Uncle Tom's Cabin

Uncle Tom's Cabin

La Case de l'oncle Tom


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La Case de l'oncle Tom
Auteur Harriet Beecher Stowe
Genre roman feuilleton
Titre original Uncle Tom's cabin
Pays d'origine États-Unis
Date de parution originale 1852

La Case de l'oncle Tom (Uncle Tom's Cabin) est un roman de l'écrivain américaine Harriet Beecher Stowe. Publié d'abord sous forme de feuilleton en 1852, il valut le succès immédiat à son auteur. Le roman eut un profond impact sur l'état d'esprit général vis-à-vis des Afro-Américains et de l'esclavage aux États-Unis ; il fut l'une des raisons de l'intensification des conflits qui menèrent à la Guerre de Sécession[réf. nécessaire].

Stowe, née dans le Connecticut et pasteur à la Hartford Female Academy, était une abolitionniste convaincue. Elle centra son roman sur le personnage de l'oncle Tom, un esclave noir patient et tolérant autour duquel se déroulent les histoires d'autres personnages, aussi bien esclaves que blancs. Ce roman sentimental dépeint la réalité de l'esclavage tout en affirmant que l'amour chrétien peut surmonter une épreuve aussi destructrice que l'esclavage d'êtres humains.

La Case de l'oncle Tom fut le roman le plus vendu du XIXe siècle et le second livre le plus vendu de ce même siècle, derrière la Bible. On considère qu'il aida à l'émergence de la cause abolitionniste dans les années 1850. Dans l'année suivant sa parution, 300 000 exemplaires furent vendus aux États-Unis[réf. nécessaire]. L'impact du roman fut tel qu'on attribue à Abraham Lincoln ces mots, prononcés lorsqu'il rencontra Harriet Stowe au début de la Guerre de Sécession : "C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre." Fabienne Robert, spécialiste du sujet, confirme l'anecdote.[réf. nécessaire]

Le roman, et encore plus les pièces de théâtre qu'il inspira, contribuèrent également à la création de nombreux stéréotypes concernant les Noirs, dont beaucoup persistent encore aujourd'hui. On peut citer l'exemple de la mammy, servante noire placide et affectueuse, des enfants noirs à moitié habillés aux cheveux en bataille, et de l'oncle Tom, serviteur dévoué et endurant fidèle à son maître ou sa maîtresse blancs. Plus récemment, les associations négatives avec le roman ont, dans une certaine mesure, éclipsé l'impact historique de La Case de l'oncle Tom en tant que livre antiesclavagiste.

Sommaire

Inspiration et références

Harriet Stowe, née dans le Connecticut et enseignante à la Hartford Female Academy, était une abolitionniste convaincue. Elle écrivit ce roman en réponse à l'adoption en 1850 du second Fugitive Slave Act, qui punissait ceux qui aidaient les esclaves fugitifs et diminuait leurs droits ainsi que ceux des esclaves libérés. La majeure partie du livre fut écrite à Brunswick dans le Maine où le mari de Harriet, Calvin Ellis Stowe, enseignait à Bowdoin College.

Pour écrire La Case de l'oncle Tom, Stowe s'inspira en partie de l'autobiographie de Josiah Henson, un Noir qui vécut et travailla dans une plantation de tabac de 15 km² appartenant à Isaac Riley et située à North Bethesda dans le Maryland. Henson échappa à l'esclavage en 1830 en s'enfuyant dans la province du Haut-Canada (à présent l'Ontario), où il aida d'autres esclaves à s'échapper et à devenir autonomes, et où il écrivit ses mémoires. Stowe reconnut manifestement s'être inspirée des écrits de Henson pour La Case de l'oncle Tom. Lorsque l'œuvre de Stowe devint célèbre, Henson publia à nouveau ses mémoires sous le titre Les Mémoires de l'oncle Tom, et voyagea aux États-Unis et en Europe. Le roman de Stowe donna son nom à la demeure de Henson, devenue Uncle Tom's Cabin Historic Site près de Dresden dans l'Ontario et transformée en musée depuis les années 1940. La véritable cabane dans laquelle Henson vécut lorsqu'il était esclave existe toujours dans le comté de Montgomery, dans le Maryland.

