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Trois Royaumes de Chine
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Histoire de la ChineLes Trois Augustes et les Cinq Empereurs -2205 Dynastie Xia -1570 Dynastie Shang -1046 Dynastie Zhou -722 Printemps et Automnes -453 Royaumes combattants -221 Dynastie Qin -206 Dynastie Han occidentaux 9 Dynastie Xin 25 Dynastie Han orientaux 220 Trois Royaumes 265 Dynastie Jin et 304 Seize Royaumes 420 Dynasties du Nord
et du Sud581 Dynastie Sui 618 Dynastie Tang 690 Dynastie Zhou 907 Les Cinq Dynasties et les Dix Royaumes 960 Dynastie Song 907 Dynastie Liao 1032 Dynastie Xixia 1115 2e dynastie Jin 1234 Dynastie Yuan 1368 Dynastie Ming 1644 Dynastie Qing 1912 République de Chine 1949 République populaire République de Chine (Taïwan) Trois Royaumes (三國, pinyin : Sānguó) désigne une période de l’histoire chinoise commençant en 220 après la chute de la dynastie Han (漢) et se terminant avec l’établissement de la dynastie Jin en 265. Durant cette période, les trois royaumes de Shu (蜀), Wei (魏) et Wu (吳) s'affrontèrent pour la domination de la Chine.
L'histoire des Trois Royaumes s'est écrite au fil des principaux textes suivants : Le Roman des Trois Royaumes (Sanguo Yanyi) a été écrit au XIVe siècle par Luo Guanzhong sur la base de notes rédigées au IIIe siècle par Chen Shou et complétées abondamment par Pei Shongzhi au Ve siècle – notes qui ont pris le titre de Sanguo Zhi, Chroniques des Trois Royaumes.
Ce roman et ces chroniques décrivent un épisode de l’histoire de la Chine qui va de la décomposition de la dynastie Han à la fin du IIe siècle, jusqu’à la reformation de l’unité nationale sous l’égide des Jin vers 265, en passant par ce nouveau découpage des territoires en trois royaumes qui a donné leur titre à ces œuvres. Les textes couvrent une période qui s’étend de 184 à 280, la fin de la dynastie Han étant officiellement datée de 220, et la fondation officielle de la dynastie Jin, de 265.
Ces textes font commencer l’histoire avant la chute officielle de l’empire parce qu’ils ont l’ambition de nous en décrire les causes – ce qui sera indispensable à l’intelligence des événements ultérieurs. Et ils se poursuivent au-delà de la fondation de la dynastie Jin, parce qu’ils nous décrivent les péripéties politiques et militaires des trois royaumes jusqu’à ce que les dernières poches de résistance au nouveau pouvoir aient été totalement vaincues.
Dans les dernières décennies de la dynastie Han, les eunuques et quelques riches familles usurpent le pouvoir impérial. Le désordre politique engendre inflation, surtaxes, abus de pouvoir, famines, sans parler des catastrophes naturelles qui poussent finalement le peuple à la révolte en 184, sous la férule des Turbans Jaunes et de leur maître Zhang Jiao.
Lorsque l’ambition des eunuques sera brisée, Dong Zhuo usurpera à son tour le pouvoir avant d’être finalement assassiné par son fils adoptif, le redoutable Lü Bu.
Un général du nord, fils adoptif d’un eunuque, nommé Cao Cao, saura profiter de ces troubles pour faire une carrière militaire fulgurante. Après une tentative d’assassinat manquée contre Dong Zhuo, il devra prendre la fuite, mais reformera des troupes et éliminera bientôt Lü Bu avant de devenir, à la place de l’empereur, le véritable dirigeant en terres du nord : il dictera, brillamment d’ailleurs, la politique du royaume de Wei.
