- Un flic (film, 1972)
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Un flic est un film français réalisé en 1971/1972 par Jean-Pierre Melville et sorti en salles le 25 octobre 1972.
Sommaire
Synopsis
L'avant-veille de Noël, un gang constitué de Simon, Louis, Marc & Paul attaque une banque à Saint-Jean-de-Monts en Vendée. Au cours de ce braquage, Marc est très grièvement blessé. A Paris, le commissaire Édouard Coleman commence son périple nocturne par la descente des Champs-Élysées. Il a ses habitudes un peu plus loin, rue d'Armaillé, au Simon's, la boîte de nuit appartenant au chef du gang, Simon. Il est, en effet, l'amant de Cathy, la "femme" de Simon. Pour empêcher la police de remonter jusqu'à eux, Marc, pourtant hospitalisé dans une clinique, est achevé par Cathy. Simon, Louis & Paul projettent un nouveau coup audacieux: l'agression de "Mathieu la Valise" qui doit transporter une importante quantité de drogue à bord du train de nuit Paris - Lisbonne. Simon réussit à aborder le train à partir d'un hélicoptère à la hauteur de Morcenx dans les Landes et dérobe la précieuse marchandise. Édouard poursuit son enquête et appréhende Louis, qui finira par "parler". Le commissaire retourne au Simon's pour faire comprendre à Simon, non sans une certaine ambiguïté, qu'il n'ignore plus rien de ses activités. Simon avertit Paul qui se suicide plutôt que d'être arrêté. Simon organise sa fuite avec Cathy, mais au petit matin Édouard l'abat, en haut de l'avenue Carnot, sous les yeux de Cathy.
Fiche technique
- Réalisation : Jean-Pierre Melville
- Genre : Policier
- Pays : France
- Robert Dorfmann présente
- Musique : Michel Colombier
- Son : Jean Nény
- Décors Théo Meurisse
- Adjoint à la réalisation :Marc Grunebaum
- Montage : Patricia Nény
- Caméra tenue par André Domage
- Ensemblier : Pierre Charron
- Accessoiriste : René Albouze
- Prise de son : André Hervée
- 1er assistant réalisateur : Jean-François Delon
- 1er assistant caméraman : Valéry Ivanow
- Script-girl : Florence Moncorgé
- Régisseur général : Jean Drouin
- Régisseur général d'extérieurs : Phillip Kenny
- Assistant décorateur : Enrique Sonois
- Costumes : Colette Baudot, Yves Saint Laurent (pour Catherine Deneuve)
- Maquillage : Michel Deruelle
- 2e assistant réalisateur : Pierre Tati
- Assistants stagiaires : Bernard Girardot & Philippe Martin
- Assistantes monteuses : Marie-José Audiard & Sophie Tati
- Montage son : Maurice Laumain
- Directeur de la photographie : Walter Wottitz
- Directeur de production : Pierre Saint Blancat
- Paroles : Charles Aznavour, avec la voix de Isabelle Aubret
- fourrures : Jeanne Nataf
- Générique : Eurocitel Georges Pansu
- Date de sortie : 25 octobre 1972 en France
Distribution
- Alain Delon : Commissaire Édouard Coleman
- Richard Crenna (V.F.: Jean Berger) : Simon
- Catherine Deneuve : Cathy
- Riccardo Cucciolla : Paul Weber
- Michael Conrad (V.F.: Jean Davy) : Louis Costa
- Paul Crauchet : Morand
- Simone Valère : la femme de Paul
- André Pousse : Marc Albouis
- Jean Desailly : le Monsieur distingué
- Valérie Wilson
- Henri Marteau
- Catherine Rheti
- Louis Grandidier
- Philippe Gasté
- Dominique Zentar
- Jako Mica
- Jo Tafanelli
- Stan Dylik
- Georges Florian
- Jean Minisini: Mathieu la valise
- Roger Fradet
- Jacques Galland
- Jean-Pierre Posier
- Jacques Leroy
- Michel Fretault
- Gene Moyle
- Nicole Témime
- Pierre Vaudier
Autour du film
- Dernier film de Jean-Pierre Melville. Il préparait son prochain film Contre-enquête avec Yves Montand. Après sa mort, Philippe Labro entreprit de reprendre le projet, puis finalement y renonça.