American Slavery As It Is: Testimony of a Thousand Witnesses, un livre co-écrit par Theodore Dwight Weld et les sœurs Grimké, est également à l'origine d'une partie du contenu du roman. Stowe affirma également avoir fondé son livre sur des entretiens avec des esclaves fugitifs, rencontrés lorsqu'elle vivait à Cincinnati dans l'Ohio, ville proche du Kentucky qui était un état esclavagiste. Le chemin de fer clandestin avait des sympathisants abolitionnistes à Cincinnati et aidait activement les esclaves à s'échapper des états du sud.

Harriet Stowe mentionna une partie des sources d'inspiration utilisées pour son roman dans A Key to Uncle Tom's Cabin, publié en 1853. Ce livre, qui au contraire de La Case de l'oncle Tom n'était pas une fiction, fut écrit pour soutenir les affirmations de Stowe concernant l'esclavage. Cependant, des études ultérieures montrèrent que Stowe ne lut la plupart des œuvres mentionnées qu'après la publication de son roman.

Publication

La Case de l'oncle Tom fut d'abord publié en tant que feuilleton de 40 épisodes dans le National Era, un journal abolitionniste, à partir du 5 juin 1851. Au vu de la popularité de l'histoire, l'éditeur John Jewett proposa à Harriet Stowe de transformer le feuilleton en livre. Bien que Stowe n'était pas sûre que La Case de l'oncle Tom serait lue une fois sous forme de livre, elle consentit finalement à cette requête.

Convaincu que le livre serait aimé par le public, Jewett prit la décision (inhabituelle pour l'époque) de faire graver pour la première édition six illustrations pleine page par Hammatt Billings. Publié sous forme de livre le 20 mars 1852, le roman fut bientôt épuisé et d'autres éditions furent imprimées peu après (en particulier une édition de luxe imprimée en 1853, comportant 117 illustrations de Hammatt Billings).

Pour sa première année de publication, 300 000 exemplaires de La Case de l'oncle Tom furent vendus[réf. nécessaire]. Le livre fut traduit dans de nombreuses langues et devint finalement le deuxième livre le plus vendu après la Bible. Certaines des premières éditions contenaient une introduction par le Révérend James Sherman, ministre du culte protestant londonien connu pour ses convictions abolitionnistes.

La Case de l'oncle Tom se vendit également bien en Grande-Bretagne, où la première édition fut publiée en mai 1852 et s'écoula à 200 000 exemplaires[réf. nécessaire]. En quelques années, plus de 1,5 million d'exemplaires furent en circulation en Grande-Bretagne[réf. nécessaire], la plupart étant des copies illégales (le même phénomène eut lieu aux États-Unis)[réf. nécessaire].

Résumé

Eliza s'enfuit avec son fils, Tom est vendu sur le Mississippi

Au XIXe siècle, dans le Kentucky, État sudiste, Mr Shelby, riche planteur, et son épouse, Emily, traitent leurs esclaves avec bonté. Mais le couple craint de perdre la plantation pour cause de dettes et décide alors de vendre deux de leurs esclaves : Oncle Tom, un homme d'âge moyen ayant une épouse et des enfants, et Harry, le fils d'Eliza, servante d'Emily. Cette idée répugne à Emily qui avait promis à sa servante que son fils ne serait jamais vendu ; et le fils d'Emily, George Shelby, ne souhaite pas voir partir Tom qu'il considère comme un ami et un mentor.

Lorsque Eliza surprend Mr. and Mrs. Shelby en train de discuter de la vente prochaine de Tom et Harry, elle décide de s'enfuir avec son fils. Le roman précise que la décision d'Eliza vient du fait qu'elle craint de perdre son unique enfant survivant (elle a déjà perdu deux enfants en couches). Eliza part le soir même, laissant un mot d'excuse à sa maîtresse.

Pendant ce temps, Oncle Tom est vendu et embarque sur un bateau qui s'apprête à descendre le Mississippi. À bord, Tom rencontre une jeune fille blanche nommée Eva et se lie d'amitié avec elle. Lorsque Eva tombe à l'eau, Tom la sauve. En reconnaissance, le père d'Eva, Augustine St. Clare, achète Tom et l'emmène chez lui à La Nouvelle Orléans, où Tom et Eva se rapprochent l'un de l'autre grâce à la profonde foi chrétienne qu'ils partagent.

