Témoins (association)

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Témoins est une association chrétienne interconfessionnelle.

Un positionnement original

À travers son site, ses recherches, ses rencontres, Témoins est connu aujourd’hui pour sa culture chrétienne interconfessionnelle, un christianisme de conviction et d’ouverture, son engagement en faveur d’un renouvellement des pratiques d’église et du courant de l’Église émergente.

Témoins est une organisation modeste quant à ses ressources et ses effectifs immédiats, mais, de par son positionnement, sa culture et ses réseaux, il joue un rôle substantiel d’incitation et de stimulation pour un témoignage chrétien à la mesure de la mutation culturelle d’aujourd’hui.

Le produit d’une histoire

Au début des années 1970, deux groupes apparaissent en proximité géographique dans la banlieue parisienne : un groupe de jeunes lycéens chrétiens, un groupe de prière.

À Antony (92), au lycée Descartes, un jeune lycéen âgé de 16 ans fonde le Comité d’Action Chrétienne. Pascal Colin a découvert personnellement l’attrait du message évangélique et il rassemble quelques camarades autour de ce message pour le vivre et en témoigner. Ce groupe se développe d’une façon indépendante par rapport à l’Institution ecclésiale. Il grandit et s’inscrit dans la durée. Comme son titre l’indique, il intervient également dans les débats sociaux et politiques présents dans la vie lycéenne des années post-68. Assez vite, pendant les vacances d’été, il rencontre le renouveau charismatique.

De 1973 à 1980, le Comité d’Action Chrétienne étend son champ et prend ensuite la responsabilité de l’aumônerie œcuménique de la Résidence Universitaire d’Antony. Il assume une dimension interconfessionnelle.

Dans une localité voisine, Châtenay-Malabry, à partir d’un groupe d’amis ressentant un déphasage par rapport à la vie paroissiale, apparaît en 1974, un groupe de prière qui se positionne comme interconfessionnel. Animé par Jean et Françoise Lagarde, ce groupe grandit, prend l’appellation de « Sénevé » et se réunit chaque semaine pendant une dizaine d’années. Rassemblant des chrétiens de toutes origines, cependant en majorité catholiques, il entretient des relations fraternelles avec deux pasteurs : Samuel Guilhot (Eglise pentecôtiste de Clamart), Robert Witmer (Eglise mennonite de Châtenay). La relation avec ce dernier anticipe le projet du Centre Chrétien Interconfessionnel.

En 1985, le comité de rédaction du bulletin Témoins du Comité d’Action Chrétienne s’ouvre à quelques membres du Sénevé. Une dynamique commune aboutit, en 1986, à la création d’une nouvelle association : le Centre Chrétien Interconfessionnel. Dans un contexte intergénérationnel, les pratiques chrétiennes du CAC et du Sénevé s’harmonisent : lecture croyante de la Bible, prière, vie fraternelle, annonce de l’Evangile. Si le CAC garde par ailleurs sa spécificité et développe, durant la décennie suivante une activité sociale (Aide à l’emploi, accueil d’objecteurs de conscience), il épaule l’activité du CCI. Son bulletin Témoins, sous la direction d’Yves Desbordes, devient une publication commune et se transforme en magazine. Dans cette vision, le CCI prend le nom de Témoins comme appellation courante.

Ce mouvement rassemble des chrétiens en chemin dans différentes Églises (catholique, protestante, évangélique) ou à la marge. Il engendre une culture harmonisant les apports de différentes sensibilités (Christianisme social, registre charismatique, évangélique, présence au monde…), alliant ainsi conviction et ouverture, expression et réflexion, expérience personnelle et présence dans la société et la culture.

En 1989, la mission de Témoins-CCI est définie comme un « espace de communion fraternelle où l’unité peut se manifester dans un vécu commun ; un espace de convergence où les apports originaux de différents milieux peuvent trouver leur complémentarité ; un espace de liberté où la créativité peut se déployer et favoriser un renouvellement des modes d’expression ; un espace de recherche sociologique et théologique à partir d’un lieu propre à l’observation et à la comparaison ; un espace de communication permettant de faire connaître les initiatives et les recherches nouvelles ». Ce programme s’est, pour une bonne part, réalisé au cours des vingt années qui ont suivi la création du CCI.

Parmi beaucoup d’autres, voici quelques uns des acteurs de cette entreprise. Certains sont venus du CAC comme Pascal Colin, à la fois président du CAC et du CCI jusqu’au début des années 2000, Yves Desbordes, rédacteur en chef du magazine ; d’autres du Sénevé comme Odile et Jean Hassenforder, tout au long de la période, ont été très engagés dans l’animation de l’association et la production de textes. En 1998, à partir d’une compétence en sciences sociales, Jean Hassenforder suscite un groupe de recherche. La présidence du CCI, assurée au cours des dernières années par Richard Vandenbroucque, est, depuis janvier 2008, assumée par Marie-Thérèse Plaine.

