- Tragedie des biens communs
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Tragédie des biens communs
La tragédie des biens communs, ou tragédie des communaux, est une classe de phénomène économique décrivant une compétition pour l'accès à une ressource limitée, menant à un conflit entre intérêt individuel et bien commun. L'expression a été popularisée par un article de Garrett Hardin paru dans Science en 1968, intitulé The Tragedy of the Commons. Le principe opposé est appelé, par analogie, la tragédie des anticommuns.
Définition
Le texte original décrit comment l'accès libre à une ressource limitée pour laquelle la demande est forte mène inévitablement à la surexploitation de cette ressource et finalement à sa disparition. Chaque individu ayant un intérêt personnel à utiliser la ressource commune de façon à maximiser son usage individuel, tout en distribuant entre chaque utilisateur les coûts d'exploitation, est la cause du problème.
L'exemple typique utilisé pour illustrer ce phénomène est celui d'un champ de fourrage commun à tout un village, dans lequel chaque éleveur vient faire paître son propre troupeau. Hardin décrit l'utilité que chaque éleveur a à ajouter un animal de plus à son troupeau dans le champ commun comme étant la valeur de l'animal, tandis que les coûts encourus par ce même éleveur est seulement celui de l'animal divisé par le nombre d'éleveurs ayant accès au champ. En clair, l'intérêt de s'accaparer le plus de ressources communes possible dépasse toujours le prix à payer pour l'utilisation de ces ressources. Rapidement, chaque éleveur emmène autant d'animaux que possible paître dans le champ commun pour empêcher, autant que faire se peut, les autres éleveurs de prendre un avantage sur lui en utilisant les ressources communes, et le champ devient vite une mare de boue où plus rien ne pousse.
Hardin estimait que cette métaphore infirmait la conclusion d'Adam Smith selon laquelle la poursuite de l'intérêt individuel dans un marché libre rejoint l'intérêt commun. En fait la théorie de Smith, améliorée et complétée par, entre autres, les économistes du laissez-faire, était basée sur une hypothèse de départ de propriété privée, plutôt que commune, des moyens de production : un propriétaire unique d'une ressource n'ayant pas à faire face à un conflit d'intérêts individuels divergents pour y accéder, il a un intérêt personnel à conserver l'usage de cette ressource et donc à ne pas l'épuiser. La Tragédie des biens communs ne peut donc s'appliquer, dans un marché libre, qu'aux ressources ne pouvant être appropriées par personne : l'atmosphère, la biodiversité et l'océan sont des exemples.
Solutions
Trouver une solution à la tragédie des biens communs fait partie des problèmes récurrents de la philosophie politique et de l'économie politique. Beaucoup des solutions de conservation de la ressource commune impliquent la mise en place de mesures de restrictions d'accès par une agence extérieure ou une autorité sélectionnée par les utilisateurs de la ressource. Une solution différente est de convertir la ressource commune en propriété privée pour inciter le(s) propriétaire(s) à une gestion rationnelle de cette ressource. Historiquement, cette dernière solution a été appliquée du XIIe au XIXe siècle en Angleterre aux terres communes. C'est la solution qui est préconisée par les libéraux en suivant le principe lockéen de l'appropriation initiale par le travail : le premier qui transforme une ressource non-appropriée par son travail devient le propriétaire légitime de cette ressource.
Les indiens Salish géraient leurs ressources naturelles à l'aide d'un système localisé où chaque famille avait la responsabilité d'un lieu et des ressources qui s'y trouvaient. L'accès à la nourriture était la principale source de richesse, et la capacité à être généreux avait une valeur morale élevée, ce qui donnait un intérêt à la conservation des ressources.
Une autre solution économique au problème est celle du Théorème de Coase où les individus qui font usage des biens communs se paient les uns les autres de manière à ne pas surexploiter la ressource.
Dans l'essai original de Hardin, celui-ci propose que les utilisateurs de la ressource commune, et par extension, du problème de la surpopulation, choisissent une solution mutuellement coercitive approuvée unanimement, dans le cas de la surpopulation ce serait de renoncer collectivement au droit de procréer. Dans Managing the Commons paru en 1979 Hardin et John A. Baden discutent de cette solution. Un seul pays a appliqué dans une certaine mesure cette préconisation : la République populaire de Chine avec la politique de l'enfant unique. Dans son article original, Hardin rejetait l'éducation comme moyen de réduire la croissance démographique, mais depuis il est apparu que l'augmentation des opportunités économiques et éducatives pour les femmes entraîne une réduction du taux de natalité. Ainsi, plusieurs pays développés (par exemple le Japon) cherchent à l'heure actuelle à augmenter le taux de natalité après que celui-ci a trop diminué.
Voir aussi
- Garrett Hardin
- Théorie des jeux
- Problème de partage du gâteau
- Économie politique
- Biologie de l'évolution
- Passager clandestin
- Prise au tas
- Ronald Coase et son article de 1974, The lighthouse in economics
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