle "Le Collier"
- Planète d'exil, 1966
- La Cité des illusions[1], 1967
- La Main gauche de la nuit, 1969, prix Nebula en 1969 et Hugo en 1970
- Le Nom du monde est forêt, 1972, prix Hugo en 1973
- Les Dépossédés, 1974, prix Hugo en 1975, Nebula en 1974, Locus en 1975
- L'Oeil du héron, 1978[2]
- Le Dit d'Aka, 2000, prix Locus en 2001
- Quatre chemins de pardon, 1995 (US), 2007 (FR), suite de nouvelles[3], Grand Prix de l'Imaginaire 2008 dans la catégorie Nouvelle étrangère, pour l'ensemble du recueil
- Trahisons
- Jour de pardon
- Un homme du peuple
- Libération d'une femme
- L'anniversaire du monde, 2002(US), 2006 (Fr) recueil de nouvelles[4]
- Préface d'Ursula Le Guin
- Puberté en Karhaïde (sur la planère Nivôse de "la main gauche de la nuit")
- La question de Seggri
- Un amour qu'on n'a pas choisi
- Coutumes montagnardes
- Solitude
- Musique Ancienne et les femmes esclaves (sur la planète de "quatre chemins de pardon")
- L'anniversaire du monde
- Paradis perdu
- certaines nouvelles dans les recueils ci-dessous
Livre pour enfants
- Les Chats volants
- Le Retour des chats volants
- Alexandre et les chats volants
- Au revoir les chats volants
Livre pour adolescents
- Gifts (non traduit)
- Voices (non traduit)
- Powers (non traduit), prix Nebula 2008
Autres romans
- L'Autre Côté du rêve, 1971[5] [6]
- Malafrena, Actes Sud
- La Vallée de l'éternel retour
- Loin, très loin de tout
- Le Commencement de nulle part
Recueil de nouvelles
- Le livre d'or de la science-fiction : Ursula Le Guin[7] (réédité sous le nom Etoiles des profondeurs[8])
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- Préface de Gérard Klein
- Remarques sur la traduction de Jean Bailhache
- Le collier de Semle
- Avril à Paris
- La règle des noms
- Le roi de Nivôse
- Neuf vies
- Plus vaste qu'un empire
- Etoiles des profondeurs
- Champ de vision
- Le chêne et la mort
- A la veille de la révolution
- Ceux qui partent d'Omelas
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- Les quatre vents du désir
- L'auteur des graines d'acacia
- La nouvelle Atlantide
- Le Chat de Schrödinger
- Deux retards sur la ligne Nord
- Le Test
- Une pièce d'un sou
- Premier rapport du naufragé étranger au Kadan de Derb
- Le journal de la Rose
- L'âne blanc
- Le Phoenix
- Intraphone
- L'oeil transfiguré
- Labyrinthes
- Les sentiers du Désir
- La harpe de Gwilan
- Malheur County
- L'eau est vaste
- Le récit de sa femme
- Quelques approches au problème du manque de temps
- Sur
- Chroniques orsiniennes
- Les fontaines
- Le galgal
- Conversation dans la nuit
- La route de l'est
- Frères et soeurs
- Une semaine à la campagne
- An die Musik
- La maison
- La dame de Moge
- Pays imaginaires
Citation
« L'ethnologue ne peut pas toujours effacer sa propre ombre du tableau qu'il peint »— p95 Press Pocket 5181
Liens externes
Site officiel (en)
Notes et références
- ↑ Presses Pocket Science-fiction N°5274, 1987
- ↑ En français : Paris, Presses de la cité, 1983 (coll. Superlights). Trad. Isabelle DELORD. ISBN 2-258-01246-5 Livre introuvable aujourd'hui.
- ↑ dénomination qu'Ursula Le Guin propose dans sa préface de L'anniversaire du monde, p12
- ↑ respectivement p7, p15, p39, p89, p112, p142, p179, p242, p280 chez Laffont (qui n'as pas mis de table des matières)
- ↑ Le Livre de Poche, 2002
- ↑ Marabout Science-Fiction N°516, 1975
- ↑ Presses Pocket Science-fiction N°5012, 1978
- ↑ La bibliographie a été complétée jusqu'en 1990
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