- Le générique de fin est chanté par Isabelle Aubret avec la chanson "C'est ainsi que les choses arrivent" (Charles Aznavour / Michel Colombier) ; paroles de Charles Aznavour : "Chacun de nous est seul / Sur l’autre rive / Du fleuve trouble des passions / Pour voir partir à la dérive / Ses illusions / Adieu ce qui fut nous / Vive que vive / Le destin a tiré un trait / C’est ainsi que les choses arrivent / Arrivent / Voici venir le temps des regrets / C’est ainsi que les choses arrivent / Quand tout nous glisse entre les doigts / Que tout se meurt / Seules quelques questions survivent / A qui la faute, à toi ou moi ? / D’où vient le mal / D’où vient l’erreur ? / Mon cœur vivra sans toi / Des aubes ternes / L’amour a déchiré l’amour / Et mit tous mes espoirs en berne / Pour de longs jours / Et tu n’es plus qu’un point / Que mes yeux suivent / Et va se perdre peu à peu / C’est ainsi que les choses arrivent / Arrivent / Sans une larme et sans un adieu" ; la bande originale du film de Michel Colombier sortit chez Barclay avec le 45 tours 61.692 : en Face 1 figure "C'est ainsi que les choses arrivent", en Face 2 figure "Un monsieur distingué" (pochette du 45 tours : http://www.encyclopedisque.fr/disque/20785.html) ; ces deux morceaux figurent sur le CD "Jean-Pierre Melville Le Cercle Noir" (Universal Music Jazz 530.857.4) sorti en juin 2008 ; sur ce CD figure également un medley instrumental: "Un casse".
- consultables sur le site de l'INA, en relation avec la sortie du film en salles le 25 octobre 1972 : sur le plateau de Midi Trente, Paul Giannoli interviewe Jean-Pierre Melville le 27 octobre 1972 & sur le plateau de Le Masque et la Plume, Jean-Pierre Melville est invité le 29 octobre 1972.
- pour comparer les différents DVD
http://www.dvdbeaver.com/film/DVDReviews21/un_flic_dvd_review.htm
- le DVD édité par Studio Canal Vidéo en mai 2005 comporte un documentaire sur le film avec Jean-François Delon (1er assistant réalisateur, frère d'Alain Delon) & Florence Moncorgé-Gabin (script-girl, fille de Jean Gabin) ; avec des extraits du Journal Télévisé de 20h du 6 mars 1972 et de l'émission Pour le Cinéma du 12 mars 1972 montrant des images du tournage.
- Critique de Tristan Renaud dans "Cinéma" de décembre 1972 (n°171, p.140) : "Un flic" / "La déception que l'on peut éprouver devant le dernier film de Melville, n'a pas, au bout du compte, de quoi surprendre. Elle était prévisible, inscrite déjà dans Le Cercle Rouge, et d'une manière plus générale dans la volonté maintenant délibérée de l'auteur de Bob le Flambeur (comme le temps des bons films passe) de nous raconter des histoires de plus en plus insignifiantes de gendarmes et de voleurs. Ce qui ne serait pas tellement grave si Jean-Pierre Melville ne voulait, à tout prix, nous proposer, à partir des flics et des truands qui ont l'air désormais de constituer l'essentiel d'une œuvre de moins en moins recommandable, des personnages de ce qui lui-même doit considérer comme des tragédies. Ce qui était vrai, hélas, pour le Doulos et le Samouraï, voire pour le Deuxième souffle ne l'est absolument plus quand cette dramatisation devient systématique, par référence à une "psychologie" de plus en plus illusoire, et quant le réalisateur cherche comme ici, à donner comme acquise (ce que je conteste absolument) une dimension disons simplement "humaine" à des êtres qui, sur l'écran, n'atteignent à l'existence qu'au niveau des intentions. Glissons sur l'insignifiance du scénario - un braquage à demi réussi dans une succursale de la BNP - sur des rebondissements inutiles qui ne seraient par rapport au récit - s'il existe - que de fastidieuses parenthèses (un train attaqué par hélicoptère pour une incertaine affaire de drogue, le tout réalisé avec des maquettes que ne convoiterait pas un enfant de huit ans) ; glissons