Avant ce qu’on appellera la période des Trois Royaumes proprement dite, l’empire est entré dans une phase de décomposition avancée et s’est fragmenté en de nombreux territoires rivaux : Cao Cao en contrôlera un au centre nord, Yuan Shao, un autre en Chine septentrionale ; Liu Biao est installé au centre, Sun Jian au sud-est ; Liu Zhang et Zhang Lu à l’ouest. Les différents potentats locaux qui se partagent le pays vont alors tantôt s’allier et tantôt s’affronter jusqu’à ce qu’il ne reste plus que trois sphères d’influence relativement stables, aux lendemains de la Bataille de la Falaise Rouge (Chibi zhi zhan), en 208.
Ces trois royaumes sont : au nord, le royaume de Wei, dirigé par Cao Cao ; au sud-est, le royaume de Wu, sous la direction de Sun Quan ; au sud-ouest, le dernier royaume formé est le royaume de Shu de Liu Bei et de son stratège Zhuge Liang.
Ces trois royaumes ont un point commun qui explique leur puissance et leur déclin rapide : ils reposent tous sur la personnalité charismatique de leur fondateur. Ils seront donc tous très affaiblis à leur mort, par le manque de charisme de leur successeur et disparaîtront rapidement au profit d’une famille montante qui a su se hausser aux premières places de l’état grâce à la politique du mérite mise en place, au nord, par Cao Cao : les Sima qui réussirent habilement à écarter du pouvoir les héritiers naturels de Cao Cao.
Sommaire
L'ascension de Cao Cao
L’oncle impérial Liu Bei fut un temps au service de Cao Cao, dans la région des plaines centrales (province de Henan), qui avait pris l'Empereur sous son aile. Cao Cao mena de nombreuses batailles, notamment contre Lu Bu, qu'il avait pourchassé de la province de Yan puis, après qu'il se fut réfugié à Xiapi (下邳), de la province de Xu. Liu Bei ne souhaitant que le rétablissement de la dynastie Han, ne tarda pas à aller se réfugier chez son cousin éloigné Liu Biao (qui pendant ce temps avait su résister aux assauts de Sun Jian en le terrassant dans une embuscade). Cao Cao ne tarde pas à gêner Yuan Shao (袁紹), qui occupe la majeure partie des plaines centrales et accumulait de plus en plus de pouvoir. Une longue guerre d’usure s'en est suivi, guerre contestée par les stratèges de Yuan Shao, qui ne tint pas compte de leurs avis. En dépit de leur désavantage numérique, les forces de Cao Cao remportent la bataille de Guandu (官渡), grâce aux stratégies ingénieuses de Guo Jia, telles la destruction du dépôt de ravitaillement de l’armée de Yuan à Wuchao, et grâce à la désorganisation des forces adverses. Avant de mourir de frustration, Yuan Shao demanda à son fils cadet d’être son successeur. Le fils aîné revendiqua les pouvoirs, et deux camps furent ainsi formés. Cao Cao sut profiter astucieusement de la situation en laissant les frères guerroyer et s’entretuer. Bientôt, il ne resta plus aucun descendant de Yuan Shao qui souhaitait voir la guerre continuer. Cao Cao avait ainsi gagné : il occupait toutes les plaines centrales et était à la tête de l’un des plus puissants royaumes, sinon le plus puissant.
Liu Bei, pendant ce temps, avait gagné la confiance de Liu Biao. Ce dernier lui demande s’il lui faudrait céder sa succession à son fils cadet, vertueux, ou à son fils aîné à qui le royaume revenait de droit. Liu Bei, s’appuyant sur l’exemple de la famille Yuan, incita son cousin à choisir son fils aîné afin d’éviter les conflits, lorsque le moment serait venu. Cependant, Cai Mao (蔡瑁), oncle du fils cadet, se fixa pour but de poursuivre et tuer Liu Bei. Après plusieurs aventures, Liu Bei rencontra des stratèges qui le conseillèrent et il ne tarda pas à s’installer à l’ouest du Royaume de Liu Biao avec ses fidèles.
Le fils de Sun Jian (孫堅), Sun Ce parvient avec le stratège Zhou Yu à reconquérir toutes les terres dont s’étaient emparé les brigands au sud-est du Yangzi. Il permet ainsi au royaume du Wu de s’imposer et gagne le surnom de Petit Conquérant.