La famille d'Eliza est pourchassée, tandis que Tom vit chez les St. Clare

Au cours de sa fuite, Eliza retrouve son mari George Harris, qui s'était échappé auparavant. Ils décident d'essayer de gagner le Canada. Ils sont cependant poursuivis par un chasseur d'esclaves nommé Tom Loker. Loker finit par piéger Eliza et sa famille, ce qui conduit George à tirer sur Loker. Ne souhaitant pas que Loker meure, Eliza convainc George d'amener le chasseur d'esclaves jusqu'à un village Quaker proche pour qu'il y soit soigné.

De retour à La Nouvelle Orléans, St. Clare discute de l'esclavage avec sa cousine nordiste Ophelia qui, bien qu'opposée à l'esclavage, a cependant des préjugés contre les Noirs. St. Clare considère que lui n'a pas de préjugés, bien que possédant des esclaves. Dans une tentative pour montrer à Ophelia que ses idées concernant les Noirs sont erronées, il achète Topsy, une jeune esclave noire, et demande à Ophelia de l'éduquer.

Deux ans après que Tom est arrivé chez les St. Clare, Eva tombe gravement malade. Avant de mourir, elle a une vision du paradis, qu'elle partage avec les personnes qui l'entourent. En conséquence de cette vision et de la mort d'Eva, les autres personnages décident de modifier leur manière de vivre : Ophelia promet de se débarrasser de ses préjugés contre les Noirs, Topsy de s'améliorer et St. Clare de libérer l'oncle Tom.

Tom est vendu à Simon Legree

St. Clare est poignardé en entrant dans une taverne de La Nouvelle Orléans et meurt avant de pouvoir tenir sa promesse. Sa femme revient sur la promesse de son mari décédé et vend Tom aux enchères à un propriétaire malveillant nommé Simon Legree. Legree, originaire du nord, emmène Tom dans une région rurale de la Louisiane, où Tom fait la connaissance des autres esclaves de Legree, et en particulier d'Emmeline, que Legree a achetée en même temps que Tom. La haine de Legree pour Tom naît lorsque celui-ci refuse son ordre de fouetter un autre esclave. Legree bat sauvagement Tom, et décide de broyer la foi en Dieu de son nouvel esclave. Cependant, malgré la cruauté de Legree, Tom refuse de cesser de lire sa Bible et de réconforter les autres esclaves. A la plantation, Tom rencontre Cassy, une autre esclave de Legree, qui a été séparée de son fils et de sa fille lorsque ceux-ci ont été vendus ; incapable de supporter la vente d'un autre de ses enfants, elle a tué son troisième enfant.

Tom Loker fait à ce moment sa réapparition dans l'histoire ; suite à sa guérison par les Quakers, il a profondément changé. George, Eliza et Harry ont obtenu leur liberté après être parvenus au Canada. En Louisiane, l'oncle Tom succombe presque au désespoir alors que sa foi en Dieu est mise à l'épreuve par les rigueurs de la plantation. Il a cependant deux visions, une de Jésus et une d'Eva, qui renouvellent sa détermination à rester un chrétien fidèle, même si sa vie est en jeu. Il encourage Cassy à s'enfuir, ce qu'elle fait en emmenant Emmeline avec elle. Lorsque Tom refuse de révéler à Legree leur destination, ce dernier ordonne à ses employés de tuer Tom. Alors qu'il est mourant, Tom pardonne aux employés de l'avoir battu. Impressionnés par la personnalité de l'homme qu'ils ont tué, les deux hommes deviennent chrétiens. Juste avant la mort de Tom, George Shelby, le fils d'Arthur Shelby, apparaît pour acheter la liberté de Tom, mais se rend compte qu'il arrive trop tard.

