- Titres de courtoisie
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Titre de courtoisie
Historiquement, les titres de courtoisie étaient ceux pris par les personnes admises aux honneurs de la cour.
Cette expression désigne depuis, un titre qui n'a pas d'existence juridique mais dont le port est toléré y compris chez des descendants de personnes non admises aux honneurs de la cour, en particulier quand il s'agit de déclinaison de titres.
Les détenteurs de plusieurs titres
Quand une personne porte plusieurs titres, il était d'usage de permettre aux fils, héritiers présomptifs, de porter par avance un des titres qui leur écherraient : par exemple, le fils aîné du duc de la Rochefoucauld porte le second titre de son père, c’est-à-dire duc de Liancourt. Et celui du duc de Liancourt porte celui de prince de Marcillac (titre irrégulier dont se paraient les ducs en raison de leur possession de la seigneurie de ce nom).
Les détenteurs d'un seul titre (déclinaison des titres)
Quand il n'y a qu'un titre dans la famille, le fils aîné porte le titre venant directement ensuite dans la hiérarchie nobiliaire[1]. Par exemple, le fils aîné du duc de Brissac est appelé le marquis de Brissac. Ce procédé, appelé la déclinaison des titres, qui ne devait s'appliquer sous la Restauration qu'aux fils des pairs de France, s'est largement étendu jusqu'à totalement se généraliser aujourd'hui à l'ensemble des familles françaises portant des titres, même irréguliers.
Titres réguliers éteints puis repris par la même famille
En France, la plupart des titres de noblesse héréditaires se transmettent légalement de père en fils, en même temps que le domaine titré, par ordre de primogéniture. Cependant, c'est celui des fils qui héritait effectivement de la terre titrée, qui pouvait en porter le titre.
En cas de reprise d'un domaine titré par une branche collatérale, il était indispensable que la terre soit à nouveau érigée en fief héréditaire de ce titre en faveur de la nouvelle branche qui la possèdait. À défaut, elle ne pouvait pas s'intituler comte ou duc de X, mais seigneur du comté ou du duché de X.
Par exemple, les actuels duc de Castries et duc de Montesquiou-Fezensac ont repris le prestigieux titre de duc qui fut porté jadis par une branche éteinte de leur famille dont ils ne descendent pourtant pas.
Par ailleurs, sous l'Ancien Régime, la perte d'un domaine titré emportait la perte du droit de porter le titre de ce domaine.
Tous les membres masculins d'une même famille
Pour les enfants puînés et les branches cadettes, l'usage de porter le titre familial suivi du prénom est très largement utilisé [2]. Par exemple, les cousins du duc d'Harcourt sont appelés comte N... d'Harcourt.
Lorsque la famille porte un titre de duc ou de marquis, c'est en général le titre de comte qui est porté par les enfants puînés et les branches cadettes[3].
Souverains déchus et prétendants aux trônes
Sont également assimilables à des titres de courtoisie ceux pris par les monarques détrônés et par les prétendants au trône, parfois dits « titres d'attente », ou accordés par eux à des membres de leur famille, voire à des tiers (ceux-ci sont même alors considérés, en droit, comme de toute fausseté). Exemples : « duc d'Anjou » pour Louis de Bourbon (1974-), « comte de Paris » et « duc de France » pour Henri d'Orléans (1933-) et « prince Napoléon » pour Jean-Christophe Napoléon — ces deux derniers prétendants dont les familles, la maison d'Orléans et la maison impériale, furent seules visées au titre des « familles ayant régné sur la France » par la loi dite loi d'exil. En effet, lesdits titres et la qualification de prince, de même que les prédicats d'Altesse royale ou impériale, ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'un arrêté portant vérification de titre du garde des Sceaux. Il en est encore ainsi du titre de « prince Murat » porté par les descendants du maréchal et du prédicat d'Altesse dont use leur aîné — la maison Murat a néanmoins été admise à l'ANF.