Cao Cao devenant menaçant, Liu Bao préfère négocier sa reddition malgré les protestations de certains fidèles de l’empereur Han. Le royaume est ainsi envahi, mais Liu Bei refuse de se rendre, et s’enfuit encore plus à l’ouest. Il obtient, par la suite, les services du stratège légendaire, Zhuge Liang, qui fut pour beaucoup dans la subsistance du royaume. Cao Cao poursuit dans son élan en tentant d'envahir le Wu, mené par le frère de Sun Ce, Sun Quan (孫權), qui n’avait pour seule défense que le fleuve Long. L’armée de Cao Cao n’avait en effet pas l’expérience des combats navals.
Oscillant entre bataille et reddition, Sun Quan demande conseil à Zhou Yu. Zhou Yu est manipulé par Zhuge Liang, qui, pressentant que la chute du Wu signifierait la mort du royaume de Liu Bei, parvient à le convaincre de résister (en lui faisant croire que Cao Cao souhaitait s’emparer de la femme du défunt Sun Ce, Da Qiao (大喬), et de celle de Zhou Yu, Xiao Qiao (小喬), pour les enfermer dans sa « Tour d’Ivoire »).
La bataille de la Falaise rouge (208 ap. JC)
Pour unifier la Chine, Cao Cao, Premier ministre des Han, menait des guerres incessantes - et souvent victorieuses - contre ses rivaux. Au cours des années 207 et 208, tout en surveillant les dispositifs militaires du Sud, il attaque Liu Bei. De défaite en défaite, celui-ci est contraint de battre en retraite, et il se réfugie avec son armée à Xiakou (夏口). Zhuge Liang, conseiller de Liu Bei, parvient à convaincre Zhou Yu, général suprême du Sud, de s’allier avec eux pour mieux résister à Cao Cao. Sun Quan donne son accord à cette alliance. Les stratèges du Sud et de Liu Bei usent de stratégies admirables pour contrer les forces de Cao Cao.
Le général Zhou Yu parvient à faire exécuter Cai Mao par Cao Cao, qui le prend pour un traître. Ainsi, le dirigeant du Nord s’était défait d'un de ses généraux les plus compétents pour les combats navals. Le second génie militaire de l’ère des Trois Royaumes, Pang Tong (龐統), servant de Liu Bei, convainc Cao Cao d’enchaîner ses bateaux afin qu'ils soient plus stables.
Ces ruses allaient provoquer sa défaite à la bataille de Chi Bi (赤壁), la célèbre « bataille de la Falaise rouge », bataille décisive des guerres des Trois Royaumes, qui opposa, au cours de l’hiver 208, les armées alliées de Sun Quan et Liu Bei, sous le commandement de Zhou Yu, à celles, bien supérieures en nombre, de Cao Cao.
Sun Quan, envoie 30 000 soldats se joindre aux troupes de Liu Bei pour brûler les bateaux de Cao Cao, comme le lui avait suggéré le général suprême. Huang Gai (黃蓋), vaillant guerrier du Sud, fait croire à l'ennemi qu’il souhaitait se rendre. Zhuge Liang invoque les vents du Sud-Est, et lorsque l’unité de Huang Gai met le feu aux navires du Nord par surprise, l’incendie se propage à toute la flotte de Cao Cao, les navires étant attachés et le vent alimentant les flammes. Les troupes alliées de Liu Bei et Sun Quan avaient enfin vaincu Cao Cao, malgré la faiblesse de leurs moyens. Voyant que le feu ardent des bateaux de Cao Cao avait fait rougir la falaise, on l’appela Chi bi (Falaise rouge). Durant cette bataille, les troupes de Zhou Yu, dont la stratégie audacieuse avait permis de remporter la victoire, tuent plusieurs milliers de soldats de l’armée de Cao Cao. La bataille de la Falaise rouge fut la plus écrasante défaite de Cao Cao, qui fut stoppé dans son élan de conquête.