enfin - ce qui me paraît le plus étonnant - sur une direction d'acteurs tout juste acceptable, pour en venir aux dernières séquences lorsque qu'Alain Delon, après avoir laissé se tirer une balle dans la tête au type qu'il venait d'arrêter, "suicide" le chef de la bande, au petit matin, place de l'Etoile. Cette fin risquait d'être belle : Melville sait la valeur que prend l'aube, dans une ville. Le geste de Delon pourrait avoir une certaine allure, qui délivrerait par la mort, de quinze ans de prison, un truand que, peut-être, il admire. Seulement voilà : non seulement Melville nous a déjà placé un certain nombre de fois ce coup du suicidé récalcitrant, mais en plus quand cette scène arrive en conclusion, pour en être la note haute, d'un film à ce point boiteux et si peu crédible (au-delà même des invraisemblances) on se demande ce qui a bien pu arriver à l'auteur de Deux hommes dans Manhattan ; on se rend compte alors, et il suffit, à l'inverse de le comparer à la mort de certain Samouraï, que ce geste signe non pas une tragédie mais une suite d'anecdotes. Dès lors l'insignifiance des personnages n'est plus à regretter. Regrettons pourtant que le talent de Melville, qui n'est plus ici que savoir-faire, se fourvoie aussi indolemment dans une histoire qui risque de ne plus intéresser personne. " Intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier ", disait Malraux, au terme de la préface qu'il consacrait à Sanctuaire dans une phrase qui eut trop de succès pour ne pas créer certaines confusions : il est trop facile, avec cet alibi, de voir dans toute histoire policière un peu ambitieuse, une tragédie. Mais n'est pas non plus Faulkner qui veut et souhaitons que Melville puisse nous donner autre chose que cette version, pas même inédite, de ce qui devrait s'intituler, sans plus, un flic est un flic."
- Critique de Gérard Legrand dans "Positif" de février 1973 (n°147, p.80) : "Un flic" / "Je n’ai rien a priori contre les transparences, contre les maquettes, contre un parti-pris de couleur (ici tout est bleuâtre). Je saisis aisément ce que chercha Melville: évacuer de l’écran tout réalisme au premier degré, et même au second pour imposer une fois de plus sa thématique sans «thèmes» (embryonnaire, mais c’est son droit): celle de l’amitié impossible, évoquée nostalgiquement à la fin du film par la voix d’Isabelle Aubret. L’échec lui incombe d’autant plus: impuissant à assumer la mise en scène pseudo-«pure» dont il rêve, il réussit de moins à moins à la remplacer par la «technique» (Le Deuxième Souffle pourrait bien avoir été à cet égard un dernier tournant mal pris), et se laisse aller à des facilités qui contredisent son propos. L’arbitraire des épisodes d’introduction donne rétrospectivement à Detective Story les apparences de la nécessité interne, et le scénario est tellement invertébré que Melville éprouve le besoin d’y ramasser comme béquille une «idée» du déjà pas fameux French Connection de Friedkin (le Père Noël servant d’indicateur). Non seulement nous retombons de Wyler à Robert Wise, mais (cf. scène où Richard Crenna sort de l’hôtel) Melville ne réussit même plus à effectuer, à l’imitation de celui-ci, un montage correct de plans prétendus «signifiants». L’étrangeté intéressante de quelques épisodes (le braquage initial, l’épisode où Catherine Deneuve fait une piqûre mortelle à un blessé, le plan où Delon referme une porte pour laisser à un homme le temps de se suicider) est ainsi noyée dans la solennité presque puérile de l’ensemble. On n’ose parler de «vide», car ce mot a encore quelque chose de «mallarméen», qui force le respect. Disons seulement que le film n’a l’ombre d’existence que par rapport à son héros. Hélas ! il faut avoir vu Delon «méditer» (avec un seul geste: un doigt sur la lèvre, l’autre sous le menton) ou