Dernière partie

Sur le bateau qui les emmène vers la liberté, Cassy et Emmeline rencontrent la sœur de George Harris et l'accompagnent au Canada. Une fois arrivée, Cassy découvre que Eliza est sa fille, qui avait été vendue enfant et dont elle n'avait pas eu de nouvelles depuis. Leur famille enfin reconstituée, ils partent pour la France puis finalement pour le Liberia, nation africaine créée pour les anciens esclaves d'Amérique, où ils retrouvent le fils de Cassy, également perdu de vue depuis longtemps. George Shelby retourne dans sa plantation du Kentucky et libère tous ses esclaves, en leur disant de se souvenir du sacrifice de Tom et de sa foi dans la véritable signification du christianisme.

Personnages Principaux

L'oncle Tom

L'oncle Tom, le personnage éponyme, est un esclave chrétien possédant patience et noblesse d'âme. Plus récemment, son nom est cependant devenu un épithète désignant les Afro-Américains accusés de s'être vendus aux Blancs (pour plus de détails, se référer au paragraphe Création et popularisation de stéréotypes). Pour Stowe, Tom est un héros noble et digne d'éloges. Tout au long du roman, bien loin de se laisser exploiter, Tom défend ses croyances et est même admiré à contrecœur par ses ennemis.

Eva

Eva, dont le véritable nom est Evangeline St. Clare, est la fille d'Augustine St. Clare. Eva fait son apparition dans le roman lorsque l'oncle Tom voyage en bateau à vapeur vers la Nouvelle Orléans pour y être vendu, et qu'il sauve la petite fille alors âgée de 5 ou 6 ans de la noyade. Eva supplie son père d'acheter Tom, qui devient cocher à la plantation St. Clare. Il passe cependant la plupart de son temps avec la bienveillante Eva.

Eva ne cesse de parler d'amour et de pardon, convaincant la jeune et maussade esclave Topsy qu'elle mérite l'amour. Elle parvient même à toucher sa tante revêche, Ophelia.

Eva finit par tomber gravement malade. Avant de mourir, elle donne une mèche de ses cheveux à chacun des esclaves, les encourageant à devenir chrétiens afin de pouvoir se revoir au paradis. Sur son lit de mort, elle convainc son père de libérer Tom, mais les circonstances feront que cette promesse ne sera jamais matérialisée.

Un personnage semblable, également nommé Little Eva (Petite Eva), apparut plus tard dans le roman pour enfants Little Eva : The Flower of the South (Petite Eva : La fleur du Sud) de Philip J. Cozans (bien qu'ironiquement ce roman soit "anti-oncle Tom"). Jusqu'à un certain degré, l'Eva décrite par Cozans pourrait être l'Eva de Stowe.

Simon Legree

Simon Legree est un maître cruel, né dans le nord, dont le nom est devenu synonyme d'avidité. Son but est de démoraliser Tom au point de le faire abandonner sa foi religieuse ; il finit par battre Tom à mort par frustration devant la foi inébranlable de son esclave en Dieu. Le roman révèle qu'il a, dans sa jeunesse, abandonné sa mère malade pour partir en mer, et qu'il a ignoré sa lettre le priant de venir la voir une dernière fois sur son lit de mort. Il exploite sexuellement Cassie, qui le méprise, puis porte son désir sur Emmaline.

Personnages secondaires

La Case de l'oncle Tom met en scène un grand nombre de personnages secondaires. Parmi les plus importants, on peut citer :