La culture de Témoins

Au cours de cette histoire, la culture de Témoins a revêtu une configuration particulière. En effet, à partir de ses origines, Témoins a mis l’accent sur l’expression du vécu chrétien, recueillie à travers un réseau de correspondants. Ce travail d’écriture s’inscrit dans un mouvement de la culture, qui va dans le sens de la personnalisation par le développement de l’autonomie et de l’expression : il se traduit notamment par la rédaction d’histoires de vie. Cependant, face à une culture classique où la vie religieuse se manifeste encore selon un mode doctrinal, ou des pratiques codifiées, ce travail d’expression revêt un caractère innovant et sera vite appelé à se poursuivre sous des formes nouvelles. Un recueil de textes a été publié en 2000 sous le titre : « Itinéraires. Des chrétiens témoignent ». Par ailleurs, très tôt, dans son intérêt pour la dimension expérientielle, Témoins s’est engagé en faveur du courant chrétien qui développe la relation d’aide, en alliant foi et psychologie.

Cette attention à la dimension de l’expérience de foi, s’accompagne d’une présence chrétienne dans la société et la culture. Plus généralement, en s’appuyant sur une culture de sciences sociales, Témoins manifeste un vif intérêt pour la relation entre foi et culture, culture de masse et culture savante. Il a, par exemple, reçu en 2001 une délégation une association britannique pionnière dans ce champ : Damaris.

La culture de Témoins est ainsi constamment en mouvement. Très tôt, Témoins s’est engagé dans internet, en suscitant, dès décembre 2000, une rencontre des internautes chrétiens francophones.

Pendant des années, la culture de Témoins s’est exprimée dans un magazine. Lorsque la publication de celui-ci a pris fin, en 2003, un site internet, créé en 1998, a pris le relais en se développant et en portant notamment la production du groupe de recherche.

Recherche et engagement

En effet, le groupe de recherche de Témoins, créé en 1998, a développé un projet d’investigation mettant l’accent sur le changement culturel et sur le déphasage qui s’est opéré entre une transformation rapide de la culture globale et une évolution plus lente des micro-cultures religieuses, d’où découle une perte de pertinence des pratiques d’église. En regard, pour faire face aux dysfonctionnements, des innovations et des initiatives apparaissent et portent du fruit. Il est important de les analyser et de les faire connaître. Aussi, à partir d’une culture de sciences sociales, le groupe de recherche de Témoins, porteur de l’appellation : « chrétiens pour la recherche et l’innovation » a constitué un pôle de ressources (recherche et innovation) permettant d’éclairer ces phénomènes en explorant la littérature internationale. Ainsi, tout en ayant eu recours aux travaux des sociologues français des religions, il a également mis en valeur les livres de nombreux chercheurs étrangers et les a fait connaître en France (Stuart Murray, Michael Moynagh, Brian McLaren…). Les auteurs anglophones cités ici ont été invités à Paris dans plusieurs journées organisées par Evangile et Culture (Alliance Evangélique Française) et Témoins. Témoins a encouragé la traduction et la publication d’un livre de Michael Moynagh  : « l’Église autrement » (2003).

Parmi les formes actuelles de l’innovation, Témoins met aujourd’hui l’accent sur le courant de l’Eglise émergente qui œuvre pour permettre de nouvelles expressions de foi dans des cultures nouvelles de plus en plus étrangères au langage traditionnel des Églises. En termes théologiques, l’Eglise émergente se veut « incarnationnelle, missionnelle, engendrée par un Dieu de relation, plurielle, centrée sur le Christ ». Ces expériences sont particulièrement avancées en Grande-Bretagne. De par son caractère interconfessionnel, Témoins est à la fois autonome par rapport aux politiques institutionnelles, et, par l’intermédiaire de ses participants, relié à des milieux d’Église différents (catholique, protestant, évangélique). La journée du 20 octobre 2007, organisée par Témoins à Paris, sur le thème de « L’innovation dans les Eglises. Le courant de l’Église émergente » a permis de partager un désir commun d’apprendre à faire Église autrement. A travers de multiples rencontres, Témoins se propose de susciter la création de réseaux où des chrétiens, aux insertions et aux itinéraires divers, puissent collaborer pour un témoignage chrétien à la mesure de la mutation culturelle en cours.

Sources

Notes et références

Bibliographie

• Hassenforder (Jean). La genèse de Témoins, communauté chrétienne interconfessionnelle. 1973-1986. Monographie, 1996. 45p. (chez l’auteur) ;
• Varlet (Christophe). Esprit, es-tu là ? Histoire du Comité d’Action Chrétienne. 1975-2003. Comité d’Action Chrétienne, 2002. 240 p. ;
• Hassenforder (Jean). La dynamique de Témoins 1986-2003. Témoins, N° 141, mai-juin 2003, p. 4-14. (en ligne sur le site de Témoins) ;
• Itinéraires. Des chrétiens témoignent. Introd. par Jean et Odile Hassenforder. Empreinte Temps présent, 2000 ;
• Moynagh (Michael). L’Eglise autrement. Les voies du changement. Préf. Guy Aurenche, Stéphane Lauzet, Jean Hassenforder. Empreinte Temps présent, 2003 ;
• Hassenforder (Jean). Une perspective sur l’Eglise émergente : La Grande-Bretagne en mouvement. La France en attente. Perspectives missionnaires. N°51, 2006/1, p. 42-51 ;
• Innovations dans les Eglises. Le courant de l’Eglise émergente. Compte-rendu de la journée du 20 octobre 2007. (en ligne sur le site de Témoins).

Voir aussi

Articles connexes

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Lien externe

• Site de l'association

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