Titres irréguliers
De nombreuses familles nobles portent depuis l'Ancien Régime des titres de courtoisie, dont les autorités et les souverains ont parfois fait usage à leur égard, mais qui n'ont jamais fait l'objet d'un acte officiel de délivrance. L'usage de ces titres est donc contestable et ne peut faire bien sûr l'objet d'une inscription à l'état-civil par exemple.
Enfin, on appelle aussi titres de courtoisie des titres repris hors des conditions normales de transmission par des personnes d'ascendance noble, sans que le pouvoir central n'en ait accordé la réversion. Exemple : duc de Dalmatie, titre aujourd'hui porté par une personne apparentée au premier duc, le maréchal Soult, dont la famille (Reille) a relevé le nom, mais qui n'en descend que par les femmes.
Noblesse anglaise
Au Royaume-Uni, le système est toutefois assez différent dans la mesure où la pairie ne se transmet pas systématiquement, et le titre n'étant porté strictement que par le chef de famille; ses enfants, dans le cas des pairs, ont cependant droit à des titres honorifiques. Des nuances liées au titre du pair, au rang de l'enfant, au statut de l'épouse (remariage, par exemple) foisonnent. Le fils aîné d'un duc, d'un marquis ou d'un comte porte un des titres de son père, habituellement le plus élevé (marquis pour duc, comte pour marquis etc). Si le père n'a pas d'autre titre, un titre inventé est porté par le fils dans quelques rares cas (ce n'est en aucun cas une généralité). Les filles d'un duc, d'un marquis ou d'un comte portent devant leur prénom le titre de lady. Les fils cadets d'un duc ou d'un marquis portent devant leur prénom le titre de lord. Les fils cadets d'un comte, d'un vicomte ou d'un baron et les filles d'un vicomte ou d'un baron portent devant leur prénom le titre de Honorable.
Exemple : le duc d'Abercorn est aussi marquis d'Abercorn, marquis de Hamilton, comte d'Abercorn, vicomte Strabane, vicomte Hamilton, baron Paisley et baron Mountcastle. Son fils aîné est marquis de Hamilton, ses fils cadets Lord X. Hamilton, ses filles Lady X. Hamilton. Le fils aîné du marquis de Hamilton est vicomte Strabane, ses fils et ses filles Honorable X. Hamilton. Les titres de marquis et de comte d'Abercorn et de vicomte Hamilton ne sont pas utilisés pour ne créer de confusions avec les autres porteurs de ces noms.
Le fils aîné d'un lord dans la pairie d'Écosse porte le titre de master devant le nom du titre de leur père. Exemple : le fils aîné de lord Lovat est le master of Lovat.
Titres diplomatiques et autres
De nos jours, bien que la notion de noblesse ait disparu du contexte politique français, les titres de noblesse subsistent et par voie de conséquence, les titres de courtoisie. Les titres en vigueur à la fin du Second Empire ont survécu aux Républiques et des investitures de succession continuent d'être arrêtées.
L'expression est également utilisée, de manière plus prosaïque, pour désigner le mode d'adresse au conjoint d'une personne titulaire d'une charge : l'épouse d'un président ou d'un ambassadeur auront droit au titre de courtoisie de madame la présidente ou de madame l'ambassadrice.
Les termes de maître pour désigner un artiste émérite ou de maestro pour désigner un chef d'orchestre ou un chanteur classique renommé sont considérés comme titres de courtoisie.
Voir aussi
Lien interne
- Voir l'article sur les Titres de noblesse
Références
- ↑ Bottin mondain. 2008. Notices Harcourt, Brissac, Gramont, Lambilly, La Messelière (familles membres de l'ANF) par exemple.
- ↑ Bottin mondain. 2008. Notices Maupeou, Geyer d'Orth, Gouvion Saint Cyr (familles membres de l'ANF) par exemple.
- ↑ Bottin mondain. 2008. Notices Harcourt, Rasilly, Broissia (familles membres de l'ANF) par exemple.
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