  • Arthur Shelby, le maître de Tom dans le Kentucky. Shelby est présenté comme un "bon" maître, stéréotype du gentleman du Sud.
  • Emily Shelby, épouse d'Arthur Shelby. C'est une femme profondément croyante qui s'efforce d'exercer une influence bénéfique et morale sur ses esclaves. Elle est scandalisée lorsque son mari vend ses esclaves à un marchand, mais en tant que femme ne possède pas de moyen légal de s'y opposer puisque la propriété appartient à son mari.
  • George Shelby, fils d'Arthur et d'Emily, qui considère Tom comme un ami et comme le chrétien parfait.
  • Augustine St. Clare, second maître de Tom et père d'Eva. Le plus compréhensif des possesseurs d'esclaves rencontrés dans le roman. St. Clare est un personnage complexe, souvent sarcastique et à l'esprit vif. Après une cour difficile, il a épousé une femme qu'il a fini par mépriser, bien qu'il soit trop poli pour le montrer. St. Clare est conscient du mal que constitue l'esclavage, mais il ne veut pas renoncer à la richesse qu'il lui apporte. Après la mort de sa fille, il devient plus sincère dans ses convictions religieuses et commence à lire la Bible à Tom. Il compte finalement prendre parti contre l'esclavagisme en libérant ses esclaves, mais ses bonnes intentions ne sont pas concrétisées.
  • Topsy, une jeune esclave un peu vaurien. Lorsqu'on lui demande si elle sait qui l'a créée, elle professe son ignorance de Dieu et de sa mère, en disant : " J'pense que j'ai grandi. J'pense pas que quelqu'un m'ait créée." Elle est transformée par l'amour de la petite Eva. Pendant la première moitié des années 1900, plusieurs fabricants de poupées créèrent des poupées à l'effigie de Topsy. L'expression "grandir comme Topsy", à présent un peu archaïque, est passée dans la langue anglaise, d'abord avec la notion de croissance imprévue puis juste celle de croissance impressionnante.
  • Mademoiselle Ophelia, cousine d'Augustine St. Clare venant du Vermont, personnage pieux, travailleur et abolitionniste. Elle met en évidence les sentiments ambigus des Nordistes envers les Afro-américains à l'époque. Elle est opposée à l'esclavage, mais l'idée d'esclave en tant qu'individu lui répugne, du moins au début.

Thèmes abordés

Un thème unique domine La Case de l'oncle Tom : celui du caractère maléfique et immoral de l'esclavage. Bien que Stowe aborde d'autres thèmes mineurs tout au long du roman, comme par exemple l'autorité morale de la mère de famille ou encore la possibilité de rédemption offerte par le Christianisme, elle donne beaucoup d'importance à leurs liens avec les horreurs de l'esclavage. Elle aborde le thème de l'immoralité de l'esclavage quasiment à chaque page du livre, lui arrivant même parfois de changer de point de vue narratif afin de donner une véritable homélie sur la nature destructrice de l'esclavage ( telle cette femme blanche sur le bateau conduisant Tom vers le sud : "La pire des choses dans l'esclavage, à mon avis, est son atrocité envers les sentiments et l'affection - la séparation des familles, par exemple." ) L'une des manières pour Stowe de dénoncer l'esclavage était de montrer comment cette "bizarre institution" forçait les familles à se séparer.

Harriet Stowe considérait le statut de mère comme "le modèle éthique et structurel pour toute l'Amérique" et pensait que seules les femmes avaient l'autorité morale pour sauver les États-Unis du démon de l'esclavage ; c'est pourquoi un autre thème majeur de La Case de l'oncle Tom est le pouvoir moral et le caractère saint de la femme. À travers des personnages comme Eliza, qui fuit l'esclavage pour sauver son jeune fils (et finit par réunir sa famille entière), ou Petite Eva, qui est considérée comme "la chrétienne idéale", Stowe montre de quelle manière elle pense que les femmes peuvent sauver leurs prochains des pires injustices. Bien que des critiques notèrent plus tardivement que les personnages féminins de Stowe constituent souvent des clichés domestiques plutôt que des femmes réalistes, le roman "réaffirma l'importance de l'influence des femmes" et ouvrit la voie aux mouvements pour les droits des femmes qui se manifestèrent dans les décennies suivantes.

Les croyances religieuses puritaines de Stowe se révèlent dans le thème général qui sous-tend le roman, qui n'est autre que l'exploration de la nature du christianisme et de la manière dont Stowe pense qu'il est fondamentalement incompatible avec l'esclavage. Ce thème est fortement présent lorsque Tom exhorte St. Clare à "regarder vers Jésus" après la mort de sa fille bien-aimée Eva. Après la mort de Tom, George Shelby fait l'éloge de Tom en disant : "C'est quelque chose que d'être chrétien." De par le rôle important joué par les thèmes chrétiens dans La Case de l'oncle Tom - et à cause de l'utilisation répétée dans le roman d'interventions de l'auteur elle-même sur la religion et la foi - le livre prend souvent "la forme d'un sermon".