l’entendre redire d’une voix caverneuse une phrase de Vidocq (déjà placée en épigraphe du film !) pour comprendre ce qu’un acteur, ailleurs fort estimable, peut devenir lorsqu’il n’est pas du tout dirigé. Les interminables regards qu’il échange avec Richard Crenna, par exemple, tournent tout à l’avantage de ce dernier, de même que seul Riccardo Cucciola réussit par application à prêter quelque vie à son personnage. L’ensemble tombe en morceaux dès qu’on s’avise de chercher ce qui relie les unes aux autres telles péripéties, par exemple l’enlèvement de la drogue dans un train par un homme descendu d’un hélicoptère, épisode de «serial» que Melville, par manque de confiance en lui-même, essaie de transformer en suspense à l’aide d’un figurant inutile. Il faut sans doute plus de réflexion et plus de modestie, même aux plus fiers, pour être des cinéastes du «comportement», ou pour pratiquer la poésie de l’insolite. La réinjection furtive de notations psychologiques ou «pittoresques» (tout ce qui concerne l’homosexualité) ne sert qu’à faire regretter davantage le naturel et la fantaisie de Bob le Flambeur. Il est temps que «l’officier de police» (ou faut-il dire le «commissaire» ?) Melville soit à son tour touché par la compression de personnel."
- Article de Philippe Gilbert dans "Ouest-France (Pays de la Loire)" du 19 août 2009 : "Melville braque Challans et Saint-Jean-de-Monts - Challans" / "Le premier quart d'heure du dernier film de Jean-Pierre Melville, Un flic (1972), est vendéen. Il s'agit du braquage, morceau de bravoure. Quand il vient tourner le braquage sur le front de mer montois, l'homme aux lunettes noires et au Stetson est inquiet, plus taciturne que jamais. À son grand désespoir, il fait beau en ce mois de décembre 1971. Celui qui sort du triomphe commercial du Cercle rouge et autres Armée des ombres ou Samouraï se résigne à faire venir les pompiers et à louer un réacteur et un gros souffleur pour reproduire une atmosphère grise et pleine de crachin. Le café Le Cardinal (désormais La Piscine) est maquillé en banque, attirant quelques dizaines de badauds. Le braquage est mené dans un silence suffocant par André Pousse, Riccardo Cucciola (il est Sacco dans Sacco et Vanzetti) et Richard Crenna, vedette américaine (La Canonnière du Yang-Tsé, aux côtés de Steve Mac Queen) (*). Mais il s'avérera meurtrier. Pousse est blessé. Les bandits parviennent à s'échapper jusqu'à la gare de Challans, où ils attendent une Micheline, avec des figurants joués par des acteurs amateurs des Amis du théâtre de Challans. On y voit notamment Pierre Croizé, Gérard Méchineau, Christian Rondeau, Émile Planchet... mais aussi Jean Drouin, le régisseur de Jean-Pierre Melville, qui avait une maison à Apremont et tiendra un bar place Briand à Challans. C'est d'ailleurs lui qui avait alors convaincu « l'homme au Stetson » de venir en Vendée, car il trouverait sans problème des hôtels hors saison pour accueillir toute l'équipe. La scène vendéenne dure au total 12 minutes. Le front de mer bétonné et aseptisé du remblai de Saint-Jean-de-Monts se révèle d'une beauté glaciale. Et la gare de Challans est dans son jus, elle n'a guère changé depuis... Revoir ce film (dans son intégralité) reste un plaisir (il existe en DVD). Le film eut un honnête succès commercial mais pas celui escompté à sa sortie. Celui qui s'était révélé avec Le Silence de la mer (1947) préannonçant certains procédés de la nouvelle vague, semble, là, un peu essoufflé. D'ailleurs Melville, le « Bresson du polar » disparaîtra un peu plus tard, le 2 août 1973, à l'âge de 56 ans. (*) Les autres vedettes du film, Alain Delon et Catherine Deneuve, ne jouent pas les scènes tournées en Vendée. Alain Delon, à contre-emploi à l'époque, est le flic."
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