La bataille de la Falaise rouge est un exemple réussi de retournement stratégique majeur : comment l’emporter sur un adversaire plus fort, c’est-à-dire dans un rapport de force disproportionné ? Car la bataille de la Falaise rouge raconte comment les armées de Wu, soient 50 à 60 000 hommes environ, ont pu venir à bout d'une armée estimée entre 200 et 500 000 hommes, soit plusieurs fois plus nombreuse.
Plus étonnant encore, les grands vainqueurs de cette bataille de la Falaise rouge sont ceux qui y ont pris militairement le moins de risque : Liu Bei et Zhu Ge Liang. La stratégie parfaitement réussie de Zhu Ge Liang consiste comme dit un proverbe chinois « à tuer avec un couteau emprunté », jie dao sha ren, c’est-à-dire à agir et à faire porter le risque d’une entreprise par un autre. L’une des conséquences majeures de cette bataille, la plus surprenante, ce n’est pas qu’elle ait consolidé le royaume de Wu, mais c’est qu’en stoppant l’expansion de Cao Cao, elle ait immédiatement rendu possible l’installation de Liu Bei dans le sud-ouest de la Chine (actuel Sichuan, capitale : Chengdu) pour y fonder en toute sécurité, dans la décennie qui suit, le royaume de Shu. Les historiens considèrent que 12 ans plus tard, soit en 220 ap. J.-C., commence la période des Trois Royaumes proprement dite.
Les Trois Royaumes
Liu Bei et Sun Quan se disputent la province de Jing (荊州), précédemment occupée par le Wei, et leur alliance se brise plus ou moins. Sun Quan tente de nombreuses fois de tromper Liu Bei et de le tuer, mais en vain. Zhuge Liang avait estimé que pour obtenir un équilibre, il fallait que ne subsistent que trois royaumes en Chine. Aussi incite-t-il Liu Bei à envahir le royaume de son autre cousin, Liu Zhang (劉璋). La nature indécise de Liu Zhang, régnant sur l’imposant royaume du Shu, l’avait fait manquer de nombreuses occasions d’unifier la Chine. Le royaume pouvait, en effet, rivaliser avec le Wei, mais son chef, peu charismatique et prudent, n’avait entrepris aucune opération militaire. Au terme de quelques escarmouches entre lui et Liu Bei, il préféra lui céder ses pouvoirs pour éviter un bain de sang. Cao Cao, pendant ce temps, avait obtenu la reddition du prophète Zhang Lu et de quelques autres royaumes mineurs. Ne restaient effectivement que trois royaumes.
La fin des Trois Royaumes
À la mort de Zhuge Liang, le royaume du Shu ne dispose d’aucun stratège compétitif, hormis son disciple Jiang Wei (姜維), qui ne parvient pas à envahir le Wei contre lequel il luttait. Le royaume du Wu ne trouve aucun successeur convenable à Sun Quan : tous se révélaient être des tyrans sans vertu. La dynastie Cao du Wei fut destituée par les Sima (司馬), anciennement stratèges de Cao Cao et de ses fils.
L’armée des Wei, au terme d'une longue marche, prend la capitale du Shu, Chengdu (成都), qui se rend aux environs de l'an 265.
La période des Trois Royaumes prend fin en 265, avec la fondation de la dynastie Jin (晉朝) par Sima Yan (司馬炎).
Les Wu, qui n’avaient que peu de chance de résister aux Jin, furent conquis en 280.
Ces événements sont relatés dans les Chroniques des Trois Royaumes, texte historique sur la période, et narrés dans le roman Histoire des Trois Royaumes, écrit à partir de ce dernier au XIVe siècle et qui a connu de nombreuses adaptations.
Voir aussi
Articles connexes
- Chroniques des Trois Royaumes
- Dynastie Han
- Histoire de la Chine
- Histoire des Trois Royaumes
- Chine
- Dynasty Warriors (jeux sur l'histoire des trois royaumes)
Liens externes
- (en) Les Trois Royaumes et le Jin occidental par Rafe de Crespigny, sur le site de l’ANU.
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