Style

La Case de l'oncle Tom est écrit dans le style mélodramatique et sentimental commun aux romans sentimentaux et à la "fiction domestique" (ou fiction féminine) du XIXe siècle. Ces genres de récits étaient parmi les plus populaires au temps de Stowe et mettaient en général en scène des personnages principaux féminins, dans un style visant à provoquer compassion et émotion chez le lecteur. Bien que le livre de Stowe diffère des romans sentimentaux en s'intéressant à un thème plus large, l'esclavage, et en ayant un homme comme personnage principal, il cherche cependant à susciter une forte émotion chez ses lecteurs (en provoquant par exemple les larmes lors de la mort de Petite Eva). La force de ce style d'écriture est manifeste lorsqu'on se réfère aux réactions des lecteurs contemporains de Stowe. Georgiana May, une amie de Stowe, écrit dans une lettre à l'auteur : "Je suis restée éveillée la nuit dernière bien après une heure du matin, pour finir La Case de l'oncle Tom. Je ne pouvais pas plus l'abandonner que je n'aurais pu abandonner un enfant mourant." Un autre lecteur est décrit comme étant obsédé à tout moment par le livre et comme ayant pensé à renommer sa fille Eva. La mort de Petite Eva affecta de manière évidente un grand nombre de personnes à l'époque puisqu'à Boston, au cours de la seule année 1852, ce prénom fut donné à 300 petites filles.

Malgré ces réactions positives de la part des lecteurs, les critiques littéraires méprisèrent durant des années le style dans lequel La Case de l'oncle Tom et d'autres romans sentimentaux étaient écrits, du fait que ces livres étaient rédigés par des femmes et présentaient de manière si évidente un "sentimentalisme féminin". Un critique littéraire affirma que si le roman n'avait pas abordé le thème de l'esclavage, "il n'aurait été qu'un autre roman sentimental", tandis qu'un autre décrivit le livre comme "l'œuvre d'un écrivaillon".

Cependant, en 1985, Jane Tompkins changea d'opinion sur La Case de l'oncle Tom dans son livre In Sensational Designs: The Cultural Work of American Fiction. Tompkins fit l'éloge de ce style que tant d'autres critiques avaient méprisé, écrivant que les romans sentimentaux montraient comment les émotions féminines avaient le pouvoir d'améliorer le monde. Elle affirma également que les fictions domestiques populaires du XIXe siècle, dont La Case de l'oncle Tom fait partie, étaient remarquables de par leur "complexité intellectuelle, leur ambition et leur ingéniosité" ; et que La Case de l'oncle Tom offrait "une critique de la société américaine bien plus dévastatrice que d'autres effectuées par des auteurs plus connus tels que Hawthorne ou Melville".

Réactions et critiques

Dès sa publication, le livre a donné lieu à une importante controverse, suscitant des protestations de la part des défenseurs[Qui ?] de l'esclavage (qui firent paraître un certain nombre d'autres livres en réponse à celui-ci[Lesquels ?]) et des éloges de la part des abolitionnistes[réf. nécessaire]. Le roman influença profondément des œuvres protestataires postérieures, telle La Jungle d'Upton Sinclair.

Réactions contemporaines

Dès sa publication, La Case de l'oncle Tom indigna les habitants du Sud américain[réf. nécessaire]. Le roman fut également violemment critiqué par les partisans de l'esclavage[Qui ?].

L'écrivain sudiste William Gilmore Simms déclara que le livre était entièrement faux[réf. nécessaire], tandis que d'autres qualifièrent le roman de criminel et diffamatoire[réf. nécessaire]. Les réactions allèrent d'un libraire de Mobile dans l'Alabama qui fut obligé de quitter la ville parce qu'il avait mis le roman en vente[réf. nécessaire], à des lettres de menace adressées à Stowe elle-même (qui reçut même un paquet contenant une oreille coupée appartenant à un esclave). De nombreux écrivains sudistes, tel Simms, écrivirent peu après leur propre livre en réaction à celui de Stowe (voir la section anti-Tom ci-dessous).

Certains critiques[Qui ?] soulignèrent le manque d'expérience de Stowe concernant la vie du Sud, affirmant que ce manque d'expérience l'avait poussée à produire des descriptions inexactes de la région. Elle n'avait par exemple jamais véritablement été dans une plantation sudiste. Stowe affirma cependant toujours qu'elle avait bati ses personnages sur des récits faits par des esclaves fugitifs lorsqu'elle vivait à Cincinnati, dans l'Ohio. On rapporte que Stowe eut l'occasion d'assister à plusieurs incidents qui la poussèrent à écrire le roman. Des scènes qu'elle observa sur l'Ohio, en particulier un mari et une femme séparés au cours d'une vente, ainsi que des articles de journaux et des entretiens lui fournirent de la matière pour le développement de l'intrigue.

En réponse à ces critiques, Stowe publia en 1853 A Key to Uncle Tom's Cabin, tentant de montrer la véracité de la description de l'esclavage faite dans La Case de l'oncle Tom à travers des documents historiques. Dans ce livre, Stowe considère chacun des principaux personnages du roman et cite des personnes équivalentes ayant réellement existé, tout en fustigeant à nouveau l'esclavagisme du Sud de manière plus agressive encore que dans le roman lui-même. Tout comme La Case de l'oncle Tom, A Key to Uncle Tom's Cabin eut également un grand succès. Il doit cependant être noté que, bien que Harriet Stowe prétendit que A Key to Uncle Tom's Cabin traitait des sources qu'elle avait consultées au moment d'écrire son roman, elle ne lut une grande partie des œuvres mentionnées qu'après la publication de celui-ci.

D'après le fils de l'auteur, lorsqu'Abraham Lincoln rencontra Stowe en 1862, il déclara : "C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre."[réf. nécessaire] L'avis des historiens[Lesquels ?] diverge sur la véracité de cette anecdote, et dans une lettre que Stowe écrivit à son mari quelques heures après avoir rencontré Lincoln on ne trouve mention nulle part de cette phrase. Par la suite, de nombreux spécialistes[Lesquels ?] considérèrent que le roman concentra la colère du Nord sur les injustices de l'esclavage et sur le Fugitive Slave Act, et attisa les ardeurs du mouvement abolitionniste. Le général de l'Union et politicien Union James Baird Weaver affirma que le livre le persuada de devenir actif au sein du mouvement abolitionniste[réf. nécessaire].

La Case de l'oncle Tom souleva également un grand intérêt en Grande-Bretagne. La première édition londonienne parut en mai 1852 et se vendit à 200 000 exemplaires[réf. nécessaire]. Une partie de cet intérêt était dû à l'antipathie éprouvée par les britanniques envers les États-Unis. Comme l'expliqua un écrivain de l'époque, "les sentiments que La Case de l'oncle Tom déchaîna en Angleterre n'étaient pas la vengeance ou la haine [de l'esclavage], mais plutôt une jalousie et une fierté nationale. Nous avons longtemps souffert de la suffisance de l'Amérique - nous sommes fatigués de l'entendre se vanter d'être le pays le plus libre et le plus éclairé qu'ait connu le monde. Notre clergé hait son système de volontariat - nos Tories haïssent ses démocrates - nos Whigs haïssent ses parvenus - nos radicaux haïssent ses manières procédurières, son insolence et son ambition. Tous les partis saluèrent Mme Stowe comme une insurgée au sein du camp ennemi."[réf. nécessaire] Charles Francis Adams, ambassadeur des États-Unis en Angleterre durant la guerre, affirma plus tard que "La Case de l'oncle Tom, publié en 1852, exerça, grâce à des circonstances principalement fortuites, une influence sur le monde plus immédiate, plus considérable et plus spectaculaire qu'aucun autre livre jamais imprimé."[réf. nécessaire]

Le livre a été traduit dans plusieurs langues, y compris en chinois (la traduction du roman par le traducteur Lin Shu fut la première traduction en chinois d'un roman américain) et en amharique (la traduction datant de 1930 fut effectuée dans le but de soutenir les efforts de l'Éthiopie visant à atténuer les souffrances des Noirs[réf. nécessaire]). Le livre fut lu par tant de personnes que Sigmund Freud rapporta un certain nombre de cas de tendances sado-masochistes chez des patients, qui selon lui avaient été influencés par la lecture de scènes de La Case de l'oncle Tom où des esclaves se faisaient fouetter[réf. nécessaire].

Impact littéraire et critique

La Case de l'oncle Tom fut le premier roman à teneur politique à être lu par un grand nombre de personnes aux États-Unis. À ce titre, il influença grandement le développement non seulement de la littérature américaine mais aussi de la littérature engagée en général. Un certain nombre de livres publiés après La Case de l'oncle Tom doivent beaucoup au roman de Stowe ; on peut citer en particulier La Jungle d'Upton Sinclair et Printemps Silencieux de Rachel Carson.

Malgré son importance incontestable, La Case de l'oncle Tom est perçu par l'opinion populaire comme "un mélange de conte pour enfants et de propagande". Le roman a également été décrit par nombre de critiques littéraires comme étant "tout juste un roman sentimental", tandis que le critique George Whicher affirma dans son Histoire littéraire des États-Unis que "Mme Stowe ou son ouvrage ne peuvent justifier du succès considérable du roman ; son talent en tant qu'écrivain amateur n'était en rien remarquable. Elle avait tout au plus une certaine maîtrise des stéréotypes en termes de mélodrame, d'humour et de pathos, et son livre est composé de ces éléments populaires".

D'autres critiques ont cependant fait l'éloge du roman: Edmund Wilson déclara que "démontrer une telle maturité dans l'écriture de La Case de l'oncle Tom prouve une expérience étonnante."[réf. nécessaire] Jane Tompkins affirme que le roman est un classique de la littérature américaine et émet l'hypothèse que de nombreux critiques littéraires ont boudé le livre pour la simple raison qu'il fut extrêmement populaire en son temps[réf. nécessaire].

En tant que chrétienne fervente et abolitionniste active, Stowe a par exemple introduit beaucoup de ses croyances religieuses au sein de l'histoire. Certains spécialistes[Qui ?] affirment que Stowe considérait que son roman offrait une solution aux dilemmes politiques et moraux qui troublaient de nombreux opposants à l'esclavage.

Les experts[Qui ?] considèrent également que le roman véhicule les valeurs et les idées du Parti du sol libre. Dans cette optique, le personnage de George Harris personnifie le principe du travail libre, tandis que le personnage complexe d'Ophelia représente les nordistes qui toléraient un compromis avec l'esclavage. À l'opposé d'Ophelia est Dinah, qui agit de manière passionnée. Au cours du roman Ophelia se transforme, de la même manière que le Parti Républicain qui proclama trois ans plus tard que le Nord devait se transformer et défendre ses principes antiesclavagistes.

Des théories féministes peuvent également être vues à l'œuvre dans le livre de Stowe[réf. nécessaire], le roman constituant une critique de la nature patriarcale de l'esclavage. Pour l'auteur, les liens formant la famille étaient avant tout les liens du sang plutôt que les relations paternalistes entre maîtres et esclaves. De plus, Stowe considérait la solidarité nationale comme une extension de la famille, le sentiment d'appartenir à une nation ayant donc ses racines dans le fait de partager une race. En conséquent, elle prêchait la colonisation de l'Afrique pour les esclaves libérés et non leur intégration dans la société américaine.

Le livre a également été considéré[Par qui ?] comme une tentative de redéfinition de la masculinité en tant qu'étape nécessaire vers l'abolition de l'esclavage. Dans cette optique, les abolitionnistes avaient commencé à rejeter la vision de l'homme agressif et dominant que la conquête et la colonisation du début du XIXe siècle avaient mis en avant. Dans le but de modifier la notion de virilité de telle manière que les hommes puissent s'opposer à l'esclavage sans mettre en danger leur image ou leur place dans la société, certains abolitionnistes se rapprochèrent de principes tels que le droit de vote des femmes, la chrétienté ou la non-violence, et firent l'éloge de la compassion, de la coopération et de l'esprit civique. D'autres courants du mouvement abolitionniste prônaient une action masculine plus agressive et plus conventionnelle. Tous les hommes dans le roman de Stowe sont des représentants de l'un ou l'autre de ces courants.

Adaptations

Cinéma

Télévision

